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Vie Quotidienne (20 avril 2006)


 

Observer les oiseaux de chez nous

Chausse-pied pour le naturaliste en herbe, la connaissance des oiseaux permet de garder un lien étroit avec la biodiversité qui nous entoure et d’éveiller un engagement profond en faveur de sa conservation. Ringarde l’observation des oiseaux ? La jeune génération en a bien besoin. Plus que jamais !

Tous les écoliers disent aimer les animaux. Mais de nos jours, lequel d’entre eux arrive encore à mettre un nom sur nos espèces d’oiseaux sauvages ? Selon une vaste enquête menée en Angleterre où, parmi les adultes, figure pourtant un nombre record d’ornithologues, le constat est édifiant. Si le rouge-gorge, le pic vert, le merle, le goéland et la mésange bleue sont reconnus sans trop de difficulté, c’est parce que ces espèces apparaissent tout bonnement dans les publicités, les dessins animés ou les jeux informatiques. Jamais parce qu’ils ont été observés dans la nature ! Le constat n’est guère plus encourageant chez nous, en Belgique. Faune et flore de nos régions leur sont de plus en plus étrangères aux jeunes. Pis, à leurs yeux, l’intérêt porté à la nature relève d’un passe-temps pour retraités.

A l’heure où la planète voit s’épancher sa biodiversité et que les grands enjeux se jouent désormais sur le front de l’environnement, ce constat dramatique fait figure de paradoxe. Nos enfants sont-ils devenus les analphabètes du milieu naturel ?
Pour remédier à cette situation, l’association Natagora et son pôle ornithologique Aves ont décidé d’initier les plus jeunes à la biodiversité, là où elle est à portée de main. C’est à dire au jardin (voir encadré). En Belgique, deux familles sur trois en possèdent un. Pour la troisième année consécutive, l’opération “Devine qui vient manger chez nous aujourd’hui” a mobilisé cet hiver des milliers d’observateurs. Tous se sont émerveillés de leur beauté et de leur diversité au mangeoire. Les volontaires ont simplement dû les dénombrer et renvoyer un formulaire. Un dépliant illustrant 24 espèces leur a permis de les identifier sans trop de difficultés. L’analyse des résultats engrangés est intéressante. Elle permet de suivre dans les grandes lignes, les espèces les plus communes, dont on sait aujourd’hui qu’elles ne sont pas à l’abri d’un déclin. Tel est par exemple le cas du moineau domestique dont les effectifs ont chuté en ville.


Pour un jardin plus nature

Dans la foulée de l’opération de sensibilisation, l’association a avancé d’autres idées. A quoi bon s’apitoyer sur la situation planétaire, si le milieu naturel qui nous entoure est aseptisé à l’extrême? Renouons donc avec la biodiversité à domicile. La notion de refuge naturel est en vogue. Une pelouse impeccable entourée d’alignements de thuyas ou parsemée de massifs de bambous, est de bien peu d’intérêt pour la faune de chez nous. Un modèle de jardinage passe-partout qui en dit long sur notre perception de l’environnement. Et bien non, la nature, ce n’est pas sale ! Quelques conseils à la volée ont fait mouche: vous aimez les oiseaux ? Fort bien, alors aménagez votre jardin en conséquence. Plantez-y des haies denses d’espèces indigènes avec des sorbiers, des sureaux et toutes sortes d’arbustes à baies dont se délecteront les oiseaux. Pensez à les mélanger avec des épineux pour leur servir de refuge, tels les aubépines, les prunelliers sauvages ou encore l’églantier. Une petite mare naturelle sans poissons rouges leur servira d’abreuvoir. N’ayez pas peur d’un petit massif de ronces au fond du jardin, même si les voisins vous disent que ça fait désordre. Expliquez leur votre démarche, c’est contagieux. Quant aux produits chimiques, personne n’ignore qu’ils affectent autant le hérisson que les oiseaux. Les alternatives écologiques existent, alors autant en faire usage…

Au jardin, les “restos du cœur” que sont les tables de nourrissage sont des salons parfois très fréquentés. Mais les ornithologues n’ignorent pas que cette compassion pour les oiseaux en période de disette, profite essentiellement aux espèces sédentaires, opportunistes et peu exigeantes. Celles qui ont justement le moins de problèmes à s’adapter à l’appauvrissement de notre environnement.

