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Éditorial (3 mai 2007)
 

 

Quel avenir pour

les personnes âgées?

 

La presse, la publicité, les assurances pension, les groupes immobiliers, les actions boursières l’attestent: le marché de la vieillesse est en plein boum. Il est même très lucratif. En même temps le nombre de pauvres parmi les personnes âgées est le plus élevé, plus de 22%!

Les inégalités au grand âge vont donc en croissant. Pour assurer à chaque personne âgée, malade ou en bonne santé, une retraite de qualité, il faut une politique globale volontariste et cohérente.

 

Les prévisions démographiques sont précises: la population belge vieillit, le nombre de personnes âgées (plus de 65 ans) croît lentement mais sûrement: 1,8 millions en 2010, 2,6 millions en 2030. Les besoins en soins chroniques, soins à domicile, en maison de repos, en gériatrie, en revalidation, en soins palliatifs vont croître parallèlement. L’augmentation de ces besoins en soins professionnels sera encore multipliée si la disponibilité des réseaux de soins informels, parents, amis, voisins, … venait à diminuer. Répondre adéquatement à cette lente mais certaine évolution démographique et aux besoins en soins chroniques nécessite une politique de santé globale et cohérente. C’est maintenant que l’avenir se prépare.

 

Privatiser ou socialiser

les soins aux personnes âgées?

La demande de soins pour personnes âgées va certainement augmenter. Rien que dans le secteur des maisons de repos, on estime qu’il faudra 195.000 places d’ici 2030 (soit 70.000 de plus qu’aujourd’hui), sans compter les soins à domicile.

Cette nouvelle demande peut être considérée, selon le point de vue, comme un nouveau marché à investir, offrant des perspectives intéressantes de profit, ou comme un enjeu de santé publique, exigeant de réussir à adapter notre système de soins et notre société à l’émergence de ces nouveaux besoins.

Sans revalorisation des pensions légales et sans assurance dépendance,

les inégalités

vont encore s’accroître.

Les moyens financiers nécessaires pour rénover, agrandir et construire des maisons de repos ou des résidences service sont énormes et de grands groupes financiers investissent le secteur. Des institutions sans but lucratif sont rachetées et transformées en “affaire” rentable. Des chaînes de résidence service sont créées. Mais à qui s’adresse l’initiative privée commerciale? Qui peut accéder à ces résidences “full service”? Faut-il laisser le secteur des maisons de repos au secteur privé à but lucratif avec, comme résultat, des inégalités encore plus aigues en termes de qualité de vie?

Les pouvoirs publics, fédéral et régionaux, pourraient aussi prendre l’initiative de créer un grand fonds d’investissement social réservé aux institutions sans but lucratif, transparentes dans leur facturation et accessibles aux personnes âgées n’ayant qu’une pension modeste. Pourquoi ne pas réserver une partie du fonds de réserve de vieillissement constitué au sein de l’assurance maladie pour alimenter ce fonds d’investissement social?

Sans initiative publique d’envergure, la marchandisation envahira le secteur des soins aux personnes âgées. Les services et les soins seront encore plus discriminatoires selon les classes sociales. Garantir une offre suffisante en soins résidentiels de qualité à des prix transparents et accessibles est un choix politique essentiel.

 

Un revenu décent pour

les personnes âgées dépendantes

La Mutualité chrétienne a montré que les coûts des soins et services à charge des malades chroniques, des personnes âgées dépendantes soignées à domicile seront très élevés: médicaments non remboursés, matériel d’incontinence, garde-malade, transports,… jusqu’à 3.000 euros par mois ! Le coût des maisons de repos augmente aussi plus rapidement que la pension moyenne.

Une pension légale décente liée automatiquement à l’indice du bien-être (liaison à l’évolution des salaires), une indemnité forfaitaire modulée selon le niveau de dépendance donneront à chacun de nous la perspective de pouvoir vivre une vie de qualité à chaque âge.

Sans revalorisation des pensions légales et sans assurance dépendance, les inégalités vont encore s’accroître. Les pensionnés (minoritaires) bénéficiant d’une assurance groupe et/ou d’une importante épargne privée (encouragée fiscalement) pourront se payer les services et soins nécessaires. Pour les autres, ce sera la règle de la débrouillardise.

 

Soutenir les réseaux

de proximité, les soins informels

La majorité des personnes âgées souhaite vivre le plus longtemps possible à domicile. En cas de maladie ou de handicap, les soins et services informels prestés par les aidants naturels (parents, amis, voisins, …) sont essentiels pour le maintien à domicile. Sans eux, leur présence et leur aide, le maintien à domicile est tout simplement impossible.

Le soutien de ces réseaux essentiels est donc un enjeu fondamental. Il faut les reconnaître et les soutenir à la fois sur le plan financier, organisationnel et psychologique. L’offre des interventions et des aides doit être variée car chaque cas est différent et les circonstances évoluent. Citons parmi les services: la télévigilance, les services de court séjour, les centres de jour, l’adaptation du domicile, les transports, … Il faudra aussi travailler sur l’urbanisme et les logements afin de permettre une plus grande convivialité et favoriser la diversité intergénérationnelle.

 

Le vieillissement de la population est une réalité de notre civilisation. Elle modifie de manière fondamentale les besoins en soins. Développer une offre sociale de soins chroniques accessible à tous, assurer aux personnes âgées en bonne santé et malades un revenu décent, soutenir les réseaux de soins informels sont autant de mesures prioritaires qui nécessitent l’adoption d’une politique globale cohérente et d’envergure impliquant des choix de société et une concertation étroite entre le fédéral et les régions. Une priorité pour le prochain gouvernement!

Jean Hermesse

Secrétaire Général

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