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A suivre... (4 avril 2013)

Une banque différente ? Un rêve qui fourmille !

© Jean-Renaud Sancke/Belpress

Un outil bancaire compréhensible par tous”, “le client au centre des décisions, propriétaire de la banque”… Quoi de plus séduisant pour l’homme de la rue souvent dépassé, parfois exaspéré voire désespéré par la finance? Quoi de plus enthousiasmant pour celui qui aspire à un autre fonctionnement bancaire?

Le compteur à cinq chiffres de la New B atteste du succès fulgurant d’un tel projet bancaire auprès des citoyens belges. Après vingt-quatre heures, ils étaient près de 3.000, après dix jours près de 30.000 à avoir pris une part de coopérateur à la New B. Le jour du lancement, le 24 mars, les organisations porteuses du projet de création de la nouvelle banque coopérative annonçaient leurs intentions. Leurs plans : mener jusqu’en juin une campagne de recrutement et de sensibilisation, en sillonnant notamment une centaine de villes sur l’ensemble du territoire belge pour inciter les citoyens à “prendre part”. Il n’aura pas fallu attendre le passage des militants-ambassadeurs à Libramont, Virton, Ath, Mettet, Hasselt ou Mariakerke, pour que l’objectif de 10.000 sociétaires soit atteint. Succès de foule sur le tableau d’affichage de www.jeprendspart.be

Il reste, maintenant, à être à la hauteur des attentes. Sur le papier, la New B, éthique et solidaire, apparaît comme une alternative sérieuse dans un secteur bancaire plus qu’écorné ces dernières années. La part fixée à 20 euros par coopérateur permet même aux moins nantis de se lancer sans déraison dans l’aventure, un rien risquée(1). Le projet en gestation depuis plusieurs mois(2) vient donc de franchir avec brio une des premières étapes de sa naissance. Car la route est encore longue avant que la nouvelle banque ne voie le jour véritablement. 2015, pronostique-t-on du côté des heureux parents. Il s’agissait d’abord d’attester d’une certaine adhésion, et fort de ce soutien – même s’il est insuffisant en termes de capitaux recueillis pour créer une banque – de passer aux étapes suivantes : confirmation des contacts avec les investisseurs, assemblée générale de la coopérative (avec, pour l’heure, 30.000 votants potentiels!) et introduction éventuelle, alors, d’un dossier de licence auprès de la Banque nationale de Belgique. Ce qui n’est ni courant, ni aisé.

En quoi le projet de New B s’inscrit-il dans un changement? “D'abord, le client est au centre des décisions, il est propriétaire de la banque, le modèle est participatif, expliquait lors du lancement Bernard Bayot, directeur du Réseau financement alternatif et président de la coopérative naissante. Deuxièmement, nous créons une banque qui pratiquera son métier de base, récoltera l'épargne et la réinjectera dans l'économie réelle au travers de crédits aux particuliers et aux entreprises. New B ne sera en aucun cas active sur les marchés, toute spéculation sera impossible. Troisième point, son caractère local, l'objectif principal est de financer l'économie belge. Quatrième élément: la transparence. (…) Le client sera au centre du jeu, il aura la faculté de vérifier tout ce qui se passe à l'intérieur de la banque, pourra contrôler que nous ne tenons pas uniquement un beau discours. L'ensemble du portefeuille de crédits de New B sera publié et consultable par tous. Et puis, son caractère durable, essentiel aussi. Nous créons une banque et, donc, des produits et services sérieux sur les plans économiques et financiers mais ces produits et services le seront aussi sur les plans social et environnemental. Un dernier élément à signaler : la prudence et la simplicité, le but est d'avoir un outil bancaire qui soit compréhensible par tous.

Dans un secteur bancaire belge que d’aucuns disent appauvri avec l’absorption des modèles coopératifs et populaires (type CGER, Bacob…) par de grands groupes bancaires commerciaux, l’apparition d’une nouvelle banque coopérative ne semble pas inquiéter les concurrents. Soit qu’ils y voient une belle utopie - à la limite un acteur de second rang - soit qu’ils semblent considérer avec intérêt la diversité du paysage bancaire. “Trop de diversité nuit à l’efficacité, mais à l’inverse la monoculture intégrale épuise les sols”, peut-on lire dans un dossier du Réseau financement alternatif, s’inspirant de l’économiste Bernard Lietaer, qui compare volontiers les réseaux financiers aux écosystèmes. A regarder du côté de nos voisins français où les banques coopératives occupent une part de marché non négligeable, on peut apercevoir les défis qui attendent la future New B. Il lui faudra sans doute faire face aux tensions entre la défense des valeurs coopératives et l’exigence de rentabilité financière ; dépasser la somme des intérêts individuels pour nourrir les ressorts de cohésion ; pérenniser la mobilisation des sociétaires, leur engagement coopératif ; assurer la proximité à l’heure où dominent des dynamiques internationales(3)…  Une gageure à suivre.

// CATHERINE DALOZE

(1) Si le projet ne voit pas le jour, la part sera remboursée, déduction faite des frais déjà encourus. Par ailleurs, une part de coopérateur équivaut à un certificat de propriété d’une entreprise. Si celle-ci fait faillite, le coopérateur court le risque de perdre son capital.

(2) Lire La finance solidaire à un tournant, En Marche édition du 1er novembre 2012.

(3) Gouvernance coopérative et épreuve identitaire : une application aux banques coopératives en France, analyse de N. Richez- Battesti, CIRIEC, 2007/4. www.ciriec.ulg.ac.be, téléchargeable sur ce lien.


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