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Seniors (3 avril 2003)


 

Placer ou… entrer en maison de repos ?

Alors qu’elle croyait rentrer chez elle au sortir d’une hospitalisation, une dame d’une septantaine d’années se retrouve en maison de repos. Prise au dépourvu et en situation de relative fragilité, elle ne trouve pas la force de manifester son opposition à ce placement…

 

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Témoignage : "Je souhaite les aider"...

 

Pourtant elle souffre, en silence : s’isolant dans sa chambre, elle se laisse aller, mange très peu, sans appétit. Elle ne se déplace pratiquement plus et passe le plus clair de son temps à somnoler dans son lit. Son entourage pense que cette absence de réaction est liée à sa maladie.

Et si la cause était à chercher ailleurs… dans le fait même de ce placement, dans le sentiment qu’elle éprouve d’être rejetée, de ne plus compter pour personne, de n’être plus entendue dans ses choix, sentiment qui lui fait perdre le goût, l’envie de vivre…

Pour qualifier ce tableau de retrait, d’“indifférence”, de refus de soins et d’alimentation, les médecins parlent de “syndrome de glissement”, signe d’une décompensation à la fois physique et psychique.

S’il ne faut certes pas généraliser cette situation et dramatiser toutes les entrées en maison de repos, cette histoire nous invite à réfléchir aux impacts possibles du “placement” en institution.

Une étude menée en France dans les années 1980 montre clairement l’influence négative d’un placement non consenti sur l’évolution de la santé des personnes âgées en institution : ainsi, à côté d’épisodes infectieux plus nombreux, l’auteur constate davantage de chutes, une importante aggravation de la dépendance (incontinence, refus d’effectuer des actes simples de la vie quotidienne,…) et, plus grave encore, une augmentation significative de la mortalité dans les 6 mois suivant l’entrée (1).

Plus près de nous, en 1998, une enquête belge (2) soulignait notamment les difficultés d’adaptation des personnes âgées n’ayant pas consenti à leur entrée en institution et identifiait le placement forcé à une réelle violence. Pour les auteurs de cette étude, “il est fondamental qu’une personne âgée prenne elle-même la décision d’entrer en maison de repos, même si cela prend du temps. Si la décision vient de la personne elle-même ou en tout cas, si elle est convaincue de son bien-fondé, son adaptation et sa vie en seront améliorées”.

Distinguer “placer” et “entrer” en maison de repos n’est donc pas qu’une question de langage.

Se placer dans la dynamique de l’“entrée” en maison de repos consiste à impliquer au maximum, parce qu’elle en est la principale intéressée, la personne âgée dans le processus tout en étant conscient que la décision concerne également bien souvent la famille. C’est envisager la rupture que peut représenter cette entrée et comprendre voire accompagner la personne âgée dans ses deuils et réaménagements.

C’est à partir de là que la vie en maison de repos peut prendre la forme d’une alternative positive au maintien à domicile, positive pour la personne âgée mais aussi pour ceux qui l’entourent. Elle peut être l’occasion de relations familiales plus sereines et plus riches alors qu’à domicile, les liens affectifs s’étaient parfois ternis par la lourdeur de la prise en charge du quotidien.

Il n’y a pas lieu de faire l’apologie du domicile ou de la maison de repos ni d’opposer un lieu de vie à un autre, mais bien de réfléchir à leur articulation, au poids d’une décision et à l’importance d’y associer ceux qui en sont les principaux intéressés : les personnes âgées.

Benoît Lemaire

Écoutant à “Alma Wallonie-Bruxelles”

(1) M. Salom, “Conséquences médicales du “placement” non consenti”, in “Gérontologie et société” n°53, 1990, p. 33.

(2) M.T. Casman, V. Lenoir, “Vieillir en maison de repos : quiétude ou inquiétude ?”, Ministère de l’emploi et du travail, 1998, p.35.

 

Alma Wallonie-Bruxelles propose une écoute téléphonique spécialisée dans la maltraitance à l’égard des personnes âgées tant au domicile qu’en institution. La permanence téléphonique est accessible au 081/420.150 tous les jours ouvrables de 9h à 16h sauf le mercredi. Ce service propose écoute, information, orientation par rapport à des situations d’abus envers nos aînés, en garantissant l’anonymat et la confidentialité.

 

Infor-Homes vous accompagne

 

L’asbl Infor-Homes existe depuis plus de 30 ans et se préoccupe du bien-être des personnes âgées vivant dans des institutions d’hébergement collectif. Elle offre une approche des cas individuels la plus globale possible en abordant les questions sociales, psychologiques et juridiques.

 

Infor-Homes offre une information de qualité pour aider à trouver la maison de repos qui répond le mieux aux attentes et aux besoins de la personne. Elle fournit aussi des conseils professionnels en cas de problèmes ou questions qui surgissent au fil du séjour. Nous avons rencontré Marie-Pierre Delcour, directrice de l’asbl Infor-Homes Bruxelles.

 

L’entrée en maison de repos est souvent perçue comme une perte par la personne âgée, qu’en pensez-vous ?

