Éditorial
(18 octobre 2007)
Fait-il bon vivre en Belgique?
La Belgique occupe une place
honorable dans plusieurs classements internationaux portant sur la qualité
de vie. Comment expliquer ce bon score? Et surtout comment le maintenir,
voire l’améliorer?
Qui
est premier, qui est dernier, qui a le plus ou le moins de points? Nous
aimons les comparaisons et les palmarès. Pour les responsables politiques,
un bon score est assimilé à une bonne politique. Une bonne image du pays
sera plus attractive pour les investisseurs, tandis qu’un mauvais score
appellera à se justifier… et à engager des réformes.
Comment se situe donc la
Belgique dans ces différents palmarès?
Une très bonne qualité de
vie en Belgique
Comme il est difficile de
traduire la qualité de vie en chiffres, les classements internationaux sont
à considérer avec prudence. Mais on considérera comme un signe positif un
bon résultat obtenu à travers plusieurs classements.
L’organisation des soins, la
facilité d’accès, la couverture financière, le mécanisme de
financement, … sont aussi importants pour des soins de qualité
que la hauteur des moyens financiers engagés. |
Examinons donc le score de
la Belgique à travers cinq classements internationaux.
Selon une étude
internationale portant sur la qualité de vie dans 183 pays, et reprise dans
le prestigieux magazine The Economist, la Belgique viendrait en 12ème
position. Ce bon résultat serait surtout imputable à la qualité de notre
enseignement et de notre système de soins de santé.
Dans le rapport sur le
développement humain établi par les Nations Unies, qui prend en compte
l’espérance de vie, l’enseignement et la richesse par habitant, la Belgique
se classe 13ème rang parmi l’ensemble des pays du monde.
Une autre étude récente
portant sur l’évaluation du système de soins du point de vue de l’usager
pointe la Belgique en 10ème position. Un accès rapide et une
bonne information du patient sont particulièrement bien cotés.
Une quatrième étude portant
sur la satisfaction des patients et des citoyens par rapport aux soins de
santé de leur pays place la Belgique en tête.
Enfin, une dernière étude
portant sur le niveau des pensions légales est, elle, moins favorable. Notre
position s’est dégradée et nous figurons en 21ème position au
sein des pays de l’OCDE.
A travers ces études, nous
constatons donc que notre système de santé (l’accès, la couverture, la
qualité) contribue de manière significative à notre qualité de vie et que,
globalement, la Belgique est dans le peloton de tête.
Comment expliquer ces bons résultats?
Bien sûr, un bon système de
soins nécessite des moyens suffisants. Mais cela ne semble pas suffire. On
constate en effet que certains pays, plus riches ou dépensant plus en soins
de santé, sont classés après la Belgique et inversement. L’organisation des
soins, la facilité d’accès aux soins, la couverture financière, le mécanisme
de financement, … sont aussi importants pour obtenir des soins de qualité
que la hauteur des moyens financiers engagés.
En Belgique, cette
organisation est le fruit d’une concertation permanente entre les
prestataires de soins, les organismes assureurs, les financiers et les
partenaires sociaux. Ce modèle de concertation implique responsabilité,
engagement et adhésion. Ainsi, les accords relatifs aux prix, aux
remboursements, à l’offre de soins, à l’accès aux soins sont portés et
soutenus sur le terrain. Ce modèle assure aux patients une offre de soins
accessibles prodigués par des prestataires partenaires.
La récente décision portant
sur le budget global 2008 illustre l’efficacité de ce modèle puisque, après
concertation et discussion, le conseil général de l’INAMI a approuvé le
budget global pour 2008 et sa répartition à l’unanimité !
La qualité de vie n’est pas acquise une fois pour toutes
Le score de la Belgique est
certes excellent, en termes de qualité de vie ou d’efficience du système de
soins, mais en léger recul par rapport aux années précédentes. Le niveau de
nos pensions légales a aussi reculé. C’est dire que la qualité de vie n’est
pas acquise une fois pour toutes.
Un bon système de soins est
le résultat d’une concertation permanente, de l’adaptation constante de
l’offre à des besoins qui évoluent, de l’intégration équilibrée des nouveaux
médicaments et technologies, d’une planification judicieuse des personnels
médical et soignant. Et puis, nous savons que la qualité de vie est aussi
déterminée par l’enseignement, le logement, l’environnement, l’emploi, .. et
la cohésion sociale, c’est-à-dire la solidarité entre riches et pauvres.
Si la Belgique figure au top
du classement international, ceci met aussi en évidence l’écart dramatique
avec les “derniers” comme le Niger (espérance de vie 42 ans), le Burkina
Faso et le Mali. Pour améliorer leur qualité de vie, il faudra agir sur
l’écart scandaleux entre les riches et les pauvres. Les 50 personnes les
plus riches au monde ont un revenu plus grand que les 416 millions les plus
pauvres: 10 % des personnes les plus riches disposent de 54 % du revenu
mondial. La solidarité aussi améliore la qualité de vie …
Les classements internationaux
l’attestent: “Il fait bon vivre en Belgique!”. Et ce n’est pas
seulement en raison de notre richesse. C’est aussi le résultat de
choix politique favorisant un modèle de concertation et de
solidarité. Mais attention, certains indicateurs se dégradent. La
qualité de vie n’est pas acquise une fois pour toutes.
Jean Hermesse
Secrétaire Général |
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