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Exposition  (3 juillet 2014)

Entrez, il fait frais

© N. Le Querré/BELPRESS

Poussiéreux, savants ou casse-tête… les a priori ne manquent pas en matière de musées. Il suffit pourtant de presque rien pour quitter ces idées préconçues. Première étape : oser pousser les portes, sans croire que le portefeuille ne pourra d'office pas suivre. Puis découvrir des lieux, des thématiques, des points de vue. En somme, se laisser guider.

Le visiteur typique prend la forme d’une femme d’une cinquantaine d’années avec un niveau d'études relativement élevé. Mais se limiter à elle serait tirer un portrait à trop gros traits de ceux que l'on croise dans les musées. Ce serait d'ailleurs sans compter les initiatives prises par nombre d'acteurs culturels pour diversifier leurs publics. Souvent, ils entraînent les plus jeunes entre les cimaises, fourmillant d'idées pour intéresser enfants et même adolescents. Ils se muent en “médiateurs culturels” pour décomplexer les plus frileux, les moins habitués à arpenter les salles d'exposition. Car on le sait : l’âge, le niveau d'éducation, le statut professionnel, l'environnement géographique ont un impact sur la fréquentation des lieux culturels.

Vous avez dit 27 ?

Prendre part à la vie culturelle, jouir des arts… sont pourtant considérés comme des droits pour chaque humain. La Déclaration universelle des droits de l'Homme l'indique en son article 27. Plus encore, “la culture fait aussi partie d'une vie équilibrée”, observe l'association Article 27(1) qui travaille à rendre la culture accessible aux plus pauvres. Les freins ne manquent pas : financiers, mais aussi culturels ou psycho- sociaux. “L’aspect financier n'est jamais que la face visible de l'iceberg”, estime Catherine Legros, directrice d'Article 27 Wallonie. Elle sait de quoi elle parle. Son association, via des partenaires comme les CPAS, des centres d'accueil, des restaurants sociaux, etc. diffuse, entre autres, des tickets à un tarif préférentiel (1,25 euros), valables pour des spectacles, expositions… On parle du “ticket Article 27” ou du “Coupon”, du côté de Liège. C'est par là qu’Article 27 a démarré. Mais l'association a vite repéré l'existence d'autres entraves : la peur face à l'inconnu, la certitude de ne pas être à sa place, l'impression de ne pas comprendre les codes… Article27 agit alors aussi comme “passeur”, comme “médiateur”, et développe des outils ludiques et didactiques pour un véritable accès à la culture. “Nous envisageons l'accès de manière systémique, explique la directrice d’Article 27. Aspects financiers et médiation sont indissociables, pour contribuer à une plus grande démocratisation de la culture”.

Pas seulement les plus pauvres

En ces temps de crise, Catherine Legros remarque la nécessité d'élargir le champ des bénéficiaires. “Il est impératif de répondre aux besoins de personnes pour lesquelles le frein financier est une nouvelle entrave”. Pour ces personnes, la démarche culturelle est sans doute plus naturelle, plus habituelle. Par contre, leur situation financière ne leur permet plus de fréquenter les lieux culturels, comme de coutume.

Parfois le dimanche

Un autre dispositif pourrait les encourager à ne pas renoncer à pousser les portes d'un musée d'art, de sciences ou d'histoire. Depuis le 1er janvier 2013, une règle est instaurée dans les critères de subventionnement des musées par la Fédération Wallonie-Bruxelles : la gratuité le premier dimanche du mois(2). Cette mesure – qui n'a pas fait l'unanimité du côté des institutions muséales – entre progressivement en vigueur en fonction du renouvellement des contrats programmes. Le fameux musée du Louvre à Paris avait initié un tel mécanisme à la fin des années 90. Puis l'a abrogé partiellement, pour la période de haute saison. Parallèlement, son petit frère à Lens pratique encore la gratuité quotidienne jusque fin 2014, pour sa fameuse Galerie du temps. Cette formule de lancement du nouvel espace sorti de terre en 2012 sera ré-analysée en fin d'année.

Aujourd'hui, en Wallonie et à Bruxelles, une centaine de musées – subventionnés ou pas – pratiquent la gratuité le premier dimanche du mois. L'association Art & publics tient à jour un guide commun(3) et un site Internet afin de valoriser cet usage dominical.

Six mois après l'entrée en vigueur de la mesure de gratuité, l’effet semble positif sur le taux de fréquentation. D'autant plus quand la gratuité est couplée à une animation particulière (concert, conférence, fête…) ou à une nouvelle exposition temporaire. Par contre, cette gratuité ne draine pas nécessairement des inhabitués des musées, d'après l'enquête de l'Observatoire des politiques culturelles qui vient d'être rendue publique. A titre indicatif, le prix d'entrée dans les musées sondés par l'Observatoire oscille entre deux et neuf euros.

Certes, ce coût peut être un obstacle, mais il ne faudrait pas oublier l’absence d'intérêt ou le manque de temps souvent invoqués. Avec l'été, les journées se font moins chargées. C’est le bon moment pour se confronter aux œuvres, s'exposer à l'art, aux expériences…, pour visiter par exemple un des 500 musées présents les sols wallon et bruxellois(4). Du petit musée perdu dans un hameau wallon et tenu par un conservateur passionnant, au musée royal qui propose plusieurs expositions temporaires par an et est soutenu par une équipe éducative substantielle, il y en a pour tous les goûts.

