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Tourisme (1er juillet 2004)

 

Giverny, le tableau vivant de Monet

A Giverny, aux portes de la Normandie, le peintre Claude Monet créa un jardin, vraiment extraordinaire, “un tableau exécuté à même la nature”. Parcours d’artiste.

 

C’est en 1883 que Monet s’installe dans la vaste maison rose qui borde la rue de l’Amiscourt, à Giverny, dans l’Eure, à 70 km à l’ouest de Paris. Il a 43 ans, il vit avec Alice Hoschedé, la femme de son mécène. A eux deux, ils ont 8 enfants: deux de son épouse Camille, morte de la tuberculose en 1879, et les 6 enfants du couple Hoschedé. Il faut donc une grande maison pour loger tout ce monde et Monet n’aime pas la ville. Il lui faut l’air et surtout la lumière de la campagne. Depuis des années déjà, il y plante son chevalet, faisant en cela grand scandale dans le monde artistique de l’époque pour qui elle n’offre aucun intérêt. “La nature, c’est bien comme élément d’étude”, lui disait Monsieur Gleyre, son professeur durant ses années de formation à Paris, “mais ça n’offre aucun intérêt”. Il restera quelques années dans la Capitale, le temps de se faire quelques amis: Sisley, Renoir, Degas et puis Manet aussi, malgré quelques sérieuses divergences de vues. Le temps aussi de placer quelques toiles dans les grandes expositions de l’époque: “La femme en vert”, au Salon de 1866, et puis surtout “Impression, soleil levant”, en 1874, qui donnera son nom au mouvement impressionniste dont il deviendra le chef de file. La lumière sera alors l’objet essentiel de sa peinture, la lumière et ses changements impromptus, la lumière et les impressions qu’elle suscite dans la conscience. “Le motif est pour moi secondaire, ce que je veux reproduire”, dira-t-il, “c’est ce qu’il y a entre le motif et moi”.

 

Monet, peintre et jardinier

C’est de la portière du train qui relie Vernon et Gasny que Monet aperçoit d’abord la grande bâtisse rose et son verger. Elle est à louer, il y installe sa grande famille. Il vend de plus en plus d’œuvres, et de plus en plus cher ; il achète donc la maison, en 1890, sa grange, son hectare de terrain. Monet se fait alors jardinier.

Elle est toujours rose, la grande maison de Giverny, et c’est devenu une fondation, la Fondation Monet. Pas un musée proprement dit, elle ne contient que quelques tristes reproductions. Mais plutôt un musée avec une oeuvre unique, une oeuvre à part entière, le plus fantastique Monet qui soit: un tableau qui varie au fil des saisons et des lumières, un tableau dans lequel le spectateur se promène et dont la perspective varie au gré des pas, un tableau qu’il peut caresser du doigt, et qui sent bon. Parce que si Monet s’est fait jardinier, il reste peintre avant tout. Et c’est en peintre qu’il a conçu son jardin. Il calcule les harmonies de la floraison, dispose les massifs comme autant de touches de couleurs offertes au mouvement de l’air, aux jeux infinis de l’ombre et de la lumière.

La rue de l’Amiscourt s’appelle maintenant rue Claude Monet et souvent, il y a foule devant le n°84. Un petit hall sert de salle des guichets et un vilain escalier de béton nous conduit dans les jardins. La grande maison est là, qui aligne ses volets verts sous une arche de glycine. Devant la porte d’entrée, une mariée rassemble ses voiles pour tenir dans le cadre du photographe. Le Clos Normand s’étale en pente douce, jardin à la française aux tracés rectilignes, vibrant des bleus de cette fin de printemps. Les iris, ceux que l’on a peut-être vus au Musée Marmottan, à Paris, sont là, sous nos yeux, balancés par un vent doux. Ils scintillent, comme sur la toile de nos souvenirs, ponctuant de jaune un arrière-plan d’aubriètes et de pieds d’alouette. Des boutons de pivoines et de pavots suggèrent une harmonie de rouge que le soleil de juin épanouira, ainsi l’a voulu l’artiste, toile changeante au gré des saisons et des floraisons. Dans une allée de lys, une autre mariée de rouges garance et ponceau, “c’est la mode, maintenant”, susurre une dame aux cheveux cendrés - se laisse photographier, sans l’ombre d’un mari. Chacun fait part de sa culture florale et des mots volètent, presque aussi beaux que ce qu’ils désignent. On parle d’encolie et de valériane, d’hélianthe ou d’héliopsis.

