Vie Quotidienne
(17 mai 2012)
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Bébé : partir du bon pied
Trouver
chaussure
à son pied
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© Odilon Dimier PhotoAlto /Reporters |
Tongs,
bottes, escarpins, baskets, talons aiguilles, semelles compensées… Selon la
mode, leur fonction, les styles, les chaussures se déclinent sous toutes les
formes. Bien que leur utilité première soit de protéger les pieds, certaines
ne rencontrent pas du tout cet objectif. Au contraire, elles les font
souffrir. Sans parler des importantes conséquences qu’elles ont sur
l’ensemble du corps.
Accessoires de
mode, de sport ou de la vie de tous les jours, les chaussures s’assortissent
aux vêtements, s’adaptent à nos activités… Mais le font-elles toujours dans
le respect du pied qu’elles sont censées protéger? Qui peut se targuer de ne
jamais avoir mal aux pieds? Et ces nouvelles chaussures délaissées au fond
d’un placard sous prétexte qu’elles font souffrir…? Ces situations sont
courantes. Trop étroits, trop hauts, blessant le talon, etc., les souliers
martyrisent souvent, en premier lieu, une partie du corps très importante:
les pieds.
Tout repose
sur eux
Eléments pourtant
incontournables de notre anatomie, les pieds, souvent associés à des odeurs
nauséabondes, sont, la plupart du temps, délaissés, voire négligés ou
cachés. En témoignent de nombreuses expressions négatives comme “être bête
comme ses pieds” ou encore “se lever du pied gauche”. Prendre soin d’eux
n’est pas ancré dans les mœurs. A tort sûrement… Car plus d’un quart des os
du squelette humain sont localisés dans ces zones du corps. Une vingtaine de
muscles les composent. Elles sont notamment dotées de nombreuses
terminaisons nerveuses. Enfin, l’ensemble du corps repose sur les pieds. Les
chouchouter en choisissant de bonnes chaussures est donc important. Enfermés
à longueur de journée, les pieds doivent se glisser dans un soulier qui les
soutient tout en leur laissant une certaine aisance.
Être bien
dans ses baskets
“Je donne
toujours trois conseils pour acheter de bonnes chaussures, explique
Céline Durieux, podologue aux Clinique universitaires Saint- Luc (UCL).
Premièrement, il faut tester sa capacité de pliure au niveau des orteils :
ne pas être trop souple comme les ballerines, ni trop rigide comme les
chaussures à grosses semelles compensées. Il faut pouvoir plier le pied
chaussé. Deuxièmement, il faut être attentif à la torsion : la chaussure,
maintient-elle suffisamment le médio- pied? Enfin, il est nécessaire de
faire attention au contrefort pour un bon soutien de la cheville.”
Une
certaine aisance
A ces trois
conseils de base, s’ajoute la taille de la chaussure adaptée à la grandeur
et à la forme du pied. “Les orteils doivent être à l’aise dans la
chaussure. Les comprimer par un bout pointu n’est pas conseillé,
continue la podologue. Acheter des chaussures ni trop petites ni trop
grandes est essentiel. Pour trouver sa pointure, l’idéal est de pouvoir
glisser un doigt (l’auriculaire pour les enfants) derrière le pied une fois
chaussé. Pendant la marche, le pied se déroule : les orteils avancent donc
un peu dans le soulier. Il doit donc y avoir de la place pour que ce
mouvement s’effectue sans encombre. Une autre technique pour s’assurer
qu’une chaussure convient à un enfant, ou même à soi, est de dessiner son
pied sur une feuille de papier et d’y déposer la chaussure au-dessus de ce
croquis. Si le pied dessiné la dépasse en longueur ou en largeur, elle ne
convient pas. Acheter une paire de chaussures en fin de journée quand les
pieds ont eu le temps de ‘gonfler’ avec l’effort permet de choisir une
taille adéquate.”
Pas trop
hautes
Autre point
d’attention : le talon. Féminines, sexy, les chaussures à talon aiguille ou
à talon haut séduisent. Pourtant véritables engins de torture, elles
devraient rester au placard. “Un talon ne doit pas excéder quatre
centimètres de hauteur, poursuit Céline Durieux. Au-delà, des maux
de dos risquent d’apparaître. L’idéal, ce sont ceux d’un ou deux
centimètres.” Le pied posé sur une chaussure à talon est complètement
déséquilibré. Le poids du corps se répartit normalement sur l’ensemble de la
plante du pied. Avec un talon, ces proportions ne sont plus respectées :
l’avant du pied supporte un poids démesuré.
“La matière du
soulier importe également, précise la podologue. Le cuir laisse respirer le
pied. Ce qui n’est pas le cas des chaussures en plastique ou en synthétique
qui le font transpirer. Aux personnes âgées qui ont la peau très fine et
fragile, je conseille généralement des souliers en nubuck, matière qui a une
certaine souplesse.”
Mal au pied
!
Des pathologies
peuvent apparaître avec un port de chaussures mal adaptées. La plus connue,
et sûrement la plus bénigne, est l’ampoule. Cette petite bulle cutanée
apparaît à la suite d’un frottement sur le talon, les orteils ou même la
plante du pied. Les chaussures neuves (mais elles ne sont pas les seules)
sont souvent mises en cause : les tester chez soi en marchant un peu se
présente comme une bonne solution. “Passer sa main à l’intérieur du
soulier quand on l’achète, conseille Céline Durieux, permet aussi
de sentir s’il y a des coutures qui ressortent et pourraient blesser.”
Les mycoses ou
champignons révèlent aussi les mauvaises chaussures. Une transpiration
excessive va laisser le pied macérer dans un endroit clos, humide et sombre
pendant de longues heures. L’idéal pour leur prolifération. “Aérer sa
chaussure chaque jour et alterner de paires permet d’éviter l’apparition de
champignons”, ajoute la podologue. Autres problèmes qui peuvent
survenir avec une chaussure inadéquate : les cors, les durillons, les ongles
incarnés… Douleurs et gênes sont au rendez-vous.
L’hallux valgus,
mieux connu sous le nom d’oignon, présente un problème un peu plus
important. Cette déviation du premier métatarsien et du gros orteil déforme
le pied. Une chaussure trop étroite (bout pointu) ou trop haute peuvent en
être la cause. Il faut parfois envisager une opération pour en venir à bout.
Par ailleurs, de mauvais souliers ont une influence sur l’ensemble du
squelette. Des problèmes de genoux, de bassins, de dos… parfois, même des
migraines peuvent également apparaître.
A chaque
activité, sa chaussure
Mais les chaussures
sont aussi un accessoire de mode. Comment faire comprendre à son ado que des
baskets ne sont peut-être pas des chaussures idéales à porter toute la
journée? Ou faut-il renoncer complètement à ces jolis talons hauts? Le
Docteur Renaud Rossillon, orthopédiste pédiatrique à la Clinique Saint-
Pierre d’Ottignies tempère : “Certaines chaussures se réservent pour
quelques activités spécifiques.” Les tongs à la plage ou les baskets
pour le sport… ne devraient pas trop poser de problèmes. Par contre, il ne
faut pas envisager de parcourir des kilomètres avec les premières, par
exemple. Et de conclure avec humour : “Vous n’allez pas danser avec des
chaussures de ski!”
Marcher à pied nu
(à part pour les patients diabétiques ou neuropathologiques qui ne
sentiraient pas une éventuelle blessure) est également encouragé. Avec de
telles consignes, chacun pourra trouver chaussure à son pied. Pour se sentir
bien dans ses baskets…
// VIRGINIE
TIBERGHIEN
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