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Éditorial

 

L’enjeu des élections mutualistes (16 octobre 2003)

 

Parce que les mutualités se doivent d’être “proches des gens”, les affiliés des mutualités sont invités, tous les six ans, à élire ceux et celles qui vont les représenter dans les assemblées générales et conseils d’administration. Essentielles pour la vitalité du mouvement, ces élections donnent aux mutualités une incontestable légitimité démocratique (1).

 

Voir également ci-dessous :

Le sommaire du Journal des élections mutualistes 2004

 

Alors que l’air du temps fait la place belle à l’individualisme, au pouvoir des consommateurs, à l’esprit de compétition, au rendement financier, on peut légitimement se demander s’il y a encore place dans nos sociétés pour des organisations sociales et démocratiques telles que les mutualités. Par ailleurs, quelle entreprise de service public, comme la SNCB ou la Poste, confierait la composition de son assemblée générale à des clients élus ?

Les élections mutualistes sont l’occasion de montrer notre différence. Les membres élus sont autant de témoins et de porte-parole des réalités quotidiennes. Ils veillent à ce que la mutualité évolue selon les besoins des affiliés. Ils exercent également un contrôle social sur l’organisation. Cela suffit-il cependant à motiver et mobiliser des candidats pour ces élections mutualistes ? Pourquoi se mobiliser, investir du temps et de l’énergie dans la mutualité ?

 

 

La mutualité, c’est bon pour la santé

Des études menées dans divers pays ont montré que la densité des liens sociaux va de pair avec l’espérance de vie. Au plus les liens sociaux sont développés, au mieux se porte la santé individuelle et collective. Autrement dit, la solidarité “produit” de la santé alors que l’isolement engendre la maladie et le recours aux soins de santé. Les liens sociaux sont tellement essentiels que, selon certains, ils pourraient avoir sur le bonheur un effet aussi important que le niveau d’instruction et de revenu.

Ce “capital social” encourage l’engagement civique et politique des citoyens. Il nourrit notre démocratie en donnant à chacun la possibilité de développer, dans un débat social contradictoire, ses compétences civiques et sociales. C’est ainsi que se créent des relations de confiance, de réciprocité et de coopération dont les retombées sont positives pour l’ensemble de la société.

 

La mutualité est une organisation sociale fondée sur la participation démocratique et la solidarité. Elle poursuit des objectifs sociaux et non commerciaux. Le modèle mutualiste favorise la cohésion sociale dans notre société. Il participe à la formation de ce “capital” social. Présent en Belgique depuis une centaine d’années, il a certainement contribué à hisser la Belgique parmi les pays les plus développés en termes de bien-être humain. Mais ce modèle subit aujourd’hui de fortes pressions.

 

Menaces sur le modèle mutualiste

Sous la bannière du grand marché européen, un seul modèle économique tend à s’imposer : celui du marché et de la libre concurrence. La privatisation touche tous les services, y compris des services d’intérêt général tels que la santé. Or, nous savons bien que la logique commerciale appliquée dans le domaine des soins de santé conduit nécessairement à exclure les assurés trop coûteux et à sélectionner les meilleurs risques. Certes, toute assurance commerciale doit être financièrement rentable. Mais nous avons prouvé avec l’Hospi solidaire qu’une alternative sociale viable et efficace est possible.

Face à ce succès, les assureurs privés ont attaqué la Mutualité chrétienne en justice par deux fois. Et par deux fois, la Justice leur a donné tort. L’action des assureurs privés contre le modèle mutualiste pourrait toutefois se poursuive au niveau européen. Comme on le voit, le modèle mutualiste basé sur la solidarité, sans esprit de lucre, dérange.

 

La marchandisation de la santé prend encore d’autres formes. Afin d’accroître leurs ventes et leurs profits, les grands groupes pharmaceutiques et les producteurs de matériel médical revendiquent plus de liberté sur les prix, plus de publicité directe en direction des patients, plus de protection des brevets. C’est ainsi que de nombreuses populations des pays du Sud n’ont pas accès à des médicaments pourtant vitaux.

 

Face à ces lobby puissants, les mutualités ont toujours défendu une logique de santé publique. Sans ce contre-pouvoir, les dérives marchandes seraient encore plus grandes. Mais, la volonté est grande dans les secteurs marchands de réduire le rôle des mutualités.

Si la privatisation et la marchandisation sont en marche, c’est entre autres parce que les politiques ne donnent pas toujours priorité à l’assurance maladie obligatoire et, en tous les cas, ne lui accordent pas suffisamment de moyens. Proche des besoins des malades et confrontée aux conséquences des politiques de santé, la Mutualité chrétienne est en permanence mobilisée pour revendiquer un budget des soins de santé suffisant et une attention particulière aux malades chroniques. Cette mobilisation porte ses fruits. Le budget des soins de santé est redevenu une priorité pour l’actuel gouvernement.

 

Promouvoir une autre société

Si vous êtes persuadé que le modèle mutualiste contribue au développement d’une société plus humaine et plus conviviale, la tenue des élections mutualistes est une occasion unique de manifester cette conviction. Et cela d’autant plus que le modèle mutualiste est menacé. Pour le défendre, il ne suffira pas de le proclamer mais de le faire vivre au jour le jour grâce à l’engagement des milliers de bénévoles et d’acteurs sociaux.

Être candidat aux élections mutualistes, c’est être prêt à s’engager pour le développement du modèle mutualiste dans l’un des grands domaines d’activité de la Mutualité chrétienne. Ils sont variés et chacun peut y trouver un engagement qui correspond à ses centres d’intérêt et ses compétences :

 

participer aux débats sur les grandes options de la politique de santé ;

siéger dans une des institutions (hôpital, maison de repos, atelier protégé pour handicapés, Croix Jaune et Blanche, …) soutenues par la mutualité en tant que membre de l’assemblée générale ou du conseil d’administration de la Mutualité chrétienne ;

représenter les membres, les patients et s’engager dans un des mouvements socio-éducatifs de la mutualité (Jeunesse et Santé, Union Chrétienne des Pensionnés, Association Chrétienne des Invalides et Handicapés, …) ;

participer aux débats sur les services d’assurance complémentaire à développer avec toutes les mutualités francophones au sein de Solimut ;

participer aux débats sur les services d’assurance complémentaire correspondant à des initiatives et des besoins de la mutualité locale ;

représenter et s’investir dans la vie locale d’une circonscription ou d’un centre mutualiste de santé. Défendre le service et la proximité;

s’engager dans un projet de coopération internationale avec un partenaire du Sud ou de l’Est.

Tel est bien l’enjeu des élections mutualistes de 2004 : montrer plus que jamais que face à la privatisation et la marchandisation de notre société, le modèle mutualiste est une alternative solidaire vivante, porteuse de bien-être. D’avance merci pour votre engagement.

 

Jean Hermesse

Secrétaire National

 

(1) Nous avons déjà connu deux élections, en 1992 et 1998. Les prochaines auront lieu en mai 2004.