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A suivre... (2 octobre 2014)

Les informations santé ne coulent pas de source

© Ph. Clément BELPRESS

Ne pas trouver les informations santé dont nous aurions besoin. Ne pas les comprendre ou ne pas savoir comment les mettre en pratique. Ce type d'embarras n'épargne personne. Une des clés pour rendre la démarche plus commode : (s')informer, mais pas n'importe comment.

Quatre Belges sur dix en sauraient trop peu sur la santé. Voilà ce que concluait tout récemment une étude menée par l'Institut de recherche en sciences psychologiques de l'UCL. Quelque 10.000 membres de la Mutualité chrétienne ont été sondés par les chercheurs sur leurs connaissances en matière de santé(1). Résultats ? En toute concordance avec d'autres enquêtes européennes : "Le manque de connaissances ne concerne pas une petite minorité mais touche une large part de la population". Conclusion pour les chercheurs de Louvain- la-Neuve ? Il est nécessaire de promouvoir les connaissances santé et de veiller à leur accessibilité, en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin. Entendez, aux yeux des Louvanistes, ceux qui ont à leur actif un moindre niveau scolaire. Car de bonnes connaissances en matière de santé pourraient "compenser le manque de scolarité" et "avoir un effet positif sur les modes de vie".

Chez les pros de l'éducation à la santé – les Canadiens surtout -, on utilise le terme savant de "littératie", pour ces compétences en santé. Accéder aux informations santé, les comprendre, les envisager de manière critique, les traduire en actes, en sont autant de déclinaisons. À aligner les émissions, spots, magazines, forums et sites… consacrés à la santé, on pourrait se croire tous parés, totalement armés, en tout cas informés.

Et pourtant, comme le remarque Micky Fierens de la Ligue des usagers des soins de santé : "L’information, c’est comme l’eau : cela semble couler de source qu’elle soit là, à portée de main, disponible et accessible à tous. Parfois il y en a de trop, parfois trop peu et difficile à trouver. On a parfois du mal à en reconnaître la qualité, la fiabilité…"(2). Pas toujours simple, en tant que patient, de saisir les subtilités des formulaires d'admission à l'hôpital, ni le fonctionnement de notre système de soins de santé. Pas simple non plus d'assimiler le jargon des médecins, ni de suivre les évolutions médicales. Pas toujours simple de faire un choix clairvoyant entre le remède de grand-mère connu de longue date et la nouvelle allégation médicale. Pas simple de distinguer les véritables messages de santé publique des intentions commerciales, quand la publicité avance masquée sous les traits d'une démonstration scientifique, quand les lobbies sont à l'œuvre, dans les coulisses de l'info.

Une expérience avec des apprenants de l'association Lire et écrire, autour de la santé du cœur(2), amène à s'interroger plus avant : en médecine, ne serions-nous pas tous analphabètes ? "Ce ne sont finalement pas seulement les situations impliquant la lecture et l'écriture qui posent problème, mais toute situation de communication", remarque la sociologue Marianne Prévost en relatant ce projet pilote. Ne sommes-nous pas tous prêts à endosser ces propos d'apprenants : "Docteur, ils parlent tous médecin, ici" et "leurs phrases, c'est du chinois" ? Les suggestions faites par le généraliste Gilles Henrard dans la foulée de ce projet ne devraient- elles pas concerner toutes les consultations ? "Ralentissez, conseille-t-il à ses confrères, évitez le jargon médical, montrez ou dessinez des illustrations, limitez le nombre d’in for mations données à chaque contact et répétez-les ; faites répéter ce que vous avez dit, faites faire par le patient les gestes que vous avez décrits pour confirmer sa compréhension, soyez empathique et encouragez le patient à participer à ses soins".

Informer sur la santé ne se limite assurément pas (ou plus) aux cabinets de consultation. Les médias sont aussi en première ligne. Face aux citoyens potentiellement noyés par les communications santé, il s'agit pour nous – tel Sisyphe(3) - de continuer à diffuser, le plus largement possible, des informations fiables, vulgarisées – sans être tellement simplifiées qu'elles ne rendent plus compte de leur complexité -, utiles à l’action. Il s’agit aussi de permettre de décoder les enjeux sous-jacents, de comprendre le comment, le pourquoi et de se forger une opinion.

//CATHERINE DALOZE

(1) Rapport complet consultable sur www.uclouvain.be/ipsy.html

(2) Lire dans Santé conjuguée, publication de la Fédération des maisons médicales, disponible sur www.maisonmedicale.org/

(3) Personnage de la mythologie grecque condamné à rouler éternellement un rocher sur une pente.

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