M-P Delcour : Le choix d’entrer en maison de repos est une décision importante dont la première étape est de prendre conscience et d’accepter que ce n’est plus possible à domicile. Mais ce moment est douloureux, c’est faire le deuil de son lieu de vie, d’une certaine indépendance…

Cette étape permet de prendre le temps de la réflexion et du choix sur base de critères tels que l’état de santé, le budget, l’état de dépendance… c’est se poser aussi la question de l’environnement dans lequel on veut vivre. Chaque maison de repos a ses particularités et chaque personne âgée est unique. C’est donc à chaque fois un parcours individuel qui nécessite de bien évaluer les raisons du choix : un sentiment de solitude, un état de santé qui se détériore, le manque d’aide…

Évidemment, il est important de déterminer le budget dont on dispose mais il faut être clair : ce n’est pas parce que l’on paie cher que l’on est nécessairement mieux entouré dans une maison de repos. Visiter, comparer, écouter, passer un moment sur place pour “sentir” l’ambiance, le cadre de vie, tout cela est bien utile pour évoluer dans sa réflexion et faire un choix.

 

EM : Est-ce toujours possible de prendre le temps tel que vous l’évoquez ?

M-P Delcour : Trop souvent hélas, ce temps de maturation est court-circuité par une situation d’urgence : à la fin d’une hospitalisation, il est annoncé que la personne âgée ne peut plus vivre seule et une décision doit être trouvée dans l’urgence…

La famille est souvent perdue et se retrouve coincée entre la pression de l’hôpital pour trouver rapidement une solution et le refus de la personne âgée d’entrer en maison de repos. Une décision forcée est toujours une violence pour la personne âgée.

 

EM : Très souvent encore, on a le sentiment que la famille se “débarrasse” du parent en le “plaçant” dans une maison de repos…

M-P Delcour : Il faut arrêter de diaboliser l’institution et d’idéaliser le domicile : de plus en plus, la maison de repos devient un lieu de vie où s’installe un partenariat entre le personnel, la personne âgée et la famille. Tout en étant dégagée des contraintes matérielles, la famille garde une place affective essentielle.

C’est important aussi de ne pas postposer éternellement une entrée en maison de repos car quand l’entourage n’en peut plus d’aider la personne âgée à domicile, il y a aussi un risque de mauvais soins, de négligence, de maltraitance. Vivre en maison de repos peut être un soulagement tant pour la personne âgée que pour son entourage.

 

EM : On évoque aussi des situations de maltraitance en maison de repos…

M-P Delcour : Comme à domicile, il existe des situations d’insatisfaction et parfois même de maltraitance. Il est important que ces difficultés, ces plaintes puissent s’exprimer auprès de notre asbl mais aussi auprès d’un service d’écoute téléphonique comme Alma Wallonie-Bruxelles. A Infor-Homes, nous proposons un service juridique pour aborder des questions financières (montant majoré, frais imprévus, garantie à récupérer…) mais nous recevons aussi des plaintes concernant les conditions de vie dans les maisons de repos. Toujours, nous encourageons au dialogue entre les différents interlocuteurs. Nous partons de ce que la personne souhaite et attend de nous. La personne âgée et son entourage sont et restent au centre de notre démarche.

Propos recueillis par

Bernadette Taeymans

 

Infor-Homes Bruxelles • Bld Anspach 59, 1000 Bruxelles • Tél. 02/219 56 88 - Infor-Homes Wallonie • av. H. Lepage 5, 1300 Wavre • Tél. : 010/23 76 67.


 

Témoignage

 

“Je souhaite les aider…”

 

Depuis plusieurs mois, l’état de santé de mes parents nous préoccupe, mon frère et moi. Maman 81 ans et papa 86 ans vivent ensemble dans leur appartement. Mais depuis quelques temps, ils sont dépassés par les tâches quotidiennes et leur situation à domicile est de plus en plus précaire. Il y a peu, maman avait de la fièvre mais ni l’un ni l’autre ne s’en rendait compte. Heureusement que je passais par là pour découvrir la situation et appeler le médecin de garde. Ils se sont toujours débrouillés tout seuls et n’acceptent pas que des services à domicile leur viennent en aide. Ils n’ont pas envie que l’on vienne mettre le nez dans leur quotidien, ils se sentent dépossédés, envahis. Et ce n’est que difficilement qu’ils acceptent un peu d’aide pour les courses et le repas à domicile deux fois par semaine.

Mais les problèmes deviennent plus aigus, maman n’a plus l’énergie de faire la lessive, ni de se laver, ni de s’habiller… elle perd la mémoire et papa n’arrive plus à suivre, il marche difficilement et souffre d’incontinence. Au quotidien, tout devient compliqué : l’ordonnance du médecin s’égare, prendre un médicament de façon régulière est utopique, changer de linge, on n’y pense plus,…

Mon frère et moi avons pris en charge quelques tâches quotidiennes mais l’un comme l’autre nous travaillons et avons notre vie de famille sans compter que nous n’habitons pas tout près. Et à long terme, cela ne sera pas tenable. Nous sommes aussi inquiets qu’il arrive un pépin de santé à l’un ou l’autre et qu’ils ne réagissent pas… et que nous arrivions trop tard…

Selon nous, ce serait le moment pour nos parents de changer de lieu de vie et d’entrer en maison de repos pour y trouver une attention bienveillante, une aide pour la vie quotidienne mais aussi quelques relations sociales car leurs activités et leurs amis se sont réduits comme peau de chagrin.

Nous avons pris des renseignements auprès d’Infor-Homes, avons visité quelques homes… et commencé à en parler avec eux… Maman est demandeuse, elle a envie d’être aidée et prise en charge mais papa refuse catégoriquement pour le moment. Décider pour eux ou ne pas décider, ce qui signifie brusquer ou ne pas brusquer nos parents, c’est notre difficulté actuelle… Où est la limite entre le respect de choix de vie de nos parents et la prise en compte de leurs besoins d’aide et de prise en charge au quotidien ?

Françoise

 

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