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Social (6 mars 2008)

 

 

L’emploi, l’avenir des jeunes?!

Contrairement aux préjugés qui circulent volontiers dans l’opinion publique, le travail reste une valeur importante aux yeux des jeunes. Mais pour beaucoup, l’accès à l’emploi s’apparente à un véritable parcours du combattant...

"Dans notre société, les jeunes sont trop souvent stigmatisés par les médias qui donnent d’eux l’image d’une génération en rupture, très libre, à la fois trop gâtée, insouciante et peu encline au travail”, dénonce d’emblée Claire Delobel, responsable des Jeunes CSC. Cette vision négative provoque chez les jeunes le sentiment d’être davantage un poids qu’un atout.

Pourtant, comme l’explique Patricia Vendramin, Chercheuse à la Fondation Travail-Université, enquête européenne à l’appui, l’opinion des jeunes sur le travail est similaire à celle de leurs aînés : le travail reste une valeur importante même s’il n’est plus considéré comme la pierre angulaire de la vie et de l’identité. Il s’agit là d’un tendance longue, toutes générations confondues.

Les résultats d’une récente enquête menée par la FTU et les jeunes CSC auprès de quelque 1000 salariés de moins de trente ans en Communauté française confirment cette réalité (1). “Les attentes des jeunes par rapport au travail sont élevées, assure Patricia Vendramin. Ils espèrent des choses très concrètes, tout d’abord un salaire correct, mais aussi un bon environnement humain pour pouvoir s’épanouir et être reconnu. Le rapport au travail est donc loin d’être dominé par le seul souci financier et la déception peut être proportionnelle à l’ampleur des attentes en termes de relations sociales et d’épanouissement personnel”, poursuit la chercheuse.

“Les jeunes ne sont pas des Martiens, renchérit Claire Delobel. Ils subissent les mêmes influences et pressions que les autres tranches d’âge”. La mondialisation, les délocalisations, le chômage, le réchauffement climatique, les conflits dans le monde, la montée des extrémismes, etc. provoquent un sentiment d’insécurité et peuvent expliquer un certain désenchantement, des désillusions, voire une démission chez certains jeunes. Sans compter que les institutions traditionnelles sont plus affaiblies, moins sécurisantes et que notre modèle social n’associe plus vraiment diplôme, travail et mobilité sociale. Le travail lui-même comme source de revenus n’a plus la même valeur quand on voit ce que peuvent rapporter les placements financiers… ou les jeux de hasard.

Telle est la société dans laquelle les jeunes doivent trouver leurs repères, prendre leur place et faire des projets à long terme… Pas facile.

 

Des trajectoires hétérogènes

Il ne faudrait pas conclure de ce qui précède que les jeunes forment un groupe homogène. Que du contraire. L’hétérogénéité des trajectoires professionnelles entre jeunes est même plus forte que dans les générations précédentes même si, de manière générale, la précarité est devenue beaucoup plus importante chez les jeunes. Même si aussi, la sensibilité des jeunes aux cycles de l’économie reste très grande (ils sont les premiers à faire les frais d’une baisse conjoncturelle).

En effet, tous les jeunes ne font pas la même expérience du chômage et ne vivent pas de la même manière leur parcours d’insertion. De même, tous ne vivent pas la mobilité professionnelle comme un choix lié à un plan de carrière, loin s’en faut. Pour la majorité des jeunes, les changements d’employeurs sont davantage le reflet d’une multiplication de contrats précaires.

C’est à la stabilité d’emploi qu’aspirent les jeunes. Et s’il est vrai que le diplôme garantit de ne pas rester longtemps au chômage, il n’est pas pour autant un ticket d’entrée pour un emploi stable. Il ne faut pas non plus négliger le fait que, pour échapper au chômage, des jeunes diplômés (en particulier des femmes) acceptent un travail ne correspondant pas à leur qualifications, avec un risque réel de déclassement…

Sans doute le fait que 30% des jeunes travailleurs vivent encore au domicile de leurs parents est-il révélateur d’un réel problème au niveau du pouvoir d’achat et de la sécurité d’emploi, le salaire moyen d’un “débutant” étant en moyenne de 1.700 euros brut par mois… “A ce niveau, les réductions de cotisations sociales pour les bas salaires sont bien insuffisantes et  le resteront tant que les salaires minima ne seront pas sensiblement augmentés!”, plaide Claire Delobel qui dénonce aussi le manque d’envergure des politiques publiques à l’égard des jeunes, les aides à l’embauche ne soutenant pas l’insertion durable dans l’emploi. Pour les Jeunes CSC, il faut développer une politique basée sur l’augmentation générale du nombre d’emplois disponibles plutôt que de se focaliser sur l’activation des demandeurs d’emploi, comme si elle allait résoudre le manque structurel d’emplois en Wallonie…

Joëlle Delvaux

 

(1) “Les jeunes, le travail et l’emploi” -  Enquête menée par Patricia Vendramin, de la la FTU, en collaboration avec les jeunes CSC. Décembre 2007. Les résultats de l’enquête sont consultables sur le site www.ftu-namur.org . Tél. 081/72.51.22.

 


 

Quand les chiffres parlent

L’emploi des jeunes était au cœur d’un colloque organisé récemment par le Conseil économique et social de la Région wallonne (1). Des études très intéressantes ont permis de dresser le portrait de l’emploi et du chômage des jeunes. Radioscopie.

