Jeunes (19
avril 2007)
160.000
jeunes en mouvement!
Le
scoutisme a 100 ans mais une vitalité à revendre. Le projet éducatif des
mouvements de jeunesse continue à séduire de plus en plus de jeunes en
Belgique. Pourtant, ces écoles de la vie sont malmenées dans notre
société consumériste et trop peu soutenues par les pouvoirs publics.
Miriki
est tombé dans le scoutisme quand il était petit. Il a commencé à 6 ans
chez les baladins pour suivre son frère qui avait l’air de tant s’y
plaire. Puis, les années passant, il est devenu louveteau puis
éclaireur, puis pionnier. Aujourd’hui, à 20 ans, il est animateur
responsable des baladins dans une unité scoute à Jette. «J’ai grandi
avec les scouts et cela m’a paru tout naturel de devenir animateur à mon
tour. J’ai choisi d’animer les petits de 5 à 8 ans car c’est une tranche
d’âge vraiment géniale. Notre devise, c’est «Les baladins, tous copains»
et notre souci que les enfants prennent confiance en eux, apprennent à
vivre avec les autres, à se respecter», confie Miriki. Quand on lui
demande les qualités nécessaires pour être un bon animateur, il répond
sans hésiter: «Il faut tout d’abord être motivé et accepter de donner
du temps car on s’engage à 100% et bénévolement dans le scoutisme. Il
faut aussi des talents et un minimum de pédagogie et de psychologie. En
cela, les formations suivies pour devenir animateur breveté sont
d’ailleurs très intéressantes. Enfin, et l’on devrait peut-être
commencer par là, il faut du cœur et aimer s’occuper d’enfants»,
assure avec un sourire radieux Miriki.
Les jeunes
ne s'engagent pas moins qu'hier comme animateurs dans les
mouvements de jeunesse. |
Des jeunes comme Miriki, il y
en a des milliers en Belgique francophone. Ils sont en fait 20.000
animateurs, âgés en moyenne entre 17 et 25 ans, à encadrer plus de
110.000 enfants lors de réunions hebdomadaires et à leur offrir des
expériences de vie inoubliables hors de la maison, durant les week-ends,
mais aussi pendant les camps d’été, considérés comme l’aboutissement de
l’année (1).
La Belgique est le pays
d'Europe le plus imprégné par les mouvements de jeunesse et le nombre de
membres augmente chaque année depuis cinq ans dans toutes les
fédérations (voir «Panorama des mouvements de jeunesse»). «La
participation des jeunes est surtout très importante jusqu’à l’âge de 10
ans puis décroît très progressivement tandis que la légère
surreprésentation masculine se renforce à partir de cet âge au fil des
années», observent Dominique Dubruille et Benjamin Wayens,
géographes, dans une analyse très instructive de la répartition
géographique des mouvements de jeunesse en Belgique francophone. Une
analyse présentée lors du colloque organisé en mai 2006 par les scouts,
guides et patros, et dont les Actes viennent de paraître dans un ouvrage
édité chez Luc Pire (2).
«Contrairement à ce qu’on
pourrait croire, les jeunes ne s’engagent pas moins qu’hier comme
animateurs dans les mouvements de jeunesse», explique Frédéric
Possemiers, ancien secrétaire général du Conseil de la jeunesse
catholique (3) et conseiller au cabinet de Catherine
Fonck, ministre de l’enfance en Communauté française. Il reconnait
toutefois que les jeunes s’engagent généralement moins longtemps
qu’avant, pour deux à trois ans environ. «Il faut dire que cet
engagement bénévole est exigeant en termes de formations, de
responsabilités, de temps aussi. Or, l’offre de loisirs pour les jeunes
a explosé et l’attrait financier des jobs d’étudiants dans notre société
de consommation est une réelle concurrence à l’engagement bénévole. On
peut donc bien dire que les mouvements de jeunesse font de la résistance
et sont atypiques dans le paysage!»
Les
raisons d’un succès
De toute évidence, dans les
mouvements de jeunesse, les enfants et les jeunes trouvent du plaisir à
jouer, chanter, rire, réaliser des activités et des projets concrets en
plein air et en pleine nature, en compagnie de jeunes animateurs motivés
et bien formés. L’unité scoute, guide ou le patro est avant tout une
aventure humaine où l’on grandit avec les autres et développe des
amitiés.
