Social
(20 janvier 2011)
Chômeurs “difficiles”:
exit le Forem ?!
Y
aura-t-il bientôt des chômeurs et des “sous-chômeurs”? Un projet de refonte
des missions du Forem fait couler beaucoup d’encre parmi les organisations
concernées par la mise au travail et l’aide aux exclus.
Qui, demain, s’occupera
des chômeurs wallons, et tout particulièrement de ceux qui semblent les plus
éloignés de la perspective de (re)décrocher un emploi? Le récent projet du
ministre de l’emploi de la Région wallonne, André Antoine qui, en
réorganisant les missions du Forem, ouvre cette question, s’est attiré une
volée de bois vert de la part des secteurs concernés.
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Jr Sancke/BELPRESS |
En gros, l’un
des aspects du projet vise à renforcer l’accompagnement
individualisé des chômeurs pour coller au plus près à leurs
parcours. Jusque là, tout le monde applaudit des deux mains. Le bât
blesse lorsque le ministre souhaite, à partir d’un découpage en
quatre catégories, refiler l’accompagnement de certains chômeurs à
d’autres services. Aux extrêmes: le groupe de ceux qui sont sur le
point de trouver un emploi avec un simple petit coup de pouce
ponctuel et, à l’opposé, ceux qui, tout en bas de l’échelle, sont
les plus éloignés de cette perspective en raison d’une problématique
de nature médicale, mentale, psychique ou psychiatrique: ceux que le
jargon administratif baptise pudiquement les “MMPP”. Ceux-là,
d’après le journal Le Soir, seraient orientés vers les CPAS, mais
aussi vers les entreprises de formation par le travail (EFT), les
organismes d’insertion socio-professionnelle (OISP) et les centres
de santé mentale. Dans certaines régions, la réforme est déjà sur
les rails.
A peine dévoilé, ce
projet a entraîné la réaction du ministre Antoine, qui dément fermement
l’orientation des chômeurs vers les CPAS. Cela n’a pas empêché le Mouvement
ouvrier chrétien (MOC) de dénoncer le principe même de la catégorisation, à
la fois pour des raisons éthiques et parce qu’il pourrait conduire le Forem
à centrer ses efforts sur certains publics au détriment d’autres. La CSC,
elle, refuse que le service public se décharge de sa responsabilité sur le
secteur de l’insertion socioprofessionnelle, les CPAS ou les institutions
relevant de la santé mentale. Enfin, à l’Interfédération des EFT et OISP, on
rappelle que ce découpage en quatre catégories risque de figer des
situations qui n’ont parfois qu’un aspect temporaire; et que le fait de
relever d’une problématique MMPP est bien plus souvent la conséquence de
l’éloignement progressif du marché de l’emploi (dévalorisation, repli sur
soi, perte de repères…) que sa cause. Ajoutant, sur le terrain politique
brûlant du moment, que le projet en cours ne peut servir, en aucun cas,
“à donner des gages de responsabilisation de la Wallonie en matière d’emploi
dans le cadre d’une probable répartition accrue des compétences résultant
d’une réforme institutionnelle de grande ampleur”. A bon entendeur…
// Ph.L.
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