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Seniors (19 septembre 2002)


 

Informatique et Internet

Les seniors aussi passionnés que les juniors

 

 

 

Les cours d’informatique et d’initiation à Internet mis sur pied par l’UCP, mouvement social des aînés, à l’intention des plus de 50 ans ne désemplissent pas. Nous avons rencontré quelques seniors heureux de découvrir cet univers et de mettre leurs nouvelles connaissances au service de leurs proches.

 

 

L’âge est-il un frein? Pas pour Jacques Remy (76 ans) qui a suivi son premier cours à Louvain-la-Neuve en 1997 pour prouver à son entourage que tous les aînés n’ont pas peur d’allumer un ordinateur. “L’âge n’a rien à voir là-dedans, il est surtout important d’avoir la volonté d’apprendre”. Deux années de cours lui ont donné de solides bases. Avec patience, Jacques a perfectionné lui-même son apprentissage par l’achat de livres et de logiciels. A-t-il un usage particulier de l’outil informatique ? Pour lui, les courriers d’une association, d’un club sont facilités par l’outil informatique de même que la gestion comptable. Jacques, étant secrétaire d’une amicale, a encodé toutes les coordonnées des 400 membres. “Avec Access par exemple, je réalise un tri qui s’effectue en quelques secondes et je peux envoyer une petite carte d’anniversaire.” Le deuxième défi de Jacques fut de créer pour les seniors un club d’informatique dans la région de Charleroi. D’abord hébergé dans une école, ce club est devenu en 1999 tout à fait autonome sous la houlette de Jean-Claude Hubin, qui avait beaucoup utilisé l’outil informatique dans sa vie professionnelle. Jean-Claude est donc un senior qui en initie d’autres aux arcanes d’un ordinateur, à divers logiciels et Internet. Il réalise lui-même les cours selon les attentes et besoins des apprenants. Cette année par exemple, des aînés participent à une formation alors qu’ils ne disposent pas d’ordinateur personnel. Ils n’avancent pas vite mais se tiennent au courant. Comme cette dame de 80 ans qui, volontairement, n’est venue qu’à une seule séance “pour enfin comprendre de quoi on parle à la télévision”.

 

Peur de l’ordinateur

La spécificité des cours de l’UCP est d’être accessibles aux personnes n’ayant aucune notion d’informatique ou souhaitant se perfectionner à des prix raisonnables. L’apprenant suit la formation à son rythme. Autre qualité appréciée : pas de jargon, les professeurs pratiquent l’art d’expliquer avec des mots que tous peuvent comprendre. Cliquer, copier, coller, réduire, menu, fenêtre, fichier… trouvent leur sens au fur et à mesure de l’avancement des cours. Les exercices servent naturellement de “fixateurs” et les “élèves” intègrent le premier principe: l’ordinateur fonctionne par étapes successives, on ne peut en sauter aucune. Les professeurs constatent que les seniors ont souvent une appréhension face à l’ordinateur et qu’ils se sous-estiment. Or, si un enfant apprend de manière intuitive par essais et erreurs, les seniors ont plus de maîtrise et de sagesse. Une fois la peur estompée, l’apprentissage se passe très bien. Qu’une personne parvienne à se débrouiller à l’étranger pour utiliser Internet et communiquer avec sa fille est une grande satisfaction pour un professeur !

 

Un véritable apprentissage

Dans la région de Battice, plus de 500 seniors ont fréquenté les cours pendant 4 ans grâce à une équipe constituée par Emile Jacob. A la rentrée, 3 sessions d’initiation à Internet se sont mises en place. Chacune regroupe entre 15 et 20 personnes au sein d’un Cybercentre. Trois ou quatre assistants pensionnés et bénévoles ainsi qu’un “vrai” prof’ accompagnent à chaque séance les apprenants qui reçoivent des feuilles de travail à suivre ainsi qu’un syllabus de 40 pages qui reprend une copie de l’écran. Pour progresser, il est primordial de s’exercer sur un ordinateur à la maison ou dans la famille. On en connaît qui vont chez leur voisin et qui partagent leur savoir et s’entraident, c’est ainsi que des liens se resserrent au sein d’un quartier.

