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A suivre... (7 juillet 2005)

 

Faut-il s’inquiéter de vieillir ?

 

Étrange paradoxe. Alors que nous devrions nous réjouir d’avoir obtenu un allongement sans précédent de l’espérance de vie, avec une amélioration constante de l’état de santé des personnes âgées, la vieillesse n’en finit pas de nous inquiéter.

 

D’une part, la retraite ne marque plus l’entrée dans la vieillesse. Que du contraire ! Le retraité d’aujourd’hui peut raisonnablement penser à une deuxième vie active, libérée des obligations du travail sous contrainte. Mais, d’autre part, celui-ci n’oublie pas que — inévitablement — “l’âge d’or” rejoint un jour “le grand âge” avec ses déficiences physiques, intellectuelles, psychologiques et la perte progressive ou subite de son autonomie. Voilà ce qui nous inquiète, plus ou moins consciemment : bien que l’espérance de vie sans incapacité est en hausse, l’augmentation du nombre de personnes très âgées donne à penser que la vieillesse devient une charge pour les familles et la société toute entière. Comment notre système de sécurité sociale pourra-t-il assurer le paiement des pensions futures et faire face à des dépenses de santé et d’accompagnement sans cesse croissantes ?

Le service d’étude de la Mutualité chrétienne a tenté d’évaluer “l’impact budgétaire du vieillissement de la population”. Un message essentiel ressort de cette vaste analyse. L’effet budgétaire du vieillissement ne tient pas tant au vieillissement démographique en lui-même, c’est-à-dire au fait qu’il y a de plus en plus de personnes âgées et de moins en moins de jeunes, mais à une série de facteurs qui résultent de ce qu’il convient d’appeler un “effet générationnel” (1).

 

Des comportements, des choix, des modes de vie, des valeurs propres à chaque génération pèsent en effet de manière déterminante sur les dépenses en soins de santé dans le sens de la hausse : des revalorisations barémiques, l’introduction de nouvelles technologies, des demandes accrues de confort, de nouvelles exigences individuelles en terme de qualité de vie, les compensations à la hausse du pouvoir d’achat, le développement de nouvelles formules de prise en charge de la dépendance des personnes âgées… “En fin de compte, explique Christian Léonard responsable du service Recherche et Développement, le fait que le vieillissement ‘pur’ ne joue pas un rôle prépondérant dans l’évolution des dépenses de santé peut être compris comme un message rassurant…” Cela signifie en effet que “les effets budgétaires du vieillissement peuvent ainsi être réduits par des politiques adéquates…

 

Jean Hermesse, secrétaire national de la Mutualité chrétienne, constate ainsi que si nous laissons les choses en l’état, nous subirons incontestablement, vers 2010, l’impact du vieillissement de notre population. Alors, il est temps de se risquer à lancer quelques recommandations politiques.

 

1. Un financement solidaire suffisant

Le coût total du vieillissement sur les soins de santé est estimé à 0,7% des dépenses publiques de santé. Cela n’est pas énorme. Par contre, “l’effet générationnel” évoqué ci-dessus n’est pas du tout maîtrisé. Nous n’échapperons donc pas à un financement complémentaire. Mais celui-ci sera-t-il privé ou social ? La Mutualité chrétienne estime que le financement solidaire est le meilleur moyen de trouver de nouvelles sources de financement alternatif (2).

 

2. Une meilleure maîtrise des coûts et des indications médicales

Plus que le vieillissement en lui-même, ce sont les nouvelles offres de soins, les nouveaux médicaments qui apparaissent, les nouvelles exigences propres à chaque génération qui pèsent sur le budget... Il nous faut donc mieux maîtriser les indications médicales et mieux évaluer la pertinence de l’intervention publique pour certains médicaments ou certaines prestations. Cela permettrait par ailleurs de dégager des moyens pour rendre les soins plus humains.

 

3. Reconnaître et soutenir les aidants naturels

Depuis longtemps la Mutualité chrétienne plaide pour la création d’une assurance dépendance fédérale (assurance autonomie). Celle-ci soutiendrait les réseaux des aidants naturels. En effet, une personne soignée à domicile bénéficie en moyenne de quelques dizaines d’heures d’aide subsidiée tandis que les aidants naturels (mari, femme, enfants, amis…) passent plusieurs centaines d’heures par mois à s’occuper des personnes âgées qui vivent à domicile. Par ailleurs, la politique “générale” doit se préoccuper davantage de la qualité des logements, des problèmes de mobilité, des questions de sécurité…

 

4. Mieux coordonner et informer sur la variété des services disponibles

L’offre actuelle de structures et de services auxquels les personnes âgées peuvent faire appel est vaste et diversifiée. Mais s’il n’est pas simple, même pour des professionnels, de fournir une vue d’ensemble de cette sphère des soins de santé pour les personnes âgées, que dire alors des personnes qui recherchent des structures d’accueil, d’aides ou de soins ?

 

5. Assurances complémentaires

Les assurances complémentaires pour les personnes âgées sont en plein développement. Les primes sont à la hausse, avec des conditions d’exclusion, une sélection des risques… alors qu’il faudrait y ajouter plus de solidarité. Pourquoi ne pas légiférer, comme en Irlande, où la loi prévoit qu’une assurance privée ne peut être mise sur le marché si elle ne propose pas une prime unique (pas de clauses d’exclusion) afin de favoriser la solidarité ?

 

Christian Van Rompaey

 

(1) Le vieillissement, un enjeu collectif. Hervé Avalosse, Koen Cornélis, Christian Léonard, Rebekka Verniest. Département recherche et développement. Dossier thématique Mutualité Chrétienne – N°5 – Mai 2005.

Téléchargeable en format PDF (2,33 Mb) sur le site de la Mutualité chrétienne.

 

(2) Lire l’éditorial du 19 mai 2005 : “Assurer l’avenir de la sécurité sociale” 

 

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