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A suivre... (18 septembre 2014)

L'Afrique en quarantaine ?

© AFP Belgaimage

Des hôtesses et des pilotes qui refusent de voler vers certains pays africains. Des artistes attendus aux Francofolies de Kinshasa qui se désistent. Des athlètes africains interdits de participation aux JO de la Jeunesse en Chine… L'Ebola suscite un gros malaise. Tremblements et paniques font contagion sur nos continents éloignés. L'Afrique se mue en terra non grata, depuis les régions concernées par les foyers épidémiques jusqu'aux terres voisines, parfois lointaines.

Elles ont perdu un peu de leur étrangeté ces images d'hommes masqués, aux allures mixtes de cosmonautes et de bouchers, qui illustrent jour après jour les actualités mondiales. À les voir, on en déduit le sujet : le virus Ebola. Ce qui apparaissait presque surréaliste voici quelque six mois, génère au fil du temps l'affolement. Celui des populations confrontées à un mal fatal, comptant les morts au sortir des hôpitaux ou des centres de confinement déployés avec l'aide des organismes humanitaires. Celui des voisins très éloignés que nous sommes, craignant les contacts et la contamination jusqu'à la paranoïa en s'inquiétant de l'utilisation du virus comme une arme de guerre biologique (dixit le New-York Times).

Côté autorités internationales, les statistiques d'infection sont actualisées et diffusées quotidiennement. Autant de cas, autant de morts, dans telle localité… Une "feuille de route" vient d'être présentée par l'Organisation mondiale de la santé dans le but de "mettre fin à la transmission partout dans le monde dans les six à neuf mois". Tel un véritable ordre de bataille, l'OMS établit une cartographie des "zones sensibles", une plateforme opérationnelle réunissant compétences et logistiques... Ces informations peuvent donner l'impression d'une maîtrise. Mais elles se couplent d'appels aux accents plus inquiétants. Car l'OMS déclare l'urgence de santé publique de portée mondiale et indique la nécessité d'intensifier rapidement et spectaculairement l'action internationale. MSF Belgique – base de l'ONG internationale pour la gestion de cette crise – parle de "jamais vu", d'une épidémie "incontrôlable", du manque de moyens, de la difficulté d'atteindre les villages lointains.

Les chercheurs mettraient "le turbo", du Japon aux États-Unis en passant par la France, pour élaborer vaccin et traitement. Une agitation aux allures cyniques quand on connaît la date à laquelle ce virus a été découvert, voici presque 40 ans ! Les tentatives de recherches précédentes n'auraient pu aboutir à cause d'une opposition farouche des laboratoires par crainte. Aujourd'hui, on annonce des essais cliniques pour la fin de l'année. La solution d'immunisation généralisée n'est donc pas pour demain. Mais la recherche n'est plus remisée dans les fonds de tiroir. C’est déjà cela… Quant à la guérison, elle ne semble possible que lorsque le malade est soigné suffisamment tôt.

Les mesures élaborées par les États touchés se multiplient. De la diffusion persévérante des consignes de prévention à l'u sage de thermomètres lasers aux frontières pour identifier les voyageurs atteints de fièvres suspectes. De l'interdiction des rassemblements (marchés, écoles…), aux règles strictes pour les enterrements… Jusqu'à la mise en quarantaine de quartiers urbains entiers, telle que la Sierra Leone entend l'organiser pour toute sa population, retenue à domicile une semaine durant afin de déployer des équipes pour détecter les malades. Ces directives et recommandations laissent deviner l'ampleur des perturbations à l'œuvre dans ces pays déjà si fragiles. Avant Ebola, les défis en santé ne manquaient pas autour d'autres ma ladies plus courantes et tout aussi meurtrières comme le paludisme, les maladies diarrhéiques, les infections sexuellement transmissibles… L'état de stress est très important aujourd'hui vis-à-vis du personnel de santé mais aussi en son sein, explique le docteur Sow, directeur de Fraternité médicale Guinée. On compte en effet des victimes parmi les soignants amenés à prodiguer des soins. Économiquement, l'isolement porte un coup de plus aux pays touchés. Une impression de malédiction les saisit.

L'épidémie laisse entrevoir le dialogue complexe à mener entre l'éradication comme objectif de santé publique et la mobilisation collective pour y parvenir. Quel jeu d'équilibre faut-il ménager pour ne pas succomber à la panique, tout en maintenant sensibilisation et vigilance ! Quel dosage subtil faut-il employer pour informer des précautions à prendre sans engendrer le rejet, la fermeture, la stigmatisation ! "C'est en ce moment qu'on a besoin de la solidarité", alerte le docteur Sow, alors que nombre de missions dans son pays sont ajournées.

//CATHERINE DALOZE

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