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A suivre... (4 octobre 2012)

Changeur de monde toi-même !

© Associated Press/Reporters
Pour changer le monde, chacun a à faire sa part. Si minuscule soit-elle. Sa part de colibri, dit la fable.

Alors que nos conditions de vie modernes font des ravages, certains en appellent à protéger et à restaurer notre humanité – fortement bousculée. Un travail intérieur qui pourrait être salutaire pour tous. "Se changer soi, changer le monde", ainsi était titrée la journée organisée récemment par l'asbl Emergences(1).

Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit au monde extérieur, que nous n'ayons d'abord corrigé en nous”. La réflexion vient des notes prises par une jeune juive, Etty Hillesum, à la veille d’entrer dans un camp de concentration. Elle donnera le ton de la journée d'échange et de réflexion qui a regroupé ce 28 septembre quelque 1.500 personnes. Elle rejoint les convictions de bien des sages, comme Gandhi qui enjoignait chacun à être “le changement que tu veux voir dans ce monde”.

Pas question ici de condamner la modernité, ni de refuser le progrès, mais bien de s'interroger sur son “bon usage”, comme le nomme le psychiatre français Christophe André intervenant lors de la journée(2). Sans alarmisme, sans excès mais avec précision et détermination, il détaille les menaces auxquelles il nous faut faire face.

La dictature du trop

Christophe André dénonce notamment la surabondance, la pléthore à l'œuvre dans nos sociétés occidentales. Loin d'être la chance que nous espérions, la profusion se révèle plus que problématique, tant elle est néfaste pour notre santé, pour notre bienêtre. L'expérience dite des “rats de cafétéria” en raconte les contours. A deux souris jumelles, on donne libre accès à de la nourriture. Une différence cependant : tandis que l’une pourra se régaler à l'envi d’une nourriture toujours identique, l'autre verra ses aliments varier quotidiennement: saveurs différentes, salées, sucrées, etc. Au final, cette dernière se gave et devient littéralement obèse. Le processus semble identique pour l'être humain. Face à la profusion, à l'énormité de l'offre, quels efforts n’avons-nous pas à fournir pour écouter notre corps, pour répondre avec justesse aux appels de notre estomac!

Secoués, bousculés, pressés

Le psychiatre évoque aussi la pression du temps que nos modes de vie imposent ; l'étouffement par la masse des choses à faire qui caractérise jusqu’à nos loisirs, nos vacances. Ici aussi, une expérimentation en dit plus que de longs discours. Elle concerne une quarantaine d'étudiants en théologie. Il leur est demandé de préparer une homélie sur le thème du bon Samaritain. (Cette parabole de l'Evangile met en scène un voyageur samaritain, représentant d'une population que les Juifs de l'époque tiennent pour impie. Or ce Samaritain se montrera capable de compassion envers un inconnu grièvement blessé alors qu'à l'inverse, un prêtre et un lévite sont passés avant lui sans s'arrêter.) A la fin de l'exercice, les étudiants sont envoyés dans un autre bâtiment pour enregistrer leur homélie à la radio. A la moitié, on demande de ne pas traîner en route; à l'autre moitié de s'y rentre dans l'urgence. Sur leur chemin, ils croiseront tous - expressément placée sur leur route - une personne en détresse. Dans le groupe parti sans pression du temps, 63% s'arrêteront pour l'aider (à la décharge du pourcentage restant: un certain nombre n'aura pas vu la situation). Par contre, dans le groupe soumis à la pression du temps, seulement 10% des étudiants s'arrêteront. Pour Christophe André, cette expérience illustre la facilité avec laquelle nos valeurs peuvent être bousculées par la pression du temps. Convaincu – comme nombre de tenants de la psychologie positive – de la disposition naturelle de l'être humain à faire le bien, il alerte: de petits détails comme l'urgence, la masse de choses à faire… peuvent, sans crier gare, entraver ce naturel.

En prendre conscience est un premier pas. Ensuite vient l'invitation à agir autrement, à se tenir à l'écart de la tendance forte à l'abondance, à l'urgence, à l'hyper-sollicitation, à la surexposition à l'argent, sans se couper des autres et en se reconnectant à notre humanité profonde. Le militant se combine avec le méditant. Car finalement, la première personne que nous pouvons convaincre de penser ou d’agir autrement, n'est ce pas nous-mêmes ?

// CATHERINE DALOZE

(1) www.emergences-asbl.org

(2) Auteur, entre autres, de “Secrets de Psys”, “Les états d'âme”, ou encore “Imparfaits, libres et heureux”.


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