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Seniors (1er avril 2004)


 

Les Cantous,

pour vieillir au coin du feu

 

En provençal, le cantou signifie ‘le coin du feu’. Le Cantous, c’est aussi une structure d’hébergement pour les seniors et plus particulièrement pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Son originalité : rassembler les seniors autour d’un coin cuisine et les faire participer à une vie communautaire et chaleureuse.

Lire également :

Les exemples français et anglo-saxons

L'association belge des Cantous

 

Entrer dans un Cantous, c’est un peu entrer dans l’intimité d’une famille. Nous sommes au Mariemont Village, une institution pour personnes âgées qui, à côté de ses formules d’accueil classiques, héberge les 5 premiers Cantous créés en Belgique. La première chose qui surprend le visiteur, c’est l’architecture particulière. Non linéaire, l’espace de vie communautaire est placé au centre de l’unité. Les résidents sont assis à une table qui encercle un coin cuisine où mijotent, à l’heure des repas, des petits plats aux bonnes odeurs… Les résidents peuvent se déplacer facilement et participer à des jeux et activités diverses. Ici, le personnel pluridisciplinaire (infirmiers, éducateurs…) ne porte pas de blouse blanche et partage le même espace de vie. Les couleurs des murs sont vives et les chambres, meublées avec les affaires personnelles du résident, sont disposées autour de ce coin commun. L’ambiance est conviviale et donne un sentiment de bien-être et ce, malgré la grande dépendance de certaines des personnes âgées. Sylvianne, étudiante auxiliaire familiale et sanitaire travaillant à Mariemont, témoigne de l’esprit qui y règne : ‘Dans les Cantous, nous avons plus de temps pour parler avec les personnes. C’est mieux aussi parce que nous les voyons tous ensemble sans courir d’une chambre à l’autre. Ça ressemble plus à une maison. Nous faisons beaucoup d’activités avec elles. Ce qu’elles préfèrent, c’est chanter et danser’.

En Belgique, il existe une quarantaine de Cantous affiliés à l’Association belge des Cantous dont 10 ont reçu l’agrément de la Région wallonne en matière d’accueil de personnes désorientées (voir la liste www.cantous.be ).

 

Autonomie et activité

Si le cantou veut dire le coin du feu en provençal, ce sigle est aussi l’abréviation de ‘Centre d’Animation Naturelle Tirée d’Occupations Utiles et Sécurisantes’. Né aux Etats-Unis dans les années 50 puis exporté à Paris dans les années 70 et enfin, adapté en Belgique depuis la fin des années 80, le Cantous vise à la création d’un lieu de vie communautaire où des personnes en perte d’autonomie trouvent un espace où la communication, l’entraide et les relations sont favorisées par la participation aux actes de la vie quotidienne. Les objectifs sont de préserver et d’améliorer l’autonomie et l’activité de la personne âgée et de maintenir les liens familiaux et sociaux. Stimulé par les membres du personnel et sa famille à laquelle il est demandé de s’impliquer dans le projet, la personne âgée sera incitée à exploiter toutes ses potentialités. Le public des Cantous est composé de personnes souffrant de démences de plusieurs types : maladie d’Alzheimer, démences séniles... Mais d’autres publics de personnes âgées, non désorientées, pourraient également, à long terme, tirer profit de ce type d’hébergement.

Selon Robert Devilers, infirmier de formation, directeur des soins du Mariemont Village et administrateur de l’Association belge des Cantous : “L’intérêt majeur du Cantous est d’individualiser la prise en charge et de donner l’occasion à chacun de se retrouver dans un projet de vie adapté. La solidarité entre le personnel, la famille et les personnes âgées est fondamentale dans cette approche. La famille est invitée à participer à des tâches simples de la vie quotidienne comme aider à préparer un repas, lire le journal, s’attabler autour d’un jeu de société, emmener le parent en promenade… toutes ces choses qui autrefois faisaient partie de la vie de la personne et qui lui permettent, en les revivant, de donner un sens à sa vie actuelle.”

 

Le personnel et les familles

Intégrer les familles dans la prise en charge de leur parent a pour effet de les déculpabiliser. Elles se sentent moins coupables d’avoir ‘abandonné’ leur être cher. Les familles se montrent d’ailleurs demandeuses d’intervenir dans les décisions et dans la vie quotidienne de leur parent. Quant au personnel, contrairement aux structures plus classiques, il partage le même espace de vie que les résidents. Cette proximité crée une grande complicité. Il arrive d’ailleurs que les soignants et les familles organisent ensemble une fête dans le Cantous. Mme Mirella Graziano , infirmière depuis 5 ans dans les Cantous de Mariemont décrit ces relations particulières : “Ici, c’est un peu comme dans un foyer où nous sommes amenés à devoir tout gérer : les soins, les repas, les jeux, le dialogue… Nous ne pouvons pas nous occuper uniquement des patients sans englober la famille. De ce fait, nous devenons proches d’elles et beaucoup nous disent que nous représentons la famille au sens élargi. Certaines nous confient même leurs problèmes. Nous leur apportons parfois une aide d’ordre “psychologique” sans être formé à cela. Au départ, tout vient du cœur et en général, nous trouvons les mots justes mais il faut savoir reconnaître ses limites. Quand il y a des choses que nous ne savons pas gérer, nous proposons aux familles de se faire aider à l’extérieur. Ce travail est très enrichissant parce qu’il nous apprend également beaucoup sur nous-mêmes. Je me suis déjà surprise en congé, à téléphoner pour avoir des nouvelles d’un patient qui n’allait pas bien. Le lien continue au-delà du travail. Mais nous devons nous imposer des règles pour pouvoir préserver notre propre vie familiale”.

