Éditorial
(20 décembre 2007)
Réduire
les inégalités de santé:
pour une politique de santé intégrée
Les
inégalités face à la santé restent très importantes.
La
Fondation Roi Baudouin s'est penchée sur ces questions avec l'aide d'un
groupe de travail d'experts médecins, des mutualités, des services sociaux
et universitaires. Elle a publié récemment les résultats de ces travaux et
les recommandations à destination des pouvoirs publics.
Deux
grands constats doivent être mis en évidence :
1. les personnes situées
au bas de l'échelle sociale meurent entre trois et cinq ans plus tôt que
celles qui se trouvent dans les couches les plus élevées;
2. les personnes qui ont
un faible niveau de formation vivent en bonne santé 18 à 25 ans de moins que
celles qui ont un haut niveau d'études.
Non seulement, ces
écarts sont énormes mais il faut bien constater que la répartition des
risques en santé épouse celle de l'argent, de la formation et du statut
social.
La pauvreté entraîne la
maladie et la maladie entraîne la pauvreté.
Il faut bien constater que la répartition des risques en santé
épouse celle de l'argent, de la formation
et du statut
social. |
Un des enseignements
essentiels de cette étude est que cette répartition du risque ne se marque
pas par une rupture claire et nette entre riches et pauvres mais qu'elle
augmente de manière graduelle tout au long de la courbe de risques.
Cela signifie que des
mesures positives peuvent avoir des effets sur toutes les strates sociales.
Cela se traduit par le
fait qu'il ne faut pas chercher à mettre en œuvre des mesures trop ciblées
et d'ailleurs stigmatisantes mais bien des mesures universelles et efficaces
pour tous.
Nous vantons très
souvent notre système de couverture de soins de santé. Il est, en effet, un
de plus performants au monde. Mais les efforts ont principalement portés
sur l'accessibilité, la qualité de l'offre. Ce n'est pas suffisant.
L'ambition devrait
porter demain sur l'égalité face à la santé. C'est-à-dire travailler sur les
facteurs de risques qui augmentent la fragilisation de la santé d'une
population.
Quelques pistes non exhaustives
1.
Il reste du travail en termes d'accessibilité financière comme l'a montré le
Rapport bisannuel du Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et
l'exclusion sociale de 2005. Mais la question de l'accessibilité n'est pas
uniquement une question financière, la capacité de s'orienter dans les
services de santé est également liée au capital social des individus, à leur
réseau de relations qui ont l'expérience du système.
2. Tout aussi
fondamental est l'indispensable renforcement des services de première ligne
(médecins de famille, kiné, services sociaux…).
Ce sont ces personnes
qui sont en capacité d'établir des liens entre le curatif et la promotion de
la santé. On constate dans certaines grandes villes que des quartiers
entiers sont dépourvus de médecins, d'accès à des services sociaux, … Il
est confirmé que cette situation précarise les citoyens qui habitent ces
régions. Il est indispensable de promouvoir le développement des maisons
médicales, des centres de santé intégrés ou des réseaux fonctionnels.
3. L'hygiène de
vie et la qualité de l'alimentation sont évidemment importants . A cet
égard, il est nécessaire d'augmenter fortement les moyens de véritables
politiques de promotion et de prévention de matière de santé. La séparation
de ces politiques avec les politiques curatives privent la prévention des
moyens nécessaires. Il serait peut-être utile d'envisager la couverture de
certaines actions de prévention par des remboursements du même type que les
actes curatifs.
4. Il faut aller
encore plus loin dans le développement d'une politique holistique et
intersectorielle qui s'intéresse aussi aux modes de vie et aux conditions
d'existence. Il ne s'agit pas de mélanger toutes les secteurs de gestion
politique mais bien de mieux coordonner les actions prises.
L'élargissement et le
renforcement des politiques de logement, d'éducation, d'enseignement et de
formation participent de manière prépondérante à l'amélioration de la santé
d'une population.
Il est évident qu'un
logement insalubre conduit à un affaiblissement de la santé de ses
occupants.
Mais les constats de
chances de vivre en bonne santé corrélés au niveau d'enseignement ou de
formation des personnes démontrent à suffisance l'importance du renforcement
de ce secteur.
En cette fin
d'année où nous attendons le solstice d'hiver pour que la lumière
donne de l'espoir au renouveau, nous faisons le vœu que ceux et
celles qui s'investissent pour le bien-être de tous intègrent ces
réflexions issues du travail de la Fondation Roi Baudouin.
Le sapin n'en
sera que plus joliment garni et plus solidaire!
Joyeux Noël à
tous et belle année 2008 à chacun!
Alda Greoli
Secrétaire nationale |
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