A suivre...
(18 septembre 2008)
Encourager
les maisons médicales
Depuis
plus de 20 ans, les maisons médicales offrent un modèle alternatif de santé
à part entière, financé forfaitairement. Une récente recherche du Centre
fédéral d’expertise des soins de santé montre que ce système de financement
est moins cher pour les patients que le paiement classique à l’acte. Elle
souligne également la qualité des soins dispensés dans ces centres de santé
et leurs meilleures performances dans les activités de prévention.
En
Belgique, le mode de financement traditionnel des soins de santé est “à
l’acte”. Ce système, largement majoritaire, consiste, pour le patient, à
payer le prestataire de soins pour ensuite se faire rembourser une partie de
ce montant par sa mutualité. Depuis 1984, un mode de financement alternatif
au forfait permet au patient de s’inscrire auprès d’une maison médicale ou
d’un centre de santé intégré et d’y bénéficier des soins des généralistes,
infirmiers et kinésithérapeutes sans débourser de contribution personnelle.
Le centre perçoit de la mutualité du patient une somme forfaitaire pour
couvrir les soins, quel que soit le nombre d’actes prestés.
Pour l’heure, environ 80
maisons médicales, le plus souvent installées en ville, drainent dans notre
pays 180.000 patients (32% en Flandre, 37% à Bruxelles et 31% en Wallonie).
Un nombre qui ne cesse de croître. 2% de la population belge est soignée
dans le système forfaitaire (1).
Si les maisons médicales
attirent généralement un public moins favorisé socialement et
économiquement, il serait faux de les associer à une “médecine pour les
pauvres”. Accessibles à tous publics, elles dispensent des soins de santé
primaires de qualité, continus, globaux (médico-psycho-sociaux et
environnementaux) et intégrés (préventif, curatif, palliatif…). Les patients
y sont suivis par une équipe pluridisciplinaire (généralistes, kinés,
infirmiers, accueillantes, psychologues, etc.).
Une étude rigoureuse
En collaboration avec l’UGent,
l’ULB et l’UCL, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a
mené une recherche approfondie durant trois ans pour comparer le coût et la
qualité des soins de première ligne prodigués d’un côté par des prestataires
rémunérés à l’acte et de l’autre par ceux rémunérés forfaitairement
(2). L’objectif n’était pas de promouvoir un des deux
systèmes par rapport à l’autre mais plutôt de garantir leur coexistence dans
des conditions équitables pour tous.
Pour le patient, la formule d’inscription dans une maison médicale
est tout bénéfice financier. |
En termes de coût pour
la collectivité, le KCE estime que les deux systèmes sont comparables, le
coût un peu plus élevé des soins de première ligne dans le système du
financement forfaitaire étant compensé par le coût moindre en seconde ligne
(spécialistes, hôpitaux...). “Les centres de santé reçoivent un
financement calculé sur la consommation moyenne belge en médecine à l’acte,
ventilé en fonction du statut de la personne (assuré ordinaire, BIM…) et
augmenté de 31%, et ceci pour la médecine générale, la kinésithérapie et les
soins infirmiers”, confirme Jacques Morel, Secrétaire général de la
Fédération des maisons médicales (3). “Cette correction
permet de tenir compte des non-utilisateurs structurels de la première ligne
et se justifie autant par la surreprésentation des populations fragilisées,
avec besoins accrus de soins de santé, que par la démonstration des
économies réalisées par ailleurs. Ce “sur-financement” est largement
compensé par le fait que les patients soignés dans le système forfaitaire
font moins usage de soins spécialisés et hospitaliers (sauf pour les
affections psychiatriques), subissent moins d’examens techniques et
d’imagerie médicale et, ont moins de frais en matière de médicaments”.
Pour le patient,
effectivement, la formule d’inscription dans une maison médicale est tout
bénéfice financier, comme le constate le KCE : pas de quote-part pour les
soins de première ligne, prescription plus fréquente de médicaments
génériques et/ou moins chers, moins d’envois à l’hôpital ou chez le
spécialiste : autant d’économies en frais de santé sans que la qualité des
soins en pâtisse, que du contraire (4). En effet, les
quelques indicateurs calculés sur base des données disponibles donnent à
penser aux chercheurs du KCE que les médecins travaillant en maison médicale
respectent souvent mieux les recommandations en matière de prescription de
médicaments (antibiotiques, par exemple) et atteignent de meilleurs
résultats dans le domaine de la prévention (dépistage du cancer du sein,
vaccination contre la grippe...) que les médecins payés à l’acte.
Ajuster les forfaits
Dans un premier temps,
le KCE recommande à l’INAMI d’essayer d’ajuster les forfaits en tenant mieux
compte de l’âge et de la situation socioéconomique de la patientèle dans
chaque maison médicale. Il conclut par ailleurs qu’il “est opportun
d’encourager le développement du système forfaitaire”. Un point de vue que
partagent bien entendu la Fédération des maisons médicales et son homologue
néerlandophone, la Vereniging Van Wijkgezond-heidscentra: “Les
gouvernements successifs ont pris et prennent de nombreuses mesures pour
encourager les patients à recourir davantage aux soins de première ligne, et
pour revaloriser la médecine générale, mais elles s’inscrivent toutes dans
la logique d’un financement à l’acte”, observe Jacques Morel. “Les
collectifs de santé offrent un modèle alternatif de santé à part entière.
Ils ont prouvé leur utilité sociale, la qualité des soins prodigués, leur
valeur ajoutée quant à la prise en charge des patients. Elles méritent donc
un financement équitable et mieux adapté à la réalité de terrain”.
Joëlle
Delvaux
(1) 5-6% de la population, si l’on tient compte des
lieux où sont implantées les maisons médicales.
(2) Le texte intégral de ces recommandations est
disponible sur le site
www.kce.fgov.be (rubrique «publications») sous la référence KCE
Reports vol 85B.
(3) Fédération des maisons médicales – Tél. :
02/514.40.14.
www.maisonmedicale.org
(4) Des économies que la Fédération des Maisons
médicales estime supérieures à 10% du coût moyen |
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