«Nos mouvements de
jeunesse ont ceci d’unique et de remarquable que ce sont des jeunes qui
encadrent des jeunes», souligne Frédéric Possemiers qui précise
qu’en France, par exemple, les jeunes scouts sont encadrés par des
adultes. «Cette pédagogie par les pairs est exemplaire de même que la
confiance que témoignent les parents à l’égard de tous ces jeunes
animateurs qui encadrent leurs enfants, alors même que l’on baigne dans
un discours sécuritaire. Comme lieu d’éducation non formelle, les
mouvements de jeunesse sont très complémentaires à la famille et à
l’école», ajoute-t-il.
Des
valeurs à vivre
«Nos mouvements
constituent de réelles écoles de vie dans lesquelles les valeurs ne
restent pas au niveau des intentions, mais se font actes», précisent
les Mouvements, dans la préface de l’ouvrage déjà cité. Engagement,
partage, ouverture, confiance en soi, respect de l’environnement,
justice, solidarité, souci d’autrui, gratuité, amitié… Autant de clés
qui permettent de donner du sens et de cadrer la vie collective. «En
marge d’une approche strictement consumériste, nos mouvements, tout en
demeurant dans le champ des loisirs, proposent aux jeunes d’être acteurs
de leur éducation, de s’essayer à la prise de responsabilités,
d’acquérir de plus en plus d’autonomie, d’agir et de réagir dans leur
environnement local». En deux mots, ou plutôt en cinq lettres, les
mouvements de jeunesse sont porteurs d’un même projet pédagogique: faire
des jeunes des CRACS, c’est-à-dire des Citoyens Responsables, Actifs,
Critiques et Solidaires. Tout un programme!
«Les mouvements de
jeunesse sont une réponse à la montée des extrémismes, de
l’individualisme, de la consommation à outrance, du matérialisme»,
martèle Frédéric Possemiers. «C’est aussi une réponse au discours
ambiant prétendant qu’il n’y a plus d’entrepreneurs et que les jeunes ne
veulent rien faire. Le scoutisme donne le goût de prendre des
responsabilités, des initiatives… On y apprend à évaluer les risques, à
négocier en cas de conflits, à gérer un groupe, une organisation… Autant
d’aspects que les responsables politiques, en particulier dans le monde
socialiste, ne reconnaissent pas assez à leur juste valeur»,
regrette l’ancien animateur scout.
Des
rites de passage
Comme le souligne Philippe
Van Meeerbeeck, psychiatre et professeur à l’UCL, dans l’ouvrage déjà
cité, les mouvements de jeunesse sont aujourd’hui plus que jamais une
réponse aux besoins de rites et de mythes, propres à l’adolescence.
«A l’heure actuelle, il n’existe pratiquement plus aucun cadre dans
lequel le travail identitaire des adolescents peut se réaliser»,
constate-t-il. «Les familles sont en perte de vitesse, l’école est
plutôt mise à mal. Même l’autorité qui se basait encore, dans les années
60, sur des grands principes n’a plus suffisamment d’aura pour maintenir
la force des traditions. La religion en est un bel exemple». Pour
Philippe Van Meerbeeck, les mouvements de jeunesse sont à privilégier
comme lieu tiers de la maturation propre à l’adolescence car,
contrairement aux bandes de jeunes, l’engagement y est ritualisé et
l’encadrement permet au jeune de vivre l’aventure dans un cadre
sécurisant et structuré, ce qui fait prendre conscience au jeune de ses
limites et de la nature de l’existence.
Anne Courtois,
psychothérapeute et chargé de cours à l’UCL, étaie ce point de vue en
détaillant les rites et rituels qui balisent l’espace-temps des
mouvements de jeunesse à foulard, du rassemblement hebdomadaire et du
salut aux chefs, aux cérémonies de passage en passant par les rites
portant plus spécifiquement sur l’engagement. Ainsi, vers 12 ans, «la
promesse», bien connue chez les scouts et les guides, et «l’engagement»
au Patro permettent au jeune de signer, devant les autres membres du
groupe, sa volonté d’appartenance et de respect de la Loi. Plus tard, la
totémisation qui consiste à donner au jeune un nom d’animal suivi d’un
qualificatif sera l’occasion pour le jeune de relever des épreuves
initiatiques. Perçue comme le rituel par excellence des mouvements de
jeunesse, la totémisation marque l’intégration du jeune à sa nouvelle
identité de membre du groupe.