 

Créer des liens avec ses petits-enfants

Voici quelques tuyaux d’une apprenante. Elle conseille d’être motivé et tenace. “On a beau vouloir apprendre, il y a des moments où l’on a envie de tout laisser tomber... quand ce n’est pas de tout envoyer par la fenêtre! Etre modeste est également précieux : quand j’étais encore instit’, j’avais écrit au tableau cette phrase, trouvée je ne sais plus où : J’aime celui qui sait qu’il ne sait pas et ne s’en cache pas. Dans l’apprentissage de ces techniques nouvelles, il faut accepter de “se planter” et de “se replanter”... et savoir demander de l’aide. On apprend à surmonter la peur de faire de fausses manœuvres et de saboter les programmes ou l’appareil. De découverte en découverte, on trouve le jeu de plus en plus passionnant. Plus utile encore : disposer d’une personne ressource qui pourra vous aider en cas de panne : les petits-enfants sont parfois les premiers à pouvoir intervenir ! Nos jeunes jonglent avec les différents programmes comme des “pros”. Quand j’ai, sans le vouloir, exécuté une espèce de dérive des icônes sur mon écran, c’est Simon (13 ans) qui a tout rétabli, en un tour de passe-passe auquel je n’ai vu que du feu ! C’est Aurélie (16 ans) qui m’a aidée à me débrouiller avec l’utilisation des CD-ROM et de différents programmes. Justine (3 ans) m’initie au jeu Adibou. Les liens créés avec les petits-enfants autour et grâce à l’ordinateur, c’est génial! Et quand ils vous offriront en cadeau des disquettes, des CD, vous comprendrez qu’ils apprécient vraiment votre démarche”.

 

Ne pas mourir idiots!

La carte de banque ou Proton, la carte SIS, le GSM, les nouveaux appareils multimédia (appareil photo numérique, CD-ROM et DVD), l’accès aux informations via Internet... Tous ces systèmes pénètrent peu à peu dans la vie des seniors. La dispersion des familles et des amis est un stimulant à leur initiation. Lorsqu’un courrier pour le Brésil nécessite 3 semaines pour arriver à son destinataire, les nouvelles sont un peu “réchauffées”. Le téléphone reste cher alors qu’une connexion à Internet peut se révéler moins coûteuse, selon l’usage qu’on en fait. Un ordinateur peut enrichir la vie de bien des façons, apprendre à l’utiliser représente une excellente façon de se faire de nouveaux amis. S’inscrire à un cours est une occasion d’oser de nouvelles connaissances, de comprendre l’univers des petits-enfants, d’être aptes à rendre service dans diverses associations, d’avoir accès à des journaux, à des informations par-delà les frontières... Les nouveaux apprenants disent ne pas vouloir être dépassés dans un monde en constante évolution. D’autres avouent “ne pas vouloir mourir idiots”... Toutefois, être connecté à Internet n’est pas une obligation, si ce n’est pas votre tasse de thé, prenez du café !

Élisabeth Hubert


 

Les seniors surfent

André Delacharlerie de l’Agence wallonne des télécommunications www.awt.be fournit des informations sur l’usage d’Internet en Wallonie par les seniors (novembre 2002) : les plus 60 ans représentent 11 % des utilisateurs. En 2000, ils étaient 6 %, en 2001, 7%. Ce doublement en l’espace de deux ans est une progression normale pour A. Delacharlerie qui constate par ailleurs que les aînés ont une fréquence d’utilisation d’Internet aussi intensive que les 15-21 ans. Et parmi les seniors connectés, ceux qui ont une activité professionnelle sont deux fois plus nombreux à utiliser Internet !


Lecture

Devrions-nous tous “surfer” ? La télévision, le GSM, Internet ne sont pas réellement indispensables explique Patricia Vendramin dans l’ouvrage “Internet et inégalité” (1). On peut être “riche” par beaucoup d’autres choses. Manipuler un logiciel, échanger des astuces informatiques, faire une recherche documentaire pour un petit-fils ne remplaceront jamais la qualité de la relation qu’un aîné peut nouer avec ses proches. Internet est un accès supplémentaire à des informations. “Cela ne devient un problème qu’avec l’apparition d’inégalités (...) ou de discriminations subies comme citoyen ou comme consommateur”. Or, si vous comparez le coût des services bancaires, vous constaterez qu’une opération effectuée en ligne vous coûtera nettement moins cher que si vous l’effectuez au guichet. Il est donc important que les utilisateurs apprennent à développer leurs propres contenus pour qu’Internet ne se résume pas en un outil de consommation à destination des publics favorisés. Par ailleurs, maîtriser Internet et les nouvelles technologies (TIC) repose sur un apprentissage permanent que tout le monde ne peut pas poursuivre : il y a donc des techno-exclus et des techno-mal à l’aise. En outre, de nombreuses personnes n’ont pas accès aux TIC en raison de leur coût. Alors que se développent des services en ligne, il serait bon de ne pas supprimer des points d’accès à des services de proximité, comme les bureaux de poste, les agences bancaires ou les petits commerces. Soyons attentifs à organiser la vie collective pour que celles et ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas utiliser les nouvelles technologies ne soient pas rejetés de la société.

 

(1) Patricia Vendramin et Gérard Valenduc, Internet et inégalités, Labor, 2003.

 

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