Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

A suivre... (7 juin 2007)


 

Ecole et parents partenaires

 

A entendre les doléances des parents comme des enseignants, les enfants de notre temps n'obéissent plus, même aux exigences les plus élémentaires. Après avoir tout essayé, de la séduction à la tolérance, en passant par toutes les formes de négociation, faut-il en revenir à ce temps où il n'était pas question d'entrer en classe sans avoir formé des rangs, où l'enseignant pouvait dire en se plaçant devant la file : "Je ne veux voir qu'une seule tête!"

 

Enseignants et parents ont à faire face aujourd’hui à des exigences contradictoires. D’une part, comme le rappelle Godefroid Cartuyvels, Secrétaire général du Segec (1), “les familles demandent à l’école d’assumer la meilleure formation possible de leurs enfants et, d’autre part, attendent que rien ne soit fait qui bride la créativité et l’épanouissement personnel des enfants.” Mais les parents, eux aussi, éprouvent des difficultés à comprendre l’école d’aujourd’hui, et notamment les nouvelles approches pédagogiques ou tout simplement les nouvelles appellations auxquelles ont recours leurs enfants: “D’un côté, l’école demande aux parents un soutien actif par rapport aux processus d’apprentissage, mais de l’autre, semble leur refuser la possibilité de s’impliquer vraiment dans ces processus, voulant conserver son autonomie.”

Tel était le thème d'une journée co-organisée le 31 mai dernier par la fédération de l'Enseignement fondamental catholique (FédEfoC), la fédération des centres PMS libres (FCPL), le Collège des directeurs de l'enseignement fondamental catholique et l'Union francophone des associations de parents de l'enseignement catholique (UFAPEC) avec cette question fondamentale : "Comment se parler pour trouver de nouveaux équilibres, de nouvelles pistes de collaboration et assurer, ensemble, à partir de responsabilités et de points de vue différents, l'éducation des enfants ?"

 

Enfant-roi, parent-roi

En introduisant cette journée, le chercheur Benoît Petre constate que "les directeurs en ont marre" de se sentir neutralisés dans une partie où “les désirs immédiats des enfants sont plus importants que leur intérêt à long terme…” Tout se passe comme si le souci du développement de la personnalité était devenu secondaire par rapport à un autre objectif: l’épanouissement de l’enfant… tout de suite, ici et maintenant.

Ainsi apparaissent des enfants-rois qui se saisissent de leur GSM, en pleine heure de cours, pour appeler un copain, une copine ou un parent, qui refusent de débarrasser la table de la cantine ("on ne le fait pas au resto"), qui branchent leur enregistreur dès que l'enseignant se fâche… Même si ces situations ne sont pas agréables, elles restent gérables, pourvu que l'on soit ferme et patient.

Mais il y a pire: l’absentéisme organisé, les vols et les rackets, la détérioration des locaux scolaires, les agressions verbales et physiques contre les enseignants… Le plus difficile, affirment des enseignants, c'est de gérer les parents qui sont en quelque sorte "le terreau de l'enfant-roi". Ce sont les parents qui vacillent devant leurs enfants. Soit qu’ils abdiquent et renoncent à exercer toute autorité: “Oui, ma fille ne mange que des chips à midi. C’est son choix!” Soit qu’ils prennent la défense aveugle de leurs enfants et vont jusqu'à mobiliser presse et justice pour faire entendre raison à l'enseignant ou au directeur d'école (“c’est la dernière fois que je vous autorise à punir mon enfant!”). “Et c’est ainsi, constate Bruno Dayez, avocat au Barreau de Bruxelles, que le droit est entré dans l’école…mais, ajoute-t-il, personne ne peut asseoir son autorité sur le “tout punitif. Le système juridique est un ring où tout finit par K.O. de l’adversaire alors que le système scolaire parle de médiation, de solidarité, de communication…On n’est pas dans le même système!”

Dans de telles circonstances, le problème n'est plus un problème d'autorité vis-à-vis de l'enfant. C'est la légitimité de l'autorité de l'école qui est elle-même mise en question! Les enfants-rois et les parents-rois ne sont peut-être pas très nombreux, statistiquement parlant. Mais les dépenses d'énergie exigées des enseignants pour résister au climat négatif qui se développe autour de ces conflits sont particulièrement épuisantes.

 

L’école, un lieu de participation

Peut-on analyser les causes d’une telle remise en question de l’autorité? Il y a sûrement des causes lointaines qui tiennent à l’évolution culturelle de notre société occidentale que l’on qualifie d’hypermoderne, c’est-à-dire marquée par l’apothéose de l’individu, la rapidité des flux de changements, la valorisation du temps immédiat au dépens du temps historique… ou le surinvestissement autour de l’enfance. La question est à l'ordre du jour : n'a-t-on pas ainsi ouvert largement une voie vers la chute de l'autorité dont on se plaint tant aujourd'hui?… Et, après tout, les enfants instables, exigeants, revendicatifs, capricieux… “n’ont-ils pas les caractéristiques de cet univers hypermoderne”, faisait remarquer madame Sausse, psychanalyste?

Il est d’autres causes, plus proches du quotidien, sur lesquelles on peut agir. Quand des fautes relèvent de toute évidence de fautes de disciplines, voire de fautes pénales comme les violences sur les personnes ou la dégradation de bâtiments, les moyens d’agir, légaux ou règlementaires, existent. Plus difficile à contenir est la violence sournoise (comme l’absentéisme).
 

Mais l'école est aussi, pour beaucoup de parents, un lieu de participation et elle attire un certain nombre de parents très motivés. Pour eux, si l’école est naturellement très liée à l’histoire de leur enfant, l’école n’est pas seulement le lieu de l'ascension sociale et individuelle, mais celui de l'intégration sociale. L’école est un milieu d’apprentissage de la norme: il y a ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire. C’est un lieu où les parents ont quelque chose à dire et à faire. Devant la longue liste de soucis auxquels parents et enseignants sont aujourd’hui confrontés, il faut savoir faire le tri en se concentrant en premier lieu sur ce qu’ils sont capables de changer pour élargir ensuite leur zone d’action.

Christian Van Rompaey

 

(1) Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique en Communauté française et germanophone.

 


Réagir à cet article

Retour à l'index

A suivre 2007