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Seniors (23 janvier 2014)

Le potager, passerelle entre deux mondes

© Jardin’âges

Favoriser, par le maraîchage et l’hôtellerie, la rencontre permanente entre de jeunes adultes handicapés mentaux et les pensionnaires d’une résidence service. Tel est le projet audacieux et original d’un groupe de parents unis par les mêmes préoccupations: veiller à l’avenir de leur progéniture, mais aussi permettre à ces deux publics de se rendre des services réciproques. À eux-mêmes et… à la collectivité.

Il y a trois ans, on les traitait de fous. Petit à petit, à force de les voir s’acharner, on les a taxés, plus simplement, d’“ambitieux”. C’est probablement bon signe sur l’avancement de leur projet intergénérationnel… En 2009, cinq familles du Brabant wallon unies par une caractéristique commune font le même constat. Leur enfant, élève dans l’enseignement spécialisé (primaire ou secondaire), grandit et vieillit… Le jour où il quittera l’école et entrera de plein pied dans la vie adulte approche à grands pas. Mais pour aller où? Pour faire quoi de sa vie? Et avec quelles garanties sur son épanouissement?

La perspective de les voir travailler dans une entreprise de travail adapté (ETA) ne les enchante pas vraiment. Ils craignent, après s’être informés, d’y voir leurs enfants soumis à une pression excessive en termes de productivité et de rentabilité. Quant aux centres de jour, ils font cruellement défaut, particulièrement dans le Brabant : les listes d’attente s’étalent sur de longues années. Surtout, ces parents souhaitent ardemment que leurs grands enfants, lorsqu’ils auront une vingtaine d’années, puissent continuer à développer et affiner leurs compétences acquises à l’école (horticulture, travail du bois, soins aux animaux, etc.). “Loin du cliché d’'assistés’, nos enfants peuvent fournir de précieux services à la société en dépit de leur handicap mental, commente Jean-Louis Jadoulle, l’une des chevilles ouvrières du projet. Exactement comme un boulanger fabrique son pain ou un enseignant fait profiter son savoir à ses élèves”.

Une mixité singulière

De ce constat, mais aussi de dizaines de rencontres avec les professionnels du secteur du handicap, naît l’idée singulière d’ouvrir un centre de jour pas comme les autres. Celui-ci serait couplé avec une résidence service d’une trentaine d’appartements. Sur un terrain choisi en zone rurale et proche d’une gare (autonomie des bénéficiaires oblige !), les jeunes adultes - une vingtaine - pourraient pratiquer des activités de maraîchage encadrées par des éducateurs spécialisés. Une partie de la production serait commercialisée localement, en circuits courts, sous la forme de paniers de légumes. L’autre partie servirait pour la confection des repas servis aux pensionnaires de la résidence service. Dans celle-ci, les jeunes handicapés pourraient également assurer la lessive et le nettoyage, mais aussi le service aux tables, en prolongement du travail en cuisine assumé, lui, par un professionnel. Idée centrale du projet : la réciprocité du service. “Beaucoup de personnes âgées disposent d’une réelle expérience en matière de plantations et de cultures. Or, diminuées physiquement, elles n’arrivent plus à la mettre en pratique. Pourquoi ne pas en faire bénéficier les jeunes, pour autant que les résidents le souhaitent? Par exemple par une sorte de parrainage des plus jeunes par les anciens?

Belle idée. Généreuse et originale, sans aucun doute. Mais réaliste? Consultée par le groupe de parents, une spécialiste en orthopédagogie de l’UCL confirme que les aînés et les personnes handicapées porteuses d’une déficience intellectuelle ont un rapport à la temporalité et un rythme de vie quotidienne assez similaires et, en tout cas, propices aux échanges. Un bon début de validation !

Mais le défi matériel, lui, reste immense. D’abord parce que la construction des deux bâtiments exige, à elle seule, 4,8 millions d’euros en fonds propres! “Les subsides sont rares ou inexistants, regrette Jean-Louis Jadoulle. En tant que simples parents, non expérimentés, nous avons découvert que l’avenir des jeunes handicapés, dans notre pays, est trop souvent laissé en friche par les pouvoirs publics.” Ensuite, parce que, tout en se voulant à taille humaine (respect des bénéficiaires, refus de toute pression excessive), le projet se doit d’être rigoureux (“l’hygiène et la sécurité devront être impeccables”) et viable financièrement. “Les centres de jour, structurellement déficitaires, s’épuisent trop souvent en d’éternelles foires aux boudins et autres festivités annuelles. Pour éviter cela, nous espérons fermement, au bout de quelques années, éponger le déficit du centre de jour par les rentrées de la résidence service”.

Des feux verts encourageants

Jouable? En tout cas, l’idée a séduit les nombreux interlocuteurs de ces parents intrépides. Y compris le montage financier, validé par divers experts aguerris de l’économie sociale. Un terrain de 50 ares, réservé par les autorités provinciales, sera bientôt acquis à deux pas de la gare de Chastre, dont les autorités soutiennent le projet. Jardin’âges vient de bénéficier d’une (première?) récompense: 10.000 euros délivrés par le fonds “Impulcera”, spécialisé dans l’entrepreneuriat social : un nouveau gage de fiabilité. L’heure est aux premières esquisses architecturales et la suite se profile déjà: émission de certificats immobiliers, appel aux donateurs (privés et institutionnels), début de la construction (2016). Et … inauguration des lieux en 2018 ou 2019. “Nous anticipons sans cesse d’arrache pied. Nous avons par exemple pérennisé la finalité sociale du projet en créant une Fondation. Mais nous devons aussi garder à l’esprit que nos enfants, le jour venu, garderont leur liberté de choix. Et, peut-être, préféreront-ils vivre ailleurs. Dans ce cas, nous aurons travaillé pour d’autres familles. C’est tout aussi bien…

//PhL

>> infos : Jardin’âges : www.jardinages.be • 081/61.08.02 • 0478/22.09.13

 

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