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A suivre... (15 novembre 2007)

 

Nos pensions demain et après demain

Gabriel Perl, l’administrateur général de l’Office National des Pensions s’est exprimé sur l’avenir de nos pensions dans un entretien avec un journaliste du quotidien flamand “De Morgen”. Ses propos doivent retenir l’attention.

 

Au départ de quelques constats, il propose la négociation d’un pacte qui baliserait la politique des pensions des prochaines décennies. Voyons d’abord quelques éléments de son diagnostic:

L’allongement de la vie va accroître progressivement à partir de 2010 le nombre de retraites à financer chaque année.

La pension légale des salariés a évolué de façon telle que l’écart entre les montants les plus élevés et les plus bas se rétrécit sensiblement. Cette situation résulte de deux faits. D’une part, alors que les cotisations sont prélevées sur la totalité de la rémunération, les pensions, elles, sont calculées en tenant compte d’un plafond. D’autre part, les minima ont été régulièrement relevés. G. Perl cite l’exemple d’une personne qui, en activité, a un salaire mensuel de 5000 euros et se retrouve à la retraite avec une pension légale de ± 1500 euros par mois. C’est pourquoi il appréhende une contestation du système par les mieux lotis.

Si le niveau de la pension légale permet peut-être de vivre à un pensionné propriétaire de sa maison, la situation devient très précaire pour celui qui, locataire, doit vivre avec 900 euros par mois.

Si le niveau de la pension légale permet peut-être de vivre à un pensionné propriétaire de sa maison, la situation devient très précaire pour celui qui, locataire, doit vivre avec 900 euros par mois.

Aussi il enregistre beaucoup de plaintes quant au niveau des pensions.

Il souligne que le développement du 2ème pilier de pension (constitué des assurances-groupe négociées par secteur ou par entreprise) n’améliore évidemment pas la situation de tous ceux qui ne bénéficient que du 1er pilier. (voir ci-contre)

 

G. Perl suggère quelques pistes à explorer:

Sans prendre position, il constate que le relèvement de l’âge de la pension est prévu dans plusieurs pays européens.

Par ailleurs, il affirme que la liaison de la pension légale aux salaires serait trop coûteuse.

Il évoque la possibilité de renforcer le 1er pilier en complétant le système actuel dit de répartition par une partie de capitalisation.

Des moyens  financiers pour le 1er pilier qui est le plus solidaire pourraient être trouvés en réduisant les encouragements fiscaux au 3ème pilier (épargne-pension et assurance-vie).

Contrairement au Ministre des pensions, Bruno Tobback, il pense que ce serait une erreur de tenter de fusionner le système des fonctionnaires avec celui des salariés et des indépendants.

 

G. Perl propose que les diverses éventualités soient abordées sans aucun tabou pour élaborer un pacte définissant une stratégie d’ensemble. Ce pacte serait négocié entre le nouveau gouvernement, les syndicats et le patronat.

 

Quelques réflexions

La nécessité d’une stratégie consolidée par un pacte est évidente. G. Perl a raison. Le nombre croissant de retraites à financer s’ajoute au besoin d’argent pour relever le niveau du 1er pilier. Ce sont des impératifs qui justifient le signal d’alarme lancé par le patron de l’Office National des Pensions. Les éventualités abordées par G. Perl nous inspirent quelques réflexions.

S’il est vrai que certains pays européens se proposent de retarder l’âge de la pension au-delà de 65 ans, en Belgique, le plus urgent est d’améliorer le niveau de l’emploi en général, et particulièrement chez les jeunes et après 50 ans.

Nous ne pouvons suivre G. Perl lorsqu’il affirme qu’il serait trop coûteux de rétablir la liaison des pensions légales à l’évolution des salaires. Une des causes de l’insuffisance actuelle de ce 1er pilier est précisément la suspension de cette liaison depuis 1982. La question est un choix de priorité dans la gestion des finances publiques entre notamment l’ajustement des allocations sociales au bien-être et les multiples réductions d’impôt.

G. Perl redoute que le rétrécissement de l’éventail des montants au sein du 1er pilier suscite une perte de légitimité. Mais face à cet argument qui mettrait en cause la solidarité dans le 1er pilier, on ne peut faire abstraction des inégalités qui caractérisent le 2ème pilier. Ces inégalités se présentent à trois niveaux, entre ceux qui bénéficient d’un 2ème pilier et ceux qui n’en ont pas, entre les secteurs économiques, par exemple entre l’industrie pétrolière et celle du bois et enfin, entre les niveaux hiérarchiques au sein de certaines entreprises.

G. Perl ouvre le débat entre les tenants de la répartition et ceux de la capitalisation en envisageant une combinaison de deux systèmes.

Ce sont les modalités d’application qui permettraient d’apprécier les conséquences pour la solidarité. S’agit-il d’une capitalisation individuelle qui est une forme d’épargne individuelle obligatoire ou d’une capitalisation collective au bénéfice de tous?

La fusion des trois systèmes des salariés, des indépendants et des fonctionnaires soulèverait effectivement de grosses difficultés surtout en raison du statut particulier des agents des services publics. Notons toutefois qu’au sein de ceux-ci la différence des régimes de pension entre les statutaires et les contractuels devra être abordée.

Par ailleurs, le gouvernement Verhofstadt a réduit très fort l’écart entre les minima des salariés et ceux des indépendants. Deux commissions d’harmonisation sont déjà prévues.

 

G. Perl a donc soulevé des questions dont les réponses ne devraient pas être trop longtemps différées. La méthode d’élaboration du pacte aura son importance.

Il nous semble que la première étape serait de confier à des experts indépendants la mission (et les moyens) d’établir un inventaire complet de la situation.

Qui finalement bénéficie de quoi en analysant la distribution dans les trois piliers? Que coûte à l’Etat les réductions d’impôts et des cotisations sociales consenties aux employeurs  et au personnel dans le 2ème pilier? C’est connu pour le 3ème pilier en 2004: 627 millions d’euros.

Ensuite gouvernement et partenaires sociaux pourront négocier. Comme ce sera long et difficile, mieux vaut ne pas trop attendre…

L’an prochain, un nouveau Conseil des Aînés sera mis en place. Les négociateurs du Pacte seraient bien inspirés de prendre l’avis de cette instance.

Jean Hallet

Président Honoraire de l’UCP,

Mouvement social des aînés

 

Les trois piliers des pensions

Le 1er pilier est celui de la pension légale qui comporte deux régimes distincts: celui des salariés et celui des indépendants. Les agents des services publics dits statutaires  bénéficient d’un système spécifique.

Le 2ème pilier est constitué des assurances-groupes et des fonds de pensions établis par entreprise ou négociés en convention paritaire par secteur. La constitution de ce 2ème pilier est encouragée par des réductions d’impôt et de cotisations sociales. Parmi les pensionnés actuels 35% bénéficient d’un 2ème pilier. Ils seront entre 50 et 70% à l’avenir.

Le 3ème pilier est constitué de l’épargne individuelle (épargne-pension, assurance-vie...).

Dans le système dit de répartition (1er pilier) les cotisations des actifs actuels financent les retraites d’aujourd’hui. En capitalisation, (2ème et 3ème piliers) les cotisations sont placées en réserve pour financer les retraites à l’avenir.


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