Si l’opération a démontré que les populations de ces espèces anthropophiles, c’est-à-dire “qui aiment l’homme” étaient stables, hélas tel n’est pas le cas de toutes nos espèces d’oiseaux ! Une autre opération, de beaucoup plus grande envergure, soutenue par la Région wallonne et en cours de finalisation, dévoile l’envers du décor. Une situation, hélas, bien plus préoccupante. La réalisation de l’“Atlas des Oiseaux Nicheurs de Wallonie” a été menée à bien grâce à la participation de 300 ornithologues chevronnés. Durant 5 ans, ils ont quantifié et cartographié toutes les espèces qui se reproduisent en Wallonie. Pas moins de 170. Au fil des saisons, les prospecteurs ont été abasourdis de découvrir que beaucoup d’entre elles avaient déserté nos campagnes. La plupart, sur la pointe des pieds. Pourquoi entend-on de moins en moins souvent le “tire-lire” de l’alouette? Et le chant du coucou que tout le monde connaît? Où sont passées nos espèces de bruants, de pipits et de traquets ? Plusieurs dizaines de superbes petits passereaux migrateurs, comme le rouge-queue à front blanc, le gobe-mouche gris et le pouillot siffleur, autrefois communs, se sont fortement raréfiés. Contrairement à la majorité des espèces forestières qui fréquentent volontiers nos mangeoires, celles des espaces ouverts accusent des reculs catastrophiques. En cause, la stérilisation et la banalisation à l’extrême de notre environnement agricole où le maillage biologique, les haies notamment, continuent à se détricoter. Des mesures agro-environnementales efficaces devraient pouvoir en partie remédier à cette situation. En attendant, bien des espaces champêtres sont devenus silencieux et dans les villages, les bavardages des hirondelles se font rares. Même les agriculteurs s’émeuvent de leur disparition. Eh oui, c’est toujours quand le pendule s’arrête, qu’on entend son tic-tac…

Bruxelles, capitale européenne des perruches
Toutes nos espèces sont-elles donc menacées de disparition? Cette perception, un brin pessimiste, effet pervers des campagnes de sensibilisation des associations de défense de la nature, risquerait d’engendrer dans la population un sentiment de résignation. Nos populations d’oiseaux, soumises à évolution constante, savent aussi s’adapter. Peu de gens le savent, mais beaucoup d’espèces sont en extension. Et les bonnes nouvelles ne manquent pas, sauf que peu de publicité en est faite. Durant les dernières décennies, les rapaces par exemple ont bénéficié d’une protection efficace. L’épervier, la buse variable et l’autour se portent plutôt bien. De même que le milan royal pourtant en régression ailleurs en Europe occidentale. Ailleurs, ceux que l’on n’attendait plus sont revenus : le faucon pèlerin niche sur nos cathédrales, le hibou grand duc hante désormais les plus petites carrières et la cigogne noire, les grands massifs ardennais. Plus récemment, l’arrivée sur nos étangs de la grande aigrette aux côtés des hérons cendrés, constitue un véritable enchantement. Quant aux grands cormorans, ils sont maintenant partout. Mais ces retours ne sont que des victoires éphémères. Accusés de s’en prendre aux poissons, des dérogations viennent d’être signées l’été dernier pour les tirer. Un dangereux précédent…

En ville, d’autres espèces ont aussi fait leur apparition. Bernache du Canada, ouette d’Egypte, ouette de Patagonie et autres canards mandarins gagnent chaque année du terrain. Bruxelles peut même se targuer d’être devenue la capitale européenne des perruches. Pas moins de trois espèces s’y reproduisent. Mais comment expliquer au public que l’explosion de ces espèces exotiques constitue une bombe à retardement pour notre biodiversité, au même titre que le rat musqué, la coccinelle asiatique ou la renouée du Japon? Ironiquement, ces oiseaux colorés et peu farouches sont souvent les seules espèces que les promeneurs urbains (re)connaissent. Notre faune indigène est bien plus discrète. On aurait tort pourtant de se réjouir de leur présence dans nos espaces verts. Selon la Convention de Rio (1992), les espèces invasives constituent la seconde cause d’extinction d’espèces, après la disparition des milieux naturels…


Marc Fasol
 

Pour aller plus loin…

Participer à des excursions guidées
Natagora, association de protection de la nature issue du rapprochement entre la Société d’Études Ornithologiques Aves, et Réserves Naturelles RNOB, propose un calendrier d’activités et de promenades guidées. Infos : 081/83.05.70. www.natagora.be

Où observer les oiseaux ?
Aves propose une sélection de sites d’observation en Wallonie, à Bruxelles et dans les régions limitrophes. Infos : www.aves.be 

Webcam Natagoresto
Chaque jour sur ce même site web, il est possible d’observer les oiseaux se nourrir dans un Natagoresto, mangeoire filmée par Webcam. Mieux : en installant une Webcam devant VOTRE mangeoire, il vous est proposé de partager VOS observations avec d’autres internautes !

Pour un jardin plus nature
Consultez “Jardin sauvage : comment aménager un terrain pour inviter la faune et la flore” - Collection Connaître et protéger la Nature. Prix : 10 EUR. Ou encore “Un jardin pour les oiseaux” par Gérard Grolleau - Ed. Ulmer. Prix : 17,02 EUR.

Pour aider les oiseaux
Consultez “La nature sous son toit. Hommes et bêtes : comment cohabiter”? Par Jean-François Noblet - Ed. Delachaux et Niestlé. Prix : 21,95 EUR. “Les oiseaux en hiver”, brochure par Olivier Biber et H.P. Pfister. Prix : 3,50 EUR -“Aidons les martinets et les hirondelles” brochure par le Club Protection de la Nature. Prix : 3,50 EUR.

Toutes ces publications ainsi que CD, DVD, matériel optique, sont en vente à la librairie Aves, la plus grande librairie naturaliste francophone d’Europe, rue Fush, 3 à 4000 Liège. Tél. : 04/ 250.95.90. Catalogue et commandes en ligne : www.aves.be/librairie

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