A suivre...
(20 décembre 2012)
Cette année, c’est promis…
Voici
l’heure des bilans. Voici l’heure des souhaits. Voici l’heure des bonnes
résolutions. L’arrivée d’une année nouvelle sonne à nos oreilles comme un
passage. Certains tenteront la traversée en douce, considérant chaque jour
du calendrier comme un autre. D’autres profiteront de l’échéance pour se
repositionner, formuler quelques espoirs, prendre des résolutions. On les
dit souvent chimériques. Comment les rendre plus probables?
Pas de projets en
2013 pour les convaincus de la fin du monde. Inspirés par d’étranges
prédictions mayas, dit-on, ils auront dû se résoudre à vivre sans lendemain.
Le 21 décembre aura mis un point final à tout projet d’avenir. A moins
qu’ils aient écouté certains analystes du phénomène apocalyptique ambiant.
Dans ce cas, ils auront alors retraduit l’épilogue annoncé en nouveau
prologue. “Il ne faut pas redouter le fin du monde, mais plutôt espérer
le commencement d’un monde”, conseille par exemple le chroniqueur
Thierry Janssen, soignant et auteur à succès(1). Ce
familier du magazine “Psychologies” va jusqu’à préconiser de “vivre
avec une intention apocalyptique”. “Le temps est venu d’arrêter de
tricher, de mettre notre cohérence au service de l’essentiel”,
affirme-t-il en fustigeant les doubles discours, les intentions cachées, le
manque de transparence, d’honnêteté et d’intégrité. Vaste programme en
perspective pour chacun d’entre nous, à l’échelle de notre positionnement
dans le monde comme à l’échelle de notre vie quotidienne.
Démarrer
menu, menu
“Une marche de
1.000 km, nous dit Lao Tseu, commence toujours par le premier pas”,
rappelle Ilios Kotsou, chercheur en psychologie en parlant des bonnes
résolutions ordinaires. Ces intentions qui circulent dans nos esprits au
moment du passage de l’an neuf, mais aussi de la rentrée scolaire ou de
l’arrivée du printemps, ne versent pas nécessairement dans l’exceptionnel.
Les plus courantes vont de la perte de quelques kilos à l’arrêt de fumer, en
passant par la reprise du sport… Le marché du “coaching” virtuel semble
avoir saisi le créneau. Ici, une liste de résolutions à cocher et à
s’auto-envoyer en rappel. Là, le recours à un soutien par PC interposé. Ici
encore, un souffleur électronique d’idées pour ceux qui seraient en mal
d’intentions, ou à la recherche de l’insolite.
Dépasser le
stade de l’intention
Finalement, “nous
ne serions que 12% à tenir nos bonnes résolutions et, à la mi-janvier, 30%
d’entre nous les auraient déjà abandonnées”, explique Ilios Kotsou sur
la base d'une étude menée par le professeur Richard Wiseman (psychologue
anglais). Parmi les difficultés à surmonter, le chercheur décode : “En
fait, le comportement humain est davantage déterminé par le ‘court terme’
que par le ‘long terme’. En général, les comportements que nous nous
promettons d’abandonner sont ceux qui nous apportent un plaisir direct ainsi
qu’un soulagement de nos frustrations à court terme”. Guidés par
l’urgence, nous aurions tendance – en bons consommateurs drillés - à mener
nos vies au rythme des satisfactions rapides.
Pour passer du
souhait à l’acte, le chercheur donne une première clé: ne pas remettre à
plus tard mais commencer tout de suite, avec une action même minime. Et
s’adonner à mettre en pratique la théorie des petits pas : “il vaut
mieux un tout petit objectif réalisable qu’un objectif trop ambitieux, que
l’on abandonne”. Ensuite, il s’agira d’accorder une attention
particulière à nous récompenser à chaque succès – lui aussi même minime. Une
belle liste en perspective, celle des cadeaux que nous nous offrirons, des
plaisirs dont nous nous gratifierons. Le dispositif ainsi envisagé devrait
nous permettre de transformer les résolutions en réalisations. Finalement,
connaître nos limites et envisager nos intentions avec humilité
permettraient aussi de tenir bon.
Pour terminer, une
bonne nouvelle : “Dans la recherche du professeur Wiseman, le seul
groupe ayant réussi a tenir ses résolutions de manière significative était
celui qui avait décidé de plus profiter de la vie…”, conclut Ilios
Kotsou. A bon entendeur.
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CATHERINE DALOZE
(1) Psychologies
magazine, décembre 2012.
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