Éditorial
(5 octobre 2006)
Les assurances hospitalisation mutuellistes:
mieux et moins cher!
La plupart des compagnies d’assurances annoncent pour l’an
prochain des hausses de prix très importantes. Pourquoi des
augmentations aussi importantes? Que faut-il faire face à cela?
Certaines
compagnies d'assurances vont jusqu’à doubler purement et
simplement leurs primes. D’autres encore, comme Winterthur et ING,
préfèrent abandonner ce secteur de l’assurance. Les contrats
collectifs ne sont pas épargnés par les hausses de prix que les
employeurs rechignent à suivre. Certains s’en sortent en diminuant
fortement les remboursements, comme Ethias qui propose de ne pas
augmenter le prix mais d’exclure de la couverture les suppléments
pour frais de séjour et honoraires en chambre à un lit !
Le syndrome de la main lourde
Nos études ont clairement mis en évidence que ce sont
essentiellement les suppléments d’honoraires et les suppléments
pour le matériel (implants et prothèses) qui provoquent la hausse
de ce qui est facturé aux patients (1). Soit les
assureurs remboursent sans bien vérifier la légalité du montant
facturé, soit ils sont victimes de ce qu’on appelle le “syndrome
de la main lourde”: dès que l’hôpital ou le médecin est informé
que le patient a une assurance hospitalisation, les suppléments
sont immédiatement appliqués ou augmentés.
C’est évidemment un petit jeu particulièrement dangereux: plus on
est assuré plus la facture est lourde, plus il devient nécessaire
d’être assuré et plus les primes augmentent. Au final ce sont
malgré tout les malades qui paient.
Ceux qui ne sont pas assurés sont également mis en difficulté car
les médecins s’habituent à réclamer des suppléments même quand les
honoraires de l’assurance maladie sont largement suffisants.
Certains assureurs lassés de devoir sans arrêt augmenter les
primes d’assurance réclament du Ministre de l’économie un “indice
des prix hospitaliers” qui serait applicable aux primes
d’assurance. Cela leur permettrait de faire grimper
automatiquement les primes sans devoir se justifier devant les
clients.
Tout cela n’est pas sérieux et prouve encore une fois que la
logique marchande et commerciale ne fait pas bon ménage avec une
vraie assurance maladie. Le supplément week-end d’un grand
quotidien publiait un article intitulé "Assurer les soins de
santé: cher mais utile" . J’aurais plutôt écrit: "inutilement
cher…". Mais dans son tableau comparatif des prix, il n'y a pas un
seul mot sur les assurances solidaires mutuellistes !
Que faire face à la situation?
Il est exact que les coûts qui restent à charge des patients en
hôpital augmentent. La hausse est même de 41% entre 1998 et 2004
suivant nos études. Plusieurs actions sont à mener.
1- Il faut tout d’abord améliorer les remboursements de
l’assurance obligatoire. C’est la base du système et cela
concerne tout le monde. Récemment encore à l’INAMI, les Mutuelles
ont par exemple prôné l’augmentation importante (44,5 millions
d’euros) du budget 2007 pour les implants en hôpital, un poste qui
précisément alourdit les factures.
2- Il faut ensuite contrôler très attentivement les factures
des hôpitaux, vérifier que des suppléments exagérés ou non
autorisés n’ont pas été portés en compte. Il faut vérifier que des
frais non facturables n’ont pas été ajoutés, etc… La plupart des
hôpitaux facturent correctement mais il y a hélas souvent aussi
des dérapages. Cela demande une compétence pointue que les
Mutuelles peuvent apporter à leurs membres. Dans certaines
situations nous n’hésitons pas à intervenir, même en justice, si
nécessaire.
3- La pratique des suppléments se généralisant même en chambre
commune ou à deux lits, cette dérive doit être freinée. C’est
pourquoi nous avons demandé que la troisième tranche du
refinancement des hôpitaux (33 millions d’euros) soit pour une
grande part liée au respect des tarifs en chambre commune et à
deux lits. Le Ministre Demotte a manifesté son accord avec cette
proposition qui devra être concrétisée l’an prochain, nous
l’espérons à partir du 1er janvier 2007.
4- Les patients qui doivent être hospitalisés doivent aussi
choisir soigneusement leur hôpital non seulement pour sa qualité,
ce qui est primordial, mais aussi pour les suppléments qui y sont
pratiqués. Notre site Internet (www.mc.be) donne des
indications détaillées sur chaque hôpital. Il n’y a aucun rapport
entre les suppléments et la qualité des soins: autrement dit ce
n’est pas parce que dans un hôpital les suppléments d’honoraires
sont importants que la médecine y est meilleure, c’est même
parfois le contraire. Certes le plus souvent le malade ne choisit
pas l’hôpital où il se fait soigner, soit parce que les urgences
l’y ont amené, soit parce que le médecin traitant l’y a adressé.
Il ne faut pas hésiter à se faire transférer ou à demander à son
médecin d’être orienté vers un autre hôpital.
5- Si on veut être assuré au-delà de la couverture de
l’assurance obligatoire, il est préférable de se tourner vers les
assurances complémentaires des Mutuelles. Comme c’est le cas
pour Solimut de la Mutualité chrétienne, ces assurances
complémentaires sont plus solidaires et beaucoup moins coûteuses.
L’assurance hospitalisation généralisée de Solimut est comprise
dans la cotisation complémentaire et elle couvre tous les membres
francophones de la Mutualité chrétienne sans distinction aucune.
Elle rembourse tout ce qui va dépasser 275 euros sur la facture
d’une hospitalisation, à l’exclusion des suppléments d’honoraires
et de séjour dans les chambres à un lit. Au delà de cette
assurance solidaire générale, il est possible d’avoir une
couverture complémentaire facultative pour couvrir la franchise de
275 euros et aussi les suppléments d’honoraires et de chambres à
un lit, mais dans certaines limites.
Les deux ensemble, la solidarité générale et la facultative, ont
un coût bien inférieur à toutes les assurances commerciales
présentes en Belgique. C’est pourquoi j’employais l’expression
quelque peu polémique d' “inutilement cher” pour stigmatiser ces
dernières.
Pour l’année 2007, l’assurance complémentaire hospitalisation de
la Mutualité chrétienne sera simplement indexée de 1,5%.
Il est frappant de constater aussi que de plus en plus
d’employeurs préfèrent rembourser à leur personnel leurs
cotisations mutuellistes d’assurance hospitalisation plutôt que de
contracter des contrats collectifs hors de prix avec des assureurs
commerciaux. En outre, si le travailleur quitte l’entreprise
(démission ou pension), il n’est pas du jour au lendemain privé de
la couverture complémentaire. Le système pourrait être concrétisé
par l’octroi aux travailleurs d’un chèque hospitalisation qu’ils
pourraient utiliser pour financer une couverture complémentaire de
leur choix, mutuelliste ou autre.
En choisissant bien son hôpital, en faisant contrôler ses
factures et en se couvrant le cas échéant par une assurance
mutuelliste complémentaire, il est parfaitement possible à tous de
faire face aux aléas de santé qui réclament une hospitalisation.
Edouard Descampe
Secrétaire général
(1)
Lire: "L’évolution des dépenses
de soins de santé en Belgique"
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