Vie Quotidienne
(4 octobre 2012)
Eviter les accidents
domestiques, c’est possible
Pour
aller plus loin |
> L’Institut national de prévention et
d’éducation pour la santé (France) a rédigé une brochure
très didactique. “Protégez votre enfant des accidents domestiques” est
téléchargeable sur www.inpes.sante.fr
> L’Office de la naissance et de l’enfance
(ONE) a publié des fiches thématiques basées essentiellement
sur des images pour un public peu familier des brochures en français. Le jeu
de fiches “Développement et sécurité” explique l’évolution du développement
de l’enfant jusqu’à six ans et met l’accent sur l’attitude à avoir pour
aider l’enfant à acquérir sa sécurité intérieure et extérieure. Ces fiches
servent idéalement de support pour des intervenants psycho-médico-sociaux.
Infos : www.one.be
> Le site
www.accidents-domestiques.com fournit de nombreux conseils pour
prévenir les accidents dans chaque pièce de la maison. Interactif et
ludique, il est très accessible.
> L’asbl Educa-Santé diffuse
deux outils pédagogiques à utiliser lors d’animations de groupe. Composé de
cartons et cartes illustrées, “Le Risque Tout” sollicite les cinq sens de
l’enfant pour enquêter sur les dangers qui menacent la famille Souris. La
“Petite Maison”, quant à elle, est la reproduction fidèle d'une grande
maison, avec des décors et dessins qui s’illuminent. Infos :
071/30.14.48. –
www.educasante.org
> L’asbl Cultures&Santé a
publié un catalogue général d’outils pédagogiques. Infos :
02/558.88.11. -
www.cultures-sante.be |
L’habitation est avant tout un lieu de ressourcement, de repos et de
bien-être. Mais elle est aussi source de nombreux dangers, tout
particulièrement pour les petits enfants. Conseils pratiques pour éviter les
accidents de la vie courante.
Une chute dans les escaliers avec un trotteur,
des doigts coincés dans une porte, les pieds qui se prennent dans le fil du
fer à repasser, une armoire mal fixée qui bascule, un chien surpris dans son
sommeil qui montre les crocs, un poêlon d’eau bouillante en déséquilibre sur
la taque de cuisson, du produit de vaisselle bu comme de la citronnade, une
glissade dans la baignoire sans surveillance… Les accidents qui ont lieu au
domicile ou dans l’environnement immédiat de l’enfant peuvent rapidement
tourner au drame. Ils sont d’ailleurs une des principales causes de décès
chez les enfants jusqu’à 14 ans (les moins de 4 ans davantage que les plus
grands). Ils sont aussi à l’origine de blessures et de traumatismes qui
peuvent laisser des séquelles graves aux jeunes victimes.
Surveillance, explications, précautions
Même
s’il est impossible de bénéficier chez soi d’une sécurité à 100%, il est
tout de même possible d’écarter la plupart des dangers et de prendre un
maximum de précautions.
Trois
grandes recommandations peuvent ainsi être formulées aux adultes et en
particulier aux parents :
> Surveiller l’enfant. Le tout-petit ne peut jamais être
laissé seul dans son bain, sur la table à langer, dans la maison ou la
voiture. Au fur et à mesure qu’il grandit, l’enfant fait des progrès et part
explorer le monde qui l’entoure sans avoir conscience des risques. Chaque
étape du développement nécessite un accompagnement adapté de l’adulte pour
permettre à l’enfant de partir à la découverte de son environnement en toute
sécurité.
> Expliquer les dangers à l’enfant. Avec des mots et des
gestes adaptés à son âge, il faut lui faire comprendre les risques qu’il
court et la manière de les éviter : lui apprendre à descendre les escaliers,
à manier des ciseaux, le mettre en garde contre la chaleur du poêle ou du
four, lui montrer comment traverser la rue… Ainsi, s’il arrive que l’enfant
se retrouve seul dans une situation de danger, la probabilité est plus
grande qu’il adopte les bons réflexes afin d’assurer sa propre sécurité.
Pourquoi ne pas aborder ce sujet avec lui de manière ludique ? De nombreux
jeux, livres et outils pédagogiques abordent ce sujet (voir ‘Pour aller plus
loin’).
> Adopter les bons réflexes et comportements. Certaines
mesures de précaution et des gestes simples permettent d’éviter des
accidents. Ici aussi, tout dépend des risques spécifiques que l’enfant
encourt au fur et à mesure qu’il grandit. Sans doute, le mieux est-il de
procéder pièce par pièce dans l’habitation pour visualiser les zones à
risque et agir utilement (voir ‘Pour aller plus loin’). Judicieux aussi :
demander conseil à des professionnels (médecin traitant, travailleur
médico-social de l’ONE, assistant social, puéricultrice…).
Voici
quelques points d’attention que nous avons sélectionnés parmi d’autres.