 

Un faible taux d’emploi

D’après l’enquête sur les forces de travail en 2006, sur 100 jeunes de 20 à 24 ans en Wallonie, 39 ont un emploi, 18 sont au chômage, 35 sont étudiants et 8 sont inactifs. Les différences hommes-femmes sont assez marquées: 45% des hommes ont un emploi contre 34% des femmes, celles-ci étant plus souvent encore aux études ou inactives.

Les différences entre la Flandre et la Wallonie sont aussi très grandes. Sur 100 jeunes de 20 à 24 ans, 57 ont un emploi en Flandre contre 39 en Wallonie et seulement 34 à Bruxelles. Ces différences régionales s’accentuent encore dans le groupe d’âge des 25-29 ans.

“80 % des jeunes flamands entrent sur le marché du travail par l’emploi tandis qu’en Wallonie, c’est davantage par le chômage”, avance Béatrice Van Haeperen, chercheuse à l’Institut Wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS).

Avec un taux d’emploi de 22,2% et de chômage de 31,8 % pour les 15-24 ans, la situation de la Wallonie est la plus défavorable d’Europe.

 

Le taux d’emploi lié au diplôme?

Le niveau d’instruction des jeunes wallons apparait très contrasté. En effet, parmi les 25-34 ans, 22,3 % ne détient pas le diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. Par contre, près de 37% sont diplômés de l’enseignement supérieur! Fait important: parmi les jeunes, les femmes sont à présent plus diplômées que les hommes.

Cela étant, dans l’emploi, la proportion de jeunes qui n’ont au mieux que les primaires est bien plus faible en Flandre (7 sur 100) qu’en Wallonie (16 sur 100) ou à Bruxelles (15 sur 100). En Flandre, il y a aussi une proportion plus élevée de jeunes ayant atteint le niveau supérieur de type court.

Le taux d’emploi plus élevé au Nord du pays peut donc s’expliquer par le niveau de diplôme plus élevé qu’au Sud, mais il n’est pas le seul facteur puisqu’à niveau de diplôme égal, le taux d’emploi des jeunes flamands est plus important que celui des jeunes wallons. Valérie Vander Stricht, chercheuse à l’IWEPS, émet l’hypothèse que la répartition sectorielle de l’emploi est également un élément explicatif. En effet, l’emploi des Flamands (jeunes comme moins jeunes) est plus concentré dans l’industrie (16 jeunes salariés flamands sur 100) que celui des jeunes wallons (12 sur 100). Mais l’élément explicatif le plus déterminant a trait à l’activité économique et la création d’emplois, très contrastées entre les trois régions.

L’examen des taux d’emploi par niveau de diplôme montre aussi qu’à niveau de diplôme égal, le taux d’emploi des hommes est plus élevé que celui des femmes sauf pour le supérieur de type court. Les jeunes femmes sont aussi plus souvent engagées en contrat à durée déterminée et à temps partiel que les jeunes hommes.

 

Des emplois peu stables

Parmi les 96.000 jeunes wallons en emploi, la très grande majorité sont salariés (96%). 4% sont indépendants et 1% seulement occupe du personnel. C’est peu comparé à la tranche d’âge des 25-49 ans (12% sont indépendants, 4% avec personnel).

Un jeune salarié sur deux travaille dans les services marchands, ce qui est nettement plus que les 25-49 ans. Les secteurs d’activités qui occupent le plus de jeunes sont les services fournis aux entreprises, le commerce de détail, l’Horeca, la construction et l’agriculture.

Dans les services aux personnes et non marchands, les jeunes sont surreprésentés dans les activités récréatives, culturelles et sportives et sous-représentés dans l’éducation, la santé et la fonction publique. Le constat est identique en Flandre mais les jeunes flamands sont davantage concentrés dans l’industrie et les services aux entreprises.

Le travail temporaire chez les jeunes est plus fréquent en Wallonie (39% des jeunes salariés) qu’en Flandre (26%) et dans une moindre mesure qu’à Bruxelles (37%). Cependant, la proportion de jeunes salariés dans l’intérim est nettement plus importante en Flandre.

Quant au travail à temps partiel, il est plus élevé chez les moins de 25 ans que dans la tranche d’âge des 25-49 ans et il est principalement dû au fait qu’ils n’ont pas trouvé d’emploi à temps plein.

 

Des chômeurs peu qualifiés

Ces 20 dernières années, en Wallonie, le nombre de jeunes chômeurs n’a cessé de diminuer, en grande partie grâce à l’allongement des études. Malgré cette évolution positive, aujourd’hui, 23 % des demandeurs d’emploi ont moins de 25 ans et 44% d’entre eux ont un niveau d’étude inférieur au 3ème degré de l’enseignement secondaire, et sont donc faiblement qualifiés.

60% des jeunes sont inoccupés depuis moins d’un an (moyenne 2007) mais près de 20 % sont au chômage depuis plus de deux ans.

Ces données montrent l’importance de renforcer les dispositifs de formation des jeunes, y compris dans les entreprises, et d’accompagner les jeunes demandeurs d’emploi dans leur recherche d’emploi dès la fin de leurs études, avant qu’ils ne s’enlisent dans le chômage.

JD

 

(1) “Les jeunes, un atout pour l’emploi. L’emploi un atout pour les jeunes”. Les exposés en powerpoint des différents intervenants lors de ce colloque sont disponibles sur le site www.cesrw.be . Les actes paraîtront fin mars dans la Revue du CESRW. Renseignements : 04/232.98.64. - info@cesrw.be -


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