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Social (17 octobre 2013)

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Les voix des plus pauvres

© LST

Face à la dalle installée en l’honneur des victimes de la misère, dans la galerie du Parlement wallon, tous les 17 octobre, se déroule une forme de rituel. Des personnes parmi les plus pauvres se rassemblent et donnent rendez-vous aux responsables politiques pour un temps d’hommage et d’interpellation. 2013 ne fait pas exception. Avec autant d’espoirs de changer considérablement le monde.

La date du 17 octobre a été instituée Journée mondiale du refus de la misère par l’Organisation des Nations unies, voici plus de vingt ans. Dans cette même dynamique, une réplique de la dalle coulée sur le Parvis des droits de l’Homme à Paris en 1987, a été encastrée dans l’enceinte du Parlement à Namur, voici cinq ans. Depuis, à l’initiative de Luttes solidarités travail (LST) et d’ATD Quart-monde, rendez-vous est pris. Pour ces associations à travers lesquelles les plus pauvres se rassemblent, il s’agit de mettre en lumière les réalités de ces “sans voix”.

Sans artifice

La démarche ne s’apparente pas à l’énoncé d’un cahier de revendications ou à la formulation de propositions clés sur porte. “On questionne au départ de la vie”, explique Luc, militant de longue date au sein de LST. Pour lui, comme pour Andrée, Didier, Aurore et d’autres, se rendre à la dalle chaque année, c’est réinterpeller sans vendre son âme au diable, sans esbroufe ni violences, dans une dynamique de résistance qui s’inscrit dans le temps. Pas question ici d’actions chocs, de reportages larmoyants, d’instrumentalisation des personnes, de déballage sur la place publique. C’est au départ de leurs vécus – celui des familles parmi les plus pauvres – et de l’analyse élaborée collectivement que les questionnements se construisent. Le 17 octobre est l’occasion de les adresser aux responsables politiques.

La misère durable

L’appel se centre, cette année, sur la sécurité d’existence. “Les chiffres montrent qu’en Belgique, le nombre de personnes condamnées à survivre sous le seuil de pauvreté a augmenté de 10% en 20 ans”, rappelle LST qui constate sur le terrain combien l’état d’insécurité d’existence augmente, voire s’installe durablement. Ne pas savoir de quoi sera fait demain devient une préoccupation permanente pour nombre de personnes. Le moindre accroc de santé, l’obligation de déménager… sont craints. L’endettement pour couvrir des besoins de base n’est pas rare. Plus d’un, comme Michel, peuvent dire que “le 10, c’est déjà la fin du mois, après avoir payé le loyer, les charges, les assurances, après avoir remboursé le CPAS pour des avances sur une garantie locative, sur des soins de santé…” et que, s’ils tombent malade, ils sont “foutus”.

Or, LST dénonce des mécanismes légalisés d’appauvrissement. L’association relate des parcours de vie édifiants.

> Une famille avec cinq enfants se voit exclue d’un logement social, déclaré insalubre pour cause de surpeuplement. Elle est contrainte d’accepter un hébergement dans un deux pièces, en maison d’accueil, pour un prix plus élevé. Quand, au terme des 18 mois d’hébergement réglementaires, la famille décide d’aller vivre chez des amis, elle sait les risques encourus : celui d’être pénalisé par des législations qui réglementent la cohabitation pour les allocataires sociaux, celui de voir les enfants placés…

> Un homme se voit imposer d’aller travailler pour un euro de l’heure. S’il n’accepte pas cette forme de job, il sera sanctionné financièrement. La raison: avoir refusé un “emploi”…

> Une jeune fille se dit aujourd’hui prête à accepter n’importe quoi pour vivre des jours moins difficiles. Formée en informatique, elle avait néanmoins accepté un stage dans un magasin, comme réassortisseuse. Elle avait quitté ce stage, contrainte de faire face aux problèmes de santé de ses parents. Elle craint pour l’avenir…

Solidarités entravées

La sécurité d’existence, c’est encore pouvoir faire appel à ses propres ressources sans être continuellement contrôlé et sanctionné dans ce que l’on met en place quotidiennement pour résister à la misère, ajoutent les militants. C’est pouvoir refuser d’être relégué dans l’assistance ou dépossédé de toute prise de décision, notamment dans la gestion de son revenu”. Ils insistent sur l’importance des solidarités proches, de la famille, d’amis, sur la débrouille. “Des solidarités pourtant sévèrement sanctionnées”, constatent les mouvements LST et ATD Quart-Monde. L’heure serait pourtant à la généralisation de la concurrence entre les hommes, au règne du mérite. Aux yeux des deux mouvements, des législations établies pour lutter contre la pauvreté se retournent au contraire contre les plus pauvres et renforcent l’insécurité d’existence de ceux que certains considèrent comme des profiteurs, responsables de leur pauvreté. Luc interpelle : la culpabilité n’a rien de créatif ; la misère fait souffrir et personne ne souhaite souffrir volontairement. Le militant engage chacun à “apprendre à faire le poirier pour voir le monde d’en bas”.

//CATHERINE DALOZE

 Apprendre des plus pauvres 

Un nombre croissant de personnes considère de plus en plus évident que des changements urgents sont nécessaires pour surmonter les problèmes liés aux crises successives. Un changement très important est celui d'apprendre de l'expérience de vie et des connaissances des personnes vivant dans l'extrême pauvreté. Pourtant, aujourd'hui, leur contribution est trop souvent niée, considérée comme négative, ignorée et pas prise en compte. Nos sociétés doivent rompre le silence sur l'extrême pauvreté”, réclament les mouvements de rassemblement des plus pauvres, LST et ATD Quart-Monde.

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