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De l’argent, mais pour quoi faire? Si tous les partis francophones ont plaidé dans leur programme électoral pour le maintien de cette norme de croissance, la deuxième étape sera tout aussi essentielle: quelle politique des soins de santé mettre en œuvre? On constate que, malgré divers dispositifs mis en place pour corriger les différences sociales et pour permettre aux plus fragilisés d’accéder aux soins de santé, de plus en plus de personnes, de familles reportent des soins (dentaires, consultations, …) car elles ne peuvent faire face à toutes les dépenses nécessaires au ménage. Il ne faudrait pas croire qu’on peut résumer ces difficultés aux plus démunis. De plus en plus de dépenses sont difficiles à consentir même dans les ménages à deux revenus. Les classes dites moyennes sont aujourd’hui tout autant touchées par le phénomène. On peut d’ailleurs se poser la question de savoir si la diminution de la consommation de soins de santé n’est pas en partie liée au report de soins auquel sont soumis ces ménages.
Alors quelles priorités?► Première priorité: la sécurité tarifaire pour les patients. Un refinancement des hôpitaux est certainement nécessaire. Les établissements de soins sont sous financés. Mais ce refinancement doit se faire en exigeant en contre-partie la sécurité tarifaire pour l’ensemble des patients. Il faut interdire les suppléments dans les chambres communes et les chambres à deux lits, mais également limiter la possibilité de suppléments dans les chambres individuelles. S’il n’y a pas de sécurité tarifaire, alors pas de subsides! Par ailleurs, ces subsides doivent être alloués suivant une règle simple d’égalité de traitement: un hôpital = un hôpital s’il garantit la sécurité tarifaire. ► Des catégories de patients gardent encore aujourd’hui des coûts à charge très importants. C’est le cas en particulier pour les malades chroniques ou les personnes de grande dépendance. Dans le même temps, il faut bien remarquer que les systèmes mis en place pour limiter ces dépenses à charge des malades restent d’une efficacité relative. Ils visent seulement les plus fragilisés quant à leurs revenus et ils sont complexes. On observe ainsi que le système Omnio n’a reçu qu’un accueil très limité chez les personnes qui auraient pu en bénéficier malgré une large information. Nous plaidons pour une simplification radicale de l’ensemble de ces systèmes (MAF – OMNIO, …) avec une sélectivité la moins possible basée sur les revenus. Il faut aussi veiller à ce que ces systèmes n’augmentent pas les tensions entre fragilisés –très fragilisés - peu fragilisés … mais qu’ils permettent à chacun de savoir qu’il est couvert quelle que soit sa situation. En parallèle, un élargissement des catégories de personnes pouvant bénéficier du forfait malade chronique doit être mis en route. ► Le vieillissement de la population et l’allongement heureux de la vie vont engendrer des besoins importants, non seulement pour le financement des pensions, mais également dans la qualité du maintien à domicile. Il sera nécessaire de permettre de vivre dans des conditions de “bien-être” ces années gagnées sur la mort. Les intervenants indispensables que constituent les aidants proches (familles, …) mais aussi les associations de soins à domicile ou d’aides ménagères doivent voir leurs actions reconnues par les autorités et le système social. Dans le même temps, le secteur des maisons de repos ainsi que des maisons de repos et de soins devra faire l’objet d’une attention particulière. En effet, ce secteur, plus encore que tout autre secteur des soins et de l’attention aux personnes, est aujourd’hui envahi par les pratiques commerciales qui ne visent que le profit. Afin que les dernières années de vie ne fassent pas demain l’objet d’une dualisation non acceptable, il sera nécessaire de réguler le secteur. ► Parmi les soins reportés (faute de moyens) par les familles, les soins dentaires et ophtalmologiques occupent une part importante. L’absence de ces soins comporte pourtant des répercussions inacceptables pour la qualité de vie, l’insertion sociale et l’état de santé général de la personne. Avec les marges dont disposent aujourd’hui le prochain gouvernement, il sera nécessaire d’investir dans un meilleur remboursement de ces soins.
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