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Éditorial (2004)
A la veille des élections
Les élections régionales et européennes approchent à grands pas. Nous serons bientôt le 13 juin. Ce qui occupe le devant de l’actualité, ce sont bien évidemment les scores des divers partis, les éventuels changements d’alliance et les répercussions sur le gouvernement au niveau national. Les contenus des matières en jeu ne font pas recettes, tant le débat politique au sens restreint du mot occupe malheureusement le devant de la scène.

Pourtant les matières en jeu dans ces élections sont importantes. Au niveau des communautés et régions, se décident les politiques sociales, l’enseignement, l’éducation permanente, les matières concernant les personnes handicapées, les investissements hospitaliers, les soins et l’aide à domicile, etc… Il s’agit souvent de la vie quotidienne de milliers de personnes soit dans l’immédiat soit à moyen ou long terme.

On trouvera dans En Marche (en pages 3 et 8) les grandes lignes des propositions des Mutualités Chrétiennes concernant ces matières. Un fil conducteur les traverse : le rôle primordial joué par les associations. Les mutualités font partie du secteur associatif, ce qu’on appelle aussi la société civile organisée. Elles sont elles-mêmes directement des associations ou sont le support de multiples autres. Il s’agit de regroupements de citoyens qui s’organisent pour faire face à des besoins sociaux ou culturels : organiser les protections sociales, faire fonctionner et vivre une maison de repos, un home pour personnes âgées, une entreprise de travail adapté, un service de soins à domicile, un hôpital ou une polyclinique, un service de gardes d’enfants ou de gardes malades etc … les initiatives sont nombreuses, souples, flexibles, à l’affût des besoins changeants des populations. Elles recourent bien entendu aux professionnels nécessaires, à un fonctionnement de qualité, mais elles sont au départ le fruit d’actions de citoyens bénévoles et épris d’action sociale.

 

Tout ce réseau associatif est particulièrement développé dans notre pays et il constitue une importante richesse sociale et démocratique. Au nom du principe de subsidiarité, les pouvoirs publics financent ces initiatives dans la mesure où elles respectent des normes de qualité et se soumettent à leur contrôle.

 

Il est fondamental bien entendu que ces associations fonctionnent sans but lucratif et remplissent des rôles d’intérêt général définis dans les grandes lignes par l’autorité publique.

Une des dimensions les plus importantes de ce tissu associatif est précisément qu’il reconstruit des liens sociaux dans un monde où l’individualisme est croissant. Restaurer le tissu social, reconstruire des liens sociaux, consolider la démocratie sociale, j’ajouterai encore : organiser les protections sociales à l’abri de toute marchandisation. Ce sont les grands objectifs de l’associatif dans les secteurs pour lesquels nous allons voter le 13 juin. Les programmes des différents partis ont pour la plupart repris le soutien à l’associatif dans leurs propositions. Mais il y a des nuances dans les réalisations : certains préfèrent laisser faire le marché, d’autres contestent le principe de subsidiarité et veulent que l’Etat organise tout, d’autres encore ne soutiennent que le “petit associatif” et se méfient des grandes organisations.

 

Et les élections européennes

A cette même date, nous voterons aussi pour les élections européennes. Assez curieusement un des enjeux importants de ces élections rejoint directement ce que je viens de développer au sujet du rôle et des mérites du secteur associatif. La maison Europe continue à se construire mais elle souffre terriblement de ce qu’elle était à l’origine : la création d’un grand marché européen. Tout le reste semble subordonné à cet objectif premier : créer un grand marché, faire circuler les biens et les personnes, rendre la concurrence la plus vive possible. C’est un objectif qui a le mérite de créer un dynamisme économique mais ce n’est pas en soi un projet de société.

Jean Monnet, un des pères fondateurs de l’Europe, a dit un jour que si la construction européenne était à refaire, il ne commercerait pas par l’économique mais par la culture. On pourrait ajouter : et par le social. Si nous voulons que le projet Europe soit vraiment soutenu par une volonté populaire forte, il faut soutenir l’associatif, consolider les protections sociales et non l’inverse comme on le fait aujourd’hui.

 

Au nom de la concurrence et du marché, les services publics sont mis en difficulté, les associations sont définies comme des agents économiques soumis aux règles de la concurrence, les systèmes de protections sociales traditionnels de l’Europe sont réduits à la portion congrue et sommés de justifier l’exception qu’on tolère à peine de leur consentir. Les protections sociales, assurance maladie, pensions légales, assurances chômage, organisations sociales diverses sont toujours abordées par défaut, par exception à la règle générale du marché revêtu de toutes les vertus.

 

Lorsqu’on traite ainsi la société civile organisée et les systèmes de solidarité, il ne faut pas s’attendre à recueillir l’adhésion des populations de nos pays.

Derrière ces élections européennes se profile ce débat complexe qui pèsera, qu’on le veuille ou non, sur les contours de notre vie future.

 

Edouard Descampe

Secrétaire Général

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