Des
mouvements à soutenir
«Nous avons fait la preuve
par 100 que le scoutisme fonctionne bien et est toujours aussi
attractif», assure Pierre Scieur, président de la Fédération
catholique des scouts Baden-Powell. «On nous colle encore trop
souvent une étiquette bourgeoise et catholique, mais ces images sont
révolues et nous accueillons tout jeune, quelles que soient son origine
sociale, ses croyances ou sa culture. D’ailleurs, les mouvements de
jeunesse sont certainement les moins chers parmi toutes les offres de
loisirs, la cotisation annuelle et le prix des camps étant très
modestes, voire gratuits pour les familles précarisées grâce à la
solidarité organisée dans les Unités». Il ajoute aussitôt: «Si on
exige de nous une plus grande mixité sociale, qu’on nous donne les
moyens d’aller vers les jeunes de milieux plus précarisés qui ne
viennent pas à nous et qu’on nous aide à nous implanter dans les cités.
Aujourd’hui, en Communauté française, les mouvements de jeunesse sont
les parents pauvres de la politique de la jeunesse, elle -même écrasée
par la politique culturelle. Les centres de jeunes reçoivent des moyens
financiers bien plus élevés que les organisations de jeunesse qui
touchent pourtant dix fois plus de jeunes! Or, les jeunes ont plus
besoin d’expériences fortes et d’activités que de prospectus. Et ne
réduisons pas ces activités au foot et aux maisons de jeunes!»,
lance Pierre Scieur.
D’autres problèmes et
embûches jalonnent encore la route des mouvements de jeunesse et
menacent leur dynamisme. Citons par exemple la difficulté de pouvoir
bénéficier de locaux de réunion gratuits et salubres, le coût élevé de
la formation d’animateur breveté à charge des jeunes, constituant un
frein à leur engagement, l’absence de compensation par les pouvoirs
publics des participations financières non payées par les familles
précarisées, l’état misérable et l’insuffisance de matériel de camps
prêté par la Communauté française ou encore la difficulté de trouver des
lieux de camps avec un bon rapport qualité/prix en Ardenne. On pourrait
poursuivre la liste.
Une bonne nouvelle quand
même dans ce sombre paysage: le gouvernement wallon a adopté le 1er
mars dernier un avant-projet de décret complétant le Code wallon du
tourisme et visant à attribuer un label de qualité aux endroits de camps
(sur le modèle des épis des gîtes ruraux, les hébergements bâtis seront
labellisés par des foulards). «Les objectifs poursuivis sont clairs,
explique le ministre wallon du tourisme, Benoît Lutgen. Il s’agit de
garantir un minimum de sécurité pour les mouvements de jeunesse, de
motiver les propriétaires à améliorer l’infrastructure proposée grâce à
la labellisation et aux subventions pour la mise en conformité en
matière de sécurité et d’hygiène, et enfin de maintenir une offre
d’hébergements suffisante».
«Globalement, en Flandre
c’est le paradis pour les mouvements de jeunesse»,
soupire Frédéric
Possemiers. «Ils sont nettement mieux subsidiés par la Communauté
flamande, et les provinces et les communes sont obligées de les aider
logistiquement ou financièrement».
Certes, en Communauté
française, les moyens disponibles sont moindres, mais des choix
politiques sont possibles. Les 80.000 jeunes qui fêteront ensemble les
100 ans du scoutisme, le dimanche 29 avril prochain à Bruxelles.
(4) rappelleront aux responsables politiques que leurs
mouvements de jeunesse répondent à leurs vrais besoins et qu’il est donc
important de les soutenir davantage.
Joëlle
Delvaux
______________
(1)
Plus de 3.000 camps variant de 7 à 15 jours selon les tranches d’âge
sont organisés chaque été.
(2)
«Scouts, guides, patros: en marge ou en marche?» - Sous la direction de
Bernard Mathieu et Olivier Servais - Luc Pire - 18 EUR.
(3) Le
Conseil de la jeunesse catholique regroupe toutes les organisations de
jeunesse catholiques. Jeunesse&Santé, reconnue comme organisation de
jeunesse, en fait partie. Infos:
www.cjc.be
(4) Le
jamborée belge se déroulera toute la journée au parc de Laeken, au
centre ville et au Stade Roi Baudouin où se dérouleront différents
spectacles, animations et activités. Plus d’infos sur
www.scouting2007.be
Scouts, guides : histoires mixtes
Le
1er août 1907, Baden-Powell souffla dans une corne de coudou
d'Afrique du Sud, lançