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Editorial (2004)

Après les élections

 

Les commentaires vont bon train après les élections de dimanche. Les négociations et consultations se multiplient. Je ne vais pas ajouter mes propres commentaires, mais seulement répondre à cette question : “Les élections régionales et européennes auront-elles des conséquences sur notre assurance maladie dans son sens large de protection sociale solidaire en matière de santé ?”

 

Certes, l’assurance maladie est une matière fédérale qui a été traitée lors des élections législatives de l’an dernier. Pourtant il pourrait y avoir des retombées sur notre secteur.

Je vois essentiellement trois écueils possibles : la situation économique, qui va apparaître dans toute sa crudité; la communautarisation des soins de santé mise au programme par l’ensemble des partis du Nord; la progression des partis d’extrême droite.

 

1. Au lendemain des élections de 2003, un gouvernement violet s’est mis très vite en place. Il fut rapidement clair qu’il ne ferait rien d’impopulaire avant les élections régionales que nous venons de vivre. Il reposait en fait sur le compromis d’une double promesse : d’une part le maintien de la dynamique de réduction d’impôts et d’autre part des efforts importants en faveur des protections sociales, spécialement en assurance maladie.

Ainsi notre secteur a bénéficié d’une croissance budgétaire de 4,5 % en termes réels, ce qui l’a mis à l’abri de mesures impopulaires de rationnement comme en Allemagne ou de quasi faillite comme en France.

L’année préélectorale est passée, la situation économique va apparaître dans toute sa crudité : même avec un peu de croissance économique, il est pratiquement impossible d’allier des allégements fiscaux à des améliorations sociales tout en faisant face au vieillissement démographique.

Que le gouvernement fédéral change ou reste en place, il faudra prendre des mesures, choisir, arbitrer. Et l’on peut toujours craindre que le choix ne se fasse au détriment du budget collectif de l’assurance maladie entraînant les conséquences habituelles sur les malades qui devront payer plus pour être soignés.

 

2. Deuxième problème à l’horizon : l’ensemble des partis du nord du pays ont mis à leur programme la communautarisation des soins de santé et ceux qui ont le plus progressé sont aussi ceux qui l’ont le plus revendiqué. Certes, un changement sur ce plan suppose des majorités de deux tiers qu’on ne voit guère possibles vu les positions unanimes au sud.

 

Mais cela peut sérieusement empoisonner et compliquer les négociations. Les Mutualités chrétiennes ont toujours défendu le principe de l’assurance maladie comme système de solidarité entre les personnes à travers le temps et l’espace. Tous les abus, où qu’ils se passent, doivent être, bien entendu, combattus, mais le principe de solidarité doit être maintenu en Belgique et plus largement même s’il est possible dans l’avenir.

Il n’est pas certain que des proclamations d’avant élections ne se traduisent en programmes politiques surtout quand il s’agit de matières fédérales réglées par la constitution, mais il pourrait y avoir des tentatives partielles qui viendraient désorganiser le fonctionnement de l’assurance maladie et introduire de dangereuses divisions.

 

3. Le troisième danger ressort d’un des aspects les plus pénibles de ces élections : la progression des partis d’extrême droite. Rien n’est plus étranger aux valeurs de base des mutualités que le discours d’exclusion haineux et raciste des partis d’extrême droite.

Nous avons pu développer dans nos pays pendant des décennies un formidable système de protection sociale basé sur la cohésion sociale et la solidarité, solidarité entre jeunes et vieux, riches et pauvres, malades et bien portants, travailleurs et sans emplois. Ce système s’appuie sur des organisations sociales qui plongent leurs racines profondément dans la population, développent des liens sociaux et organisent des solidarités à tous les niveaux et de tous les genres.

 

Les discours de division, d’exclusion et de critique des institutions minent en profondeur notre travail. Et le succès populaire de ces discours doit aussi nous interpeller quant à l’efficacité de notre action et au désarroi de ceux qui nous font cependant confiance.

 

La liaison paraîtra plus lointaine entre ces progrès de l’extrême droite et l’assurance maladie. Mais on ne peut oublier qu’un système aussi développé de protection sociale ne peut se maintenir à long terme que s’il repose sur un consensus social fort.

 

Edouard Descampe

Secrétaire Général

 

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