//CATHERINE DALOZE

(1) Article 27 Wallonie : 081/26.18.43 - www.article27.be

(2) Découpage institutionnel belge oblige, il n'en va pas de même pour les musées fédéraux. Totalement gratuits jusqu'en 1999, ils réservent la gratuité maintenant aux mercredis après-midi. Tandis qu'au nord du pays, les mesures sont variables en fonction des musées, des communes…

(3) Guide Plus de 100 musées gratuits, chaque premier dimanche du mois, disponible dans les Points Culture (ex-médiathèques) et téléchargeable sur http://artsetpublics.be

(4) Inventaire disponible sur www.portail.wallonie.museum/

Sept types de goûts

© Georges Strens
À partir d'une enquête sur la consommation culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles, des chercheurs ont établi sept profils de “pratiquant culturel”. Ils mettent en évidence des rapports à la culture complexes, hybrides, changeants et qui ne se résument pas à la fréquentation d'une culture considérée comme “savante”. En fonction des activités et des goûts exprimés – allant du théâtre au jardinage, en passant par la discothèque ou le petit écran, ils dressent des portraits-type. Chacun pourra s'y reconnaître, totalement ou en partie.

  1. Les désengagés culturels (28%) : ils n'ont pas d'activités de loisirs à l'extérieur. Ni à domicile, d'ailleurs. Hormis le fait de regarder la télévision (plus de 3 h/jour). “Ils tendent à ne pas lire, à ne pas écouter de la musique. Ils ne sont pas spécialement enclins à s'investir dans des loisirs créatifs intérieurs comme le jardinage, les mots-croisés, le tricot…”.

  2. Les nostalgiques (13%) : comme les “désengagés culturels”, ils ne sont pas très actifs sur le terrain culturel. Comme eux, (voire plus qu'eux), ils regardent beaucoup la télévision. Mais contrairement à leurs compatriotes, ils s'activent à l'intérieur du foyer. Le jardin, la cuisine… sont leurs champs d'investissement. Ils se montrent de grands consommateurs de musique, surtout des années 60-80; ils n'ont pas d'usage d'Internet.

  3. Les festifs (6%) : les sorties sont fréquentes pour eux. Parcs d'attractions, zoos, salles de concerts, restaurants, discothèques… constituent leurs lieux de prédilection. “Ils écoutent de la musique, mais ce ne sont pas ceux qui en écoutent le plus souvent”. Leurs goûts musicaux : variété internationale, nouvelle chanson française, rap/R'n'B, hard rock et musique du monde. A la télévision, ils apprécient les séries américaines ; au cinéma, les films d'aventure et d'action. La plupart ont moins de 40 ans.

  4. Les connectés (21%) : avec eux, on plonge dans la nouvelle culture de l'écran. Celui-ci sera moins branché sur les chaînes de télévisions, que sur Internet, sur des sessions de jeux ou pour visionner des DVD. “Ils vont plus souvent en discothèque que les festifs, mais moins souvent dans les bars. […] Ils sont très peu assidus aux lieux de spectacle et d'exposition. Par contre leur univers est davantage tourné vers le sport.” 59% d'entre eux ont moins de 30 ans.

  5. Les amateurs culturels à tendance classique (13%) : on les retrouve fréquemment dans des lieux considérés comme “cultivés” : expositions, concerts de musique classique, théâtres… La télévision les voit faire des choix sélectifs, avec une préférence pour les documentaires, les émissions d'actualité… Ils se démarquent également par “une grande consommation de livres et de bandes dessinées”.

  6. Les amateurs culturels à tendance moderne (11%) : par rapport aux amateurs classiques, ceux-ci entretiennent un rapport “plus décontracté” à la culture. Les lieux considérés comme “cultivés” ne leur sont pas éloignés, mais ils les fréquentent de manière moins assidue que les amateurs classiques. Leur éclectisme est caractéristique. Parcs d'aventure, spectacles d'humour, conférences, musées, galeries, zoos, événements sportifs, foires ou monuments historiques, ils sont de tous les terrains. Ils font par contre un usage modéré d'Internet et des consoles. Et sont particulièrement investis dans des activités militantes et bénévoles.

  7. Les voraces culturels (8%) : ce sont les visiteurs les plus assidus des lieux culturels et artistiques (festival, concert, conférence, expo…). Mais attention, ils “n'aiment pas tout et ne font pas tout sans distinction”. On les dit “éclectiques structurés”. Ils entretiennent un rapport critique à la télévision, et s'expriment sur des genres culturels “tantôt communs, tantôt élitistes”. Leur besoin expressif est grand. On les retrouve sur les planches, un pinceau à la main…, ainsi que sous les traits de militant, de bénévole. 70% d'entre eux vivent dans de grands centres urbains comme Bruxelles ou Liège.

>> Sources : Observatoire des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, études de novembre 2012. À lire sur www.opc.cfwb.be

 

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