Dans les années 1890, Monet peint sa série de cathédrales et rêve d’un autre jardin. En 1893, il achète le terrain séparé du Clos Normand par le chemin du Roy et demande les autorisations nécessaires pour détourner l’Epte, petit ruisseau affluent de la Seine. Une équipe de cinq jardiniers, sous la houlette de Félix Breuil, creusera les étangs des nymphéas.

C’est maintenant un affreux petit tunnel qui nous conduit à cette partie du jardin, le chemin du Roy étant devenu route départementale. Plus de lignes droites et plus d’allées, ici le jardin est à l’anglaise et des chemins ombragés serpentent sur les bords des étangs. Le célèbre petit pont japonais qui l’enjambe couvre sa curieuse teinte verte de glycines blanches, et des cars entiers s’y font prendre en photo. Mais la magie est intacte: les voilà, les fameuses nymphéas, dont on oublie parfois qu’elles sont des plantes avant d’êtres les toiles merveilleuses de Monet.

Lentement, comme l’aboutissement d’une maturation, le jardin d’eau devient le thème majeur de la peinture de Monet. Le peintre du plein air esquissera sur place et terminera le travail en atelier. Seule la toile compte et il n’a plus que faire de la théorie qui fut jadis la sienne: “Que mes cathédrales et autres toiles soient faites d’après nature ou non, cela ne regarde personne et n’a aucune importance. Je connais tant de peintres qui peignent d’après nature et font des choses horribles... Le résultat est tout”. Il n’est plus le peintre de l’impression immédiate mais celui de l’émotion, inscrite au plus profond de soi.

Jusqu’en 1900, Monet peint l’étang et le petit pont japonais. Dès 1903, il abandonne le pont et peint l’étang seul, avec une mince bande de rivage. En 1905, l’étang est en plein cadre: plus rien ne limite cette surface d’eau, de ciel et de nuages jouant entre les fleurs. Il fait construire l’immense atelier qui jouxte la maison et y peint les “Grandes décorations”, 20 tableaux formant un ensemble circulaire. Il peint de tous ses bras, de tout son corps, les formes s’effacent, la couleur triomphe, ouvrant grandes les portes à l’art abstrait.

 

La maison, une vie

Dans la maison, une succession de pièces aux couleurs audacieuses nous invite dans l’intimité du peintre, mais en a-t-on seulement envie? Le jaune de la salle à manger, et le bleu de la cuisine n’auront jamais la transparence des iris. Dans l’immense atelier qui vit naître “Les Grandes décorations”, les inévitables t-shirt et autres puzzles sont proposés au public et les dames de la caisse commentent les robes des épousées du jour.

On n’a pas encore tout à fait quitté le jardin qu’une certaine nostalgie déjà s’installe: avoir choisi mai pour la visite nous prive des roses trémières et des clématites de l’été, des pois de senteurs et des anémones de l’automne. L’hiver, il paraît que, des brumes montantes, se détache parfois une forme humaine, ne touchant pas le sol. On dit qu’elle glisse sur les eaux des étangs sans en rider la surface, qu’elle porte chapeau de paille et longue barbe blanche...

Linda Léonard

 

Les jardins de Claude Monet - Rue Claude Monet 84 - 27620 Giverny. Ouverts tous les jours sauf le lundi du 1er avril au 1er novembre, de 9h30 à 18h. Prix maison + jardins: adultes: 5,50 EUR.

Rens.: Tél.: 00.33.232.51.54.18. http://giverny.org/gardens/jardins.htm

 

découvrir l’œuvre de Claude Monet?

 

Le Musée Marmottan, à Paris, regroupe la plus grande collection d’oeuvres de Monet, dont “les Iris” et “Impression, soleil levant”, oeuvre fondatrice.

Les “Grandes décorations”, sont exposées dans des pièces ovales conçues spécialement, au Musée de l’Orangerie, à Paris.

En Belgique, on peut voir “Le Cap Martin, 1884”, au Musée des Beaux-Arts de Tournai, et “Le Bassin du Commerce, Le Havre 1874” au Musée d’Art Moderne de Liège.

 

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