Sylvie Bourguignon

 

Mariemont Village, rue du Général de Gaulle 68 à 7140 Morlanwelz. Tél. : 064/88.71.11. Site : www.mariemontvillage.be

 


 

Les exemples français et anglo-saxon

 

Les Cantous belges s’inspirent de diverses conceptions à la fois architecturale, médicale et de philosophie de vie.

L’expérience du Cantous a été nourrie par l’expérience parisienne de Georges Caussanel qui a développé dans sa maison de retraite, fin des années 70, une expérience pour personnes désorientées. Il a hébergé des groupes de 15 seniors dans un cadre familial.

Cette expérience tournait la page de l’hôpital et abordait l’accueil de ces personnes âgées sous un angle humain et familial, plus chaleureux et mettant en valeur l’aspect qualitatif et le bien-être.

Autre source d’inspiration de nos cantous, la réflexion anglo-saxonne menée par la gérontologue Mary Marshall de l’Université de Sterling, sur l’adaptation de l’environnement à la personne désorientée. Pour le professeur, un des enjeux est d’adapter le design du mobilier, de l’espace de vie et de la chambre à la personne désorientée. Le point le plus marquant de cette conception est la table ‘éclatée’ qui permet aux personnes, même les plus dépendantes, de se retrouver autour du coin cuisine et d’être stimulées par ce qui s’y passe. De plus, ce design permet une circulation aisée dans le lieu de vie. Pour M. Marshall, il ne faut pas perdre de vue que la personne âgée désorientée reste une personne malade, d’où la grande attention qu’il faut porter à l’accueil médicalisé. Cette personne est aussi handicapée et demande au personnel de se comporter de manière adéquate. Enfin, la personne désorientée, reste avant tout, une citoyenne. Cette conception globale de la personne désorientée a apporté de nombreux éléments de référence lors de la conception de nos Cantous.

Enfin, l’expérience des États-Unis a, elle aussi, alimenté la réflexion. A Phoenix, les structures Cantous, dénommées là-bas, les ‘Spécial Care Units’, étaient des structures déjà développées dans les années 50 avec un souci tout particulier apporté à l’architecture. On abordait là-bas des conceptions plus circulaires alors que chez nous, elles sont plus linéaires. Ces conceptions circulaires, plus ergonomiques, seront appliquées dans les futures constructions supplémentaires de Cantous à Mariemont.

Cette conception plurielle, M. Devilers la résume en ces mots : “En Occident, lorsque l’on réfléchit à propos du corps, on dissocie souvent l’enveloppe du contenu. C’est triste. Il faut non pas créer une maison et puis se demander ce qu’on va faire dedans, mais il faut plutôt qu’intervienne le projet de vie au début de la conception de l’institution. Car l’enveloppe conditionne le contenu.”

 

S.B.


 

L’association belge des Cantous

 

Née en 1996, à l’initiative d’Edouard Behets Wydemans, l’association belge des Cantous a été créée afin de montrer qu’il est possible de construire des institutions pour personnes âgées qui ne ressemblent pas à de petits hôpitaux mais plutôt à des lieux de vie chaleureux intégrant une architecture adaptée et un projet de vie conciliant des principes de citoyenneté et de solidarité entre le personnel, les familles et les résidents.

Un des buts de l’association est de donner un cadre légal au Cantous. Première victoire de l’association : l’obtention de l’agrément de la Région wallonne réglementant l’accueil de personnes âgées désorientées selon les conceptions des Cantous. Actuellement, sur les 40 maisons affiliées à l’association, 10 ont reçu l’agrément de la Région wallonne.

L’association a également développé un bureau de consultance et de formations pour les directeurs et le personnel des maisons de repos de Wallonie. Des groupes de parole vont également être mis en place au sein de différents Cantous wallons. Le personnel pourra y exprimer et y échanger à propos des difficultés rencontrées. Une journée de formation pour les directeurs des institutions aura d’ailleurs lieu le 14 mai au Parlement européen.

Dernier projet en date, l’association planche sur le développement de politiques communes en Europe en matière d’accueil de personnes désorientées.

S.B.

 

Coordonnées : Association belge des Cantous, Avenue Limbourg, 26, 1070 Bruxelles. e-mail : robertdevilers@hotmail.com - edouardbehets@hotmail.com  - Site : www.cantous.be

 

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