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Éditorial (1 mai 2003)

Avant les élections

Tous les partis politiques ont déposé leur programme en vue des élections du 18 mai prochain. En Marche du 17 avril a donné les détails en comparant les chapitres de ces programmes qui concernent l’assurance maladie (1).

Avec une belle unanimité, tous les partis francophones se déclarent opposés à toute scission communautaire de l’assurance maladie. Ils rejoignent sur ce point la position des Mutualités Chrétiennes et d’ailleurs aussi des autres mutualités et des organisations syndicales de travailleurs. L’assurance maladie est une solidarité entre personnes; elle est organisée dans le cadre de la sécurité sociale fédérale et elle ne se divise pas. Dans le cadre de l’Europe qui se bâtit, le sens de l’histoire me paraît plutôt aller dans la direction d’un élargissement de cette solidarité sociale plutôt que dans celle d’une scission supplémentaire.

Mais on constate que les partis politiques flamands adoptent une position symétriquement opposée puisque la plupart préconisent la scission. Certes, il y a des nuances puisque certains demandent la création de deux enveloppes séparées à partir d’une mise en commun des ressources, un peu comme on l’a fait dans l’enseignement. Mais, évidemment, ce ne serait jamais, comme pour l’enseignement, qu’une étape vers une scission complète quelques années plus tard.

Notons aussi que le Ministre des Affaires sociales, Franck Vandenbroucke, n’a jamais soutenu ce point de vue pendant la législature qui s’achève.

 

Un train peut en cacher un autre

Derrière ce débat qui nous est devenu familier en Belgique, se cache en réalité un autre, beaucoup plus redoutable.

En effet, jumelée à la demande de scission de l’assurance maladie apparaît aussi la poussée vers une privatisation de l’assurance maladie. On retrouve cette revendication principalement chez les Libéraux de Flandre (VLD) mais aussi à la FEB, la fédération qui représente les patrons.

Pour eux, le scénario est clair, les mutuelles sont là pour couvrir les besoins essentiels, et pour le reste, aux compagnies d’assurances commerciales de se déployer. Les mutuelles peuvent aussi intervenir sur ce terrain complémentaire mais en respectant les règles du secteur marchand. La FEB préconise, en outre, le développement d’un deuxième pilier pour des assurances collectives par entreprise ou par secteur, comme on l’a fait pour les pensions.

C’est un scénario dangereux de privatisation qui est ainsi préconisé. Il y aura immanquablement diminution des financements collectifs, généralisés et solidaires au profit des assurances commerciales. Celles-ci fonctionnent toujours en sélectionnant les bons risques et en rejetant les autres qui ne bénéficieront alors plus que d’un niveau partiel et dégradé de couverture pour leurs soins de santé.

Les dépenses de santé sont relativement concentrées : 5 % de la population dépense 60 % du budget. Il suffit pour les assureurs d’éviter le plus possible cette catégorie de personnes pour baisser leurs dépenses et faire des bénéfices.

La logique mutualiste et celle des assurances sociales sont tout autres : personne ne doit rester au bord du chemin, il faut une couverture générale, solidaire et performante. Cela suppose un bon financement collectif et une gestion rigoureuse qui n’hésitent pas à encadrer fermement les dépenses en concertation avec les professionnels du terrain.

Ce débat de société entre solidarité et commerce a donc lieu en Belgique et se cache parfois derrière un autre débat, communautaire celui-là.

Ce débat a lieu aussi aux niveaux européen et international. En effet, de multiples actions sont entreprises par les multinationales de la finance et des assurances pour augmenter la marchandisation d’un secteur comme la santé, traditionnellement couvert par les systèmes de protection sociale et des services d’intérêt général du type mutualiste. De l’issue de ces débats et conflits dépendront sans nul doute les contours de la société future.

 

L’assurance maladie comme toute la sécurité sociale est une grande conquête des travailleurs au cours du 20ème siècle. Il n’est donc pas étonnant que les organisations sociales - mutuelles et syndicats - s’opposent à tout démantèlement, scission ou privatisation et soutiennent les partis politiques soucieux d’un financement collectif suffisant.

Édouard Descampe,
Secrétaire Général

 

 

(1) Voir nos articles :

Éditorial Les priorités  de la Mutualité chrétienne

Mémorandum de la Mutualité chrétienne à l'attention du gouvernement fédéral 

Comparaison des programmes des partis politiques francophones en matière de santé (en format PDF)