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Éditorial (7 juin 2001)

Éditorial (7 juin 2001)

 

 

Dix milliards et une table ronde ! 

De qui se moque-t-on?

 

 

Aux 20.000 manifestants du dimanche 20 mai revendiquant une série d’améliorations sociales pour 60 milliards, le gouvernement a répondu par une aumône de 10 milliards et une Xième table ronde sur la modernisation de la sécurité sociale. Cette réponse est considérée comme un camouflet par toutes les organisations sociales.

 

Indécent, inacceptable, des miettes, colère, indignation… la déception était grande au lendemain de la  

manifestation du 20 mai.

D’autant plus que les rattrapages sociaux revendiqués semblent bien dérisoires au regard de la croissance des bénéfices des entreprises, de l’augmentation des revenus mobiliers et immobiliers et des cadeaux fiscaux.

 

Un cahier de revendications sociales modéré

 

Le coût total des rattrapages sociaux réclamés (liaison au bien-être, rattrapage de 3 %, relèvement des minima de 3 %) a été chiffré à 60 milliards de francs. Est-ce beaucoup? Pour situer et relativiser comparons avec d’autres indicateurs hors du social.

On remarque ainsi que, par rapport à l’augmentation des salaires, les allocations sociales progressent moins rapidement. Alors que les salaires ont augmenté en moyenne de 33 %, ces 10 dernières années les indemnités d’invalidité n’ont progressé que de 18%!

Le pouvoir d’achat des allocations sociales a donc régressé. L’indemnité moyenne pour un invalide isolé n’est que de 29.000 fr. par mois

Les revenus des biens mobiliers et immobiliers représentent 1675 milliards et ont progressé de 7,1% en 2000! Rien que les bénéficies des banques de droit belge sont montés à 156 milliards de francs.

La réforme fiscale représentera 192 milliards de francs en 2005. Parmi les mesures, figure la suppression des taux d’imposition les plus élevés. Cette mesure à elle seule représente déjà un allégement de plus ou moins 8 milliards pour les 204.000 ménages les plus riches, soit plus ou moins 40.000 fr. par an! Pour les 190.000 invalides les mutualités chrétiennes proposent un programme précis de corrections sociales qui coûterait 4,3 milliards, soit une amélioration de plus ou moins 22.000 fr. par invalide.

Enfin les réductions de cotisations sociales “nécessaires” dans le contexte de concurrence sociale internationale s’élèveront à 154 milliards en 2001. Ces réductions ne sont pas toutes compensées par de nouvelles recettes. Elles n’ont pas seulement favorisé la création d’emplois. Les bénéfices des entreprises en ont également profité.

La promesse de 10 milliards du gouvernement paraît bien ridicule face à toutes ces autres “réalités”.

 

Les écarts entre riches et pauvres vont s’agrandir

 

20 ans d’austérité surtout en sécurité sociale et une croissance économique forte depuis 1997, nous ont enfin libérés du poids de la dette publique. On peut rêver positivement. Il serait regrettable qu’au bout de tant d’efforts consentis dans le budget de la sécurité sociale, les fruits soient principalement cueillis par d’autres. Le déséquilibre de ces choix va creuser un peu plus le fossé entre inactifs (par la maladie, l’âge, le chômage) et les actifs. Les écarts entre les riches et pauvres vont s’agrandir .

La cohésion sociale s’effrite, vole en éclats. Aurons-nous demain une assurance sociale de base juste suffisante pour ne pas tomber dans la misère et pour le reste débrouillez-vous ou ayez de la chance avec le second pilier (les assurances et les pensions complémentaires des entreprises) ou avec votre épargne privée?

Et ce n’est pas le fonds argenté qui garantira des pensions plus élevées. A peine suffira-t-il à assurer le niveau des pensions légales. Et ce n’est pas la MAF (Maximum à Facturer en soins de santé) avec un budget de 1,4 milliards en 2001, qui va rétablir le pouvoir d’achat des invalides.

 

Et pourtant la sécurité sociale est en boni

 

Pourtant des marges budgétaires existent. La sécurité sociale serait en boni en 2001 et selon le ministre des affaires sociales, cet excédent atteindrait 30 milliards en 2003. Mais, ô comble du cynisme, cet excédent devrait être réservé au remboursement de la dette publique ou encore servir à alléger les charges des entreprises ! Un comble.

Alors que les bénéficies des entreprises s’envolent, que le pouvoir d’achat (les salaires) des actifs croît rapidement, que les impôts diminuent, ce serait encore aux allocataires sociaux de contribuer pour diminuer la dette publique. De qui se moque-t-on? La vraie réforme sociale aurait été d’assurer l’avenir des pensions en affectant le produit de la réforme fiscale à une réduction accélérée de la dette publique.

En annonçant une grande table ronde sur la solidarité sociale, le gouvernement reporte les choix et priorités à plus tard… Nous craignons que plus tard, la conjoncture économique soit moins favorable, que les promesses fiscales auront priorité, qu’il faudra faire face aux factures des nombreuses autres réformes en cours (police, justice, fonction publique).

 

L’économie va mieux. La dette est maîtrisée. La sécurité sociale est en boni. Les conditions sont réunies pour enfin raccrocher le wagon social à la croissance du bien-être.

Avec 10 milliards et une table ronde le gouvernement s’est moqué du bien-être des 2,6 millions d’invalides, pensionnés et chômeurs. Nous continuerons à nous mobiliser avec eux.

Jean Hermesse

Secrétaire national

 

Reportage

 

Faire pencher la balance

Le dimanche 20 mai dernier, plus de 30.000 personnes sont venues manifester à Bruxelles pour demander que la croissance profite à tous et que soient relevées les allocations sociales. Parmi elles, les membres de la Mutualité chrétienne étaient en nombre pour donner un signal fort au gouvernement. (Lire l’éditorial ci-dessus)

1. Les grappes de ballons blancs et verts fleurissaient dans le ciel de Bruxelles.
La manif avait des airs de fêtes.

2. Pour améliorer le sort des allocataires, les mutuelles, les syndicats et les organisations sociales réclamaient 60 milliards. Un vœu qui risque bien de ne pas être rencontré.

3. Relever les pensions et les adapter au bien-être est urgent si on ne veut pas être emporté par le vent des inégalités sociales.

4. Pensionnés, chômeurs, invalides, minimexés, près de 3 millions de Belges vivent d’une allocation sociale… souvent très chichement.

5. Se battre pour une société plus solidaire pour nos enfants.

6. Vivre avec une allocation pour personne handicapée ou une indemnité d’invalidité, cela ne se choisit pas. L’ACIH manifestait pour que le revenu de ces personnes soit décent.

Reportage photo : Françoise Robert

 


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