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Seniors (18 octobre 2007)


 

Quand l’argent est source de maltraitances

Avec l’âge, certaines personnes âgées éprouvent des difficultés à gérer leur argent, le paiement de leurs factures, leur patrimoine… Cette situation de fragilité peut être source de maltraitance.

 

Lire également ci-dessous :

Alma à l'écoute de la maltraitance financière

 

"Maman s’est toujours occupée de la gestion financière du ménage. C’est elle qui payait les factures, faisait les courses et veillait à économiser chaque mois pour le cas où… Hier, j’ai été leur rendre visite et elle était complètement perdue : elle venait de recevoir un dernier rappel pour la facture du gaz. J’ai voulu l’aider et je me suis rendu compte que toutes les factures étaient mélangées, que les extraits de compte n’avaient plus été relevés depuis plusieurs semaines. Bref, plus rien n’avait été fait depuis longtemps. Maman n’en sort plus et Papa ne s’en est jamais occupé. J’ai été assez bouleversé de découvrir cela. Mais il faut trouver une solution pour les aider. Je vais en parler à ma sœur."

Avec l’âge, il devient parfois difficile de gérer les questions financières : des gestes qui étaient simples deviennent difficiles si pas inaccessibles: parce qu’on ne sait plus se déplacer jusqu’à la banque, parce qu’on ne parvient pas à utiliser les systèmes informatisés proposés par la banque, parce qu’on n’arrive pas bien à mesurer la valeur de l’euro.

Ces difficultés provoquent parfois bien des soucis : une personne âgée donne un billet de 20 EUR comme pourboire car elle n’a pas conscience de sa valeur. Et si la personne âgée est face à une personne malveillante, celle-ci empochera l’argent sans sourciller, bien contente de l’aubaine et sans remords d’abuser de la fragilité de la personne âgée.

Cette situation de fragilité nécessite d’accompagner la personne âgée dans la gestion financière : il est possible d’effectuer les démarches avec un proche, donner une procuration. Le plus souvent, cet accompagnement se passe de façon respectueuse mais parfois c’est l’occasion de dérapages, d’usage abusif de procuration, de détournement de fonds…

«C’est ma fille qui s’occupe de mes paiements. Elle me dit que je n’ai plus d’argent et qu’il va falloir que je vende la maison. Pourtant, j’ai une pension confortable. Où passe l’argent?»

«Je suis rentrée d’une longue hospitalisation. Quand j’ai été chercher de l’argent à la banque, mon compte était vide. Je suis effondrée.»

 

L’argent, enjeu relationnel

Faire un cadeau, donner un peu d’argent de poche, c’est bien gai et cela ravit tant la personne âgée qui offre que le proche qui en bénéficie. Mais quand le don devient une obligation, une exigence, un chantage affectif, cela tourne parfois au drame.

«Chaque fois que mes petits-enfants viennent me voir, ils me demandent de l’argent. Au début, c’est moi qui leur donnais quelque chose. Maintenant, ce sont eux qui me demandent. Si je ne leur donne pas, ils ne viendront plus me voir. Que dois-je faire?»

Des situations familiales délicates amènent parfois aussi le parent âgé à donner un coup de pouce à ses proches. La vie n’est pas facile; tout coûte de plus en plus cher; on ne trouve plus d’emploi; il faut faire des travaux dans la maison… L’entraide entre générations est précieuse et permet à bien des familles de s’en sortir.

 

«Mon fils a perdu son emploi. En plus, ça n’allait plus avec son épouse. Il est parti et a demandé à vivre chez moi le temps de trouver quelque chose. Cela fait trois ans qu’il est à la maison… Il ne parle plus de partir et il est de plus en plus désagréable avec moi : il ne paie aucun frais du ménage et se fâche pour un rien. Je ne supporte plus cette situation mais je ne sais que faire.»

 

Bernadette Taeymans


 

ALMA à l’écoute de la maltraitance financière

 

Le service ALMA Wallonie-Bruxelles offre une écoute spécialisée en matière de maltraitance à l’égard des personnes âgées. Certains appels concernent des maltraitances financières. Nous avons rencontré les écoutants pour approcher cette réalité.

 

EM : Dans les appels que vous recevez, les maltraitances financières apparaissent-elles souvent?

La maltraitance financière est assez spécifique de la maltraitance à l’égard des personnes âgées ; celles-ci bénéficient d’une pension, d’un patrimoine qui peut devenir l’objet de convoitise et de malveillance. Dans une situation sur quatre, des questions financières sont en jeu : détournement de fonds, abus de procuration, vente de biens…

Mais les maltraitances financières sont presque toujours associées à d’autres problèmes. Souvent, c’est un engrenage : au début, on demande un peu d’argent, puis on l’exige, on exerce une pression psychologique sur la personne âgée, un chantage affectif. Et si cela ne marche pas ou plus, on passe aux menaces et parfois à la violence physique. Il faut donc situer la maltraitance financière dans ce qui est vécu plus largement.