La cuisine
Entre
les plaques de cuisson, les fours, les électroménagers, la friteuse et les
couteaux, la cuisine est un lieu particulièrement dangereux pour les
enfants. Blessures et brûlures sont les principaux accidents qui s’y
produisent. Quelques conseils : tourner les manches des casseroles vers
l’intérieur; ranger couteaux, sacs en plastique, allumettes, produits
d’entretien… hors de portée des enfants ; débrancher les appareils ménagers
après emploi ; vérifier la température du biberon et des aliments chauffés ;
placer le four à micro-ondes à un endroit inaccessible ; équiper portes
basses, placards et tiroirs de systèmes de blocage ; placer des cache-prises
; ne pas transvaser des produits d’entretien dans des bocaux alimentaires ;
ne jamais transporter une friteuse ou une casserole bouillante en présence
d’un enfant ; ne pas le laisser sans surveillance dans sa chaise haute…
La salle de
bains
Un
bébé peut se noyer dans 10 cm d'eau. Un enfant de 18 mois, dans moins de 20
cm d'eau. Il est donc conseillé d'utiliser un siège pour le bain et de ne
pas quitter l’enfant. Lorsque l’enfant est plus grand, la pose d’un tapis
antidérapant au fond de la baignoire ou de la douche ainsi qu'à la sortie du
bain est recommandée. Autres précautions à prendre pour éviter les brûlures
cette fois : toujours vérifier la température de l’eau, limiter à 50°C
l'échauffement de l'eau à la source et placer de préférence des robinets
mélangeurs thermostatiques. Pour éviter que l'enfant avale, inhale ou
reçoive dans les yeux des substances chimiques (eau de Javel, parfums,
produits d’entretien…), il est impératif de placer ces produits hors de
portée. On rangera aussi les médicaments dans une armoire fermée à clef.
La chambre
Le
lit et la literie doivent être adaptés à l’âge. Mettre bébé à plat sur le
dos pour dormir diminue le risque de mort subite de 70%. Pour les
tout-petits: pas de lit sans barreaux ni de lits superposés, adopter le
sur-pyjama plutôt que la couette, ne pas encombrer le lit de jouets et
peluches...
Quelques
conseils encore…
> Les premières années, l'enfant porte tout à sa bouche. Les
étouffements sont souvent provoqués par des aliments mais aussi par des
petits objets (billes, monnaie, médicaments, pièces de jouets). La vigilance
et le rangement sont donc de mise. Les jouets doivent être adaptés à l’âge
de l’enfant et conformes aux normes européennes de sécurité.
> Attention aux escaliers : dès que l’enfant se déplace à
quatre pattes, placer des barrières de sécurité en haut et en bas des
marches (ou fermer les portes des pièces qui y mènent). Ne poser aucun objet
sur les marches. Si possible les équiper d’une moquette antidérapante.
> De nombreux accidents sont dus à des armoires et étagères
qui basculent lorsque l’enfant s’y accroche. Il est donc impératif, lorsque
l’on place ou monte soi-même de tels meubles, de les fixer au mur comme
c’est d’ailleurs recommandé par les fabricants.
> La plupart des morsures dont sont victimes les enfants
(avec parfois des conséquences très graves) sont le fait du chien familial.
Il faut donc exercer une vigilance attentive et ne pas laisser un jeune
enfant seul avec un animal, même familier. Il est important de lui expliquer
que le chien peut avoir des réactions inattendues et dangereuses, et de lui
apprendre à ne pas le déranger quand il mange, dort…
// JOËLLE
DELVAUX
Sphère privée, santé publique
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© Philippe Turpin/Belpress |
Les accidents domestiques tuent et blessent davantage que les accidents de
la circulation. Pourtant, ils ne semblent pas représenter un problème majeur
aux yeux du politique. “Hasard, maladresse, défaut de surveillance sont
couramment avancés pour expliquer les accidents qui relèvent de la sphère
privée”, avance Michèle Lalanne, auteure de “Sociologie des risques
domestiques: des accidents invisibles ?”(1). Les solutions préconisées
relèvent donc quasi exclusivement de la responsabilisation des parents et de
la sensibilisation des enfants aux dangers qu’ils encourent.
Mais c’est
oublier la dimension collective des risques, accuse la sociologue française
qui s’est attachée à comprendre l'invisibilité sociale de ce problème de
santé publique, malgré les preuves statistiques de mortalité et de
morbidité. “Les causes sociétales et les facteurs sociaux n'ont jamais été
recherchés, constate-t-elle. Les éclairer au grand jour permet de donner des
pistes pour la mise en œuvre de politiques publiques chargées de réduire le
risque encouru et donc le nombre d'accidents”. Plus près de nous, en région
bruxelloise, l’asbl Cultures&Santé a mené une réflexion sur les inégalités
sociales de santé en matière d’accidents domestiques(2). “En Belgique,
aucune information ne permet de caractériser le niveau-socio-économique des
enfants victimes d’accidents domestiques. Des études réalisées en Angleterre
et au Québec montrent toutefois que les traumatismes non-intentionnels sont
plus fréquents dans les populations au niveau socio-économique faible”,
pointe l’association. “Même si c’est difficile à chiffrer, les conditions de
logement et le cadre de vie familiale ont un impact sur la survenue des
accidents domestiques et la gravité des traumatismes”, explique Marjolaine Lonfils, permanente à l’association.
Un logement vétuste, des installations
électriques non conformes, une sur-occupation de l’espace, du matériel en
mauvais état... autant de facteurs de risque d’accidents.
L’environnement
social joue aussi : le fait de vivre seul avec plusieurs enfants,
l’impossibilité de faire appel au voisinage ou à la famille pour garder les
enfants...
Une telle analyse – qui mériterait d’être davantage approfondie –
plaide pour que le politique se saisisse de la problématique et tente d’agir
globalement et collectivement pour réduire les risques. Les priorités? Des
logements décents et salubres, du matériel de sécurité de bonne qualité et
accessible financièrement, des législations adaptées pour renforcer la
sécurité des matériaux et produits et pour davantage informer les
consommateurs... Sans oublier le développement et le soutien aux acteurs qui
mènent un travail de promotion de la santé et de la sécurité au plus près
des familles et de leur milieu de vie... Tout un programme!
//JD
(1) Publié en 2010 par le Centre d’étude et de recherche travail
organisation pouvoir (Toulouse). Infos :
http://w3.certop.univ-tlse2.fr
(2)
Focus santé (novembre 2011) téléchargeable sur
www.cultures-sante.be
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