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A suivre... (20 novembre 2014)

Contre le dieu de l'argent

"El Quartot Stato", peinture monumentale collective du mouvement LST, à voir sur les grilles de l'Harscamp à Namur.
© Olivier Gobert

"On ne peut plus supporter ce système économique centré sur le dieu de l’argent. Nous devons le changer, remettre la dignité humaine au centre et construire les structures sociales alternatives dont nous avons besoin". Ces mots ne sont pas ceux d'un militant syndical ou d'un dirigeant politique de gauche. Ils ont été prononcés par le Pape François lors de la rencontre mondiale des Mouvements populaires qu'il a convoquée à Rome le 28 octobre dernier.

Alternant dénonciation et espérance, le chef de l'Église catholique romaine a prononcé un long discours, dense et puissant(1), devant les délégués d'une centaine d'organisations d’exclus et de personnes marginalisées de toutes origines culturelles et religieuses. Un message mobilisateur et salvateur, du reste (trop) peu médiatisé. "Cela faisait très longtemps qu’un Pape n'avait pas prononcé une allocution aussi sociale, aussi 'progressiste' sur un thème - les pauvres - qui constitue l’une des bases fondamentales de la doctrine sociale de l’Église", observe Ignacio Ramonet, directeur de l'édition espagnole du Monde diplomatique et président de l'Association Mémoire des luttes(2).

Une culture du jetable… pour l'humain

Outre l’exploitation et l’oppression, le Pape François a dénoncé "la culture du jetable" qui caractérise nos sociétés. "Ceux qui ne peuvent s'intégrer sont mis au rebut. (…) Ni les enfants ni les personnes âgées ne produisent. Alors, avec des systèmes plus ou moins sophistiqués, ils sont lentement abandonnés". Et d'ajouter : "Maintenant, pour remettre d’aplomb un système socio-économique au centre duquel trône le dieu argent, nous assistons à un troisième rejet : celui des jeunes, une génération sacrifiée par la culture du déchet, des surplus. Des millions d'entre eux sont écartés du monde du travail, relégués au chômage".

"Le Pape reconnaît l’agonie des jeunes travailleurs", constate la Jeunesse ouvrière chrétienne internationale (JOCI) qui a entendu le message(3). "Les jeunes n’ont pas la possibilité de planifier ce qui arrivera demain, la semaine ou l’année prochaine. Parfois, ils ont plusieurs emplois pour pouvoir survivre. Ils sont confrontés à des pressions sur leur lieu de travail (…) Souvent, leurs salaires sont très bas", décrit la JOCI pour qui le manque d'emplois et le repli sur l’économie informelle sont devenus des menaces dans le monde entier.

Une terre, un toit, un travail

Dix jours avant la Rencontre mondiale à Rome, le mouvement Luttes Solidarités Travail (LST), très actif en région namuroise, portait lui aussi un message de résistance, à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère et de l'inauguration d'une peinture collective monumentale sur les grilles de l'hospice d'Harscamp. "Les plus pauvres expriment le constat des injustices flagrantes et aussi des espérances d'un monde différent, plus juste, pour eux et leurs enfants (…) À travers la légitimité citoyenne que nous construisons au jour le jour avec la force des pauvres, nous continuons à questionner et refuser ces évolutions, qui banalisent la répression des plus pauvres et l'augmentation de l'insécurité d'existence pour une part croissante de la population".

À l'instar de LST, nombreux sont les mouvements populaires dans le mon - de qui, "les pieds dans la boue et les mains dans la chair", comme le dit le Pape, tentent de lutter contre les injustices et de mettre fin au "scandale de la pauvreté". Loin d'attendre de manière passive de l'aide ou de se résigner, ils veulent être des acteurs de changement. Ils pratiquent "cette solidarité que notre civilisation semble avoir oubliée ou a très envie d’oublier", comme le souligne François. "Certains disent que le Pape est communiste, a-t-il lui-même évoqué sur le ton de l'humour. Ils ne comprennent pas que l’amour des pauvres est au cœur de l’Evangile. Une terre, un toit et un travail sont des droits sacrés. Exiger cela n’est pas du tout étrange, c’est la doctrine sociale de l’Église".

In fine, le Pape a invité les chrétiens à remplir pleinement leur rôle, à agir et élaborer des programmes que l'on pourrait dire révolutionnaires, à revitaliser les démocraties...

Ces paroles fortes, prononcées à Rome, résonneront certainement à nos oreilles. Elles nous invitent - à tout le moins - à ouvrir les yeux, à ne pas nous résigner face aux inégalités sociales qui risquent encore de s'accroître au vu des politiques qui sont menées tant au niveau européen que belge…

//JOËLLE DELVAUX

(1) Une traduction française du discours du Pape, prononcé en espagnol, peut être consultée sur le site Internet du Vatican : http://w2.vatican.va (Franceso/discorsi/2014).

(2) A lire sur www.medelu.org

(3) A lire sur www.joci.org/strong>

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