 

EM : Face à de telles situations, que proposez-vous ?

Toutes les situations de maltraitance sont des histoires singulières : pouvoir en parler à un tiers est une première étape fondamentale. Expliquer ce que l’on subit, exprimer son inquiétude, sa colère, sa déception… permet de prendre un premier recul. Cela permet aussi de préciser ce que l’on ne veut plus et ce que l’on veut.

A partir de là, l’écoutant peut alors informer, expliquer, proposer des pistes concrètes : une procuration utilisée de façon abusive peut être résiliée, une cohabitation qui tourne mal peut être solutionnée, une incapacité à gérer son budget peut être encadrée par une décision familiale concertée et si nécessaire par la mise en place d’une administration provisoire de biens.

Des solutions administratives ou juridiques peuvent être envisagées mais il faut que la personne âgée soit au clair sur ses intentions.

 

EM : Ce ne doit pas toujours être simple pour une personne âgée de prendre une telle décision et d’effectuer les démarches surtout s’il s’agit de s’opposer à quelqu’un de sa famille, un enfant par exemple…

C’est vrai que la personne âgée est (ou se sent) souvent fragile et vulnérable. De plus, l’abuseur est souvent affectivement proche de la personne âgée : un membre de la famille, un ami, une personne auprès de qui elle trouve de l’attention, une présence. La victime est d’autant plus en difficulté pour réagir : c’est une perte de confiance en quelqu’un d’important pour elle; c’est la crainte de se retrouver seule si elle s’oppose… Cette ambivalence et ces liens de co-dépendance sont importants à reconnaître et à prendre en compte dans la lecture de la situation.

Notre attention est de toujours prendre en considération la volonté de la personne âgée, de l’accompagner et de la soutenir, de renforcer sa capacité d’agir et de permettre qu’elle trouve un appui dans son entourage familial ou professionnel.

Si nécessaire, nous pouvons orienter la personne vers un service de proximité, un professionnel qui peut alors l’accompagner dans ses démarches.

Et si, pour des raisons de santé, la personne âgée n’est plus capable de prendre une telle décision, un proche peut alors intervenir, une demande de mise sous administration provisoire de biens peut être introduite.

 

EM : C’est une réalité bien sombre que vous dressez là…

C’est vrai. Mais il faut rappeler que 80% de l’aide aux personnes âgées est apportée par les proches. C’est dire qu’il existe de la solidarité, de l’entraide entre les générations et que dans la majorité des situations, la personne âgée est respectée et entourée de l’affection des siens.

Mais il est indispensable que notre société soutienne les aidants ; il faut réaffirmer et reconnaître la solidarité et l’entraide, rompre l’isolement des personnes âgées et accompagner les familles et les professionnels.

A ALMA Wallonie-Bruxelles, c’est également notre combat de promouvoir la bientraitance : être reconnu et reconnaître l’autre comme sujet, rétablir une image de soi positive, oser aborder le grand âge, ses fragilités, ses dépendances. Nous espérons par ce travail, promouvoir une société ‘personnes âgées admises’.

BT

 

ALMA Wallonie-Bruxelles

 

Depuis juillet 1999, le service Alma Wallonie-Bruxelles offre une écoute spécialisée en matière de maltraitance à l’égard des personnes âgées. Ainsi des aînés, des membres de leur entourage et des professionnels appellent ce service. Ces personnes accueillies dans un cadre proposant anonymat, confidentialité et non-jugement, font part de leurs craintes, leurs souffrances par rapport à des situations de maltraitances. En fonction de leur demande, l’écoute peut être accompagnée de soutien, d’information ou encore d’orientation vers une personne ressource ou un service de proximité.

Un travail d’écoute, un devoir de témoignages

La loi du silence ajoute encore plus de lourdeur aux histoires de vie. Le rôle d’Alma Wallonie-Bruxelles est d’aider chacun individuellement mais aussi de rendre publiques les questions qui lui sont confiées. Car au-delà de leur histoire personnelle, ces personnes interpellent notre société: quelle est la place de la personne vieillissante dans notre société valorisant l’utilité économique. Quelle présence, quel accompagnement offrons-nous aux personnes vieillissantes... ?

 

La permanence téléphonique d’ALMA Wallonie-Bruxelles est accessible au 081/420.150 de 9 h à 16 h les lundis, mardis, jeudis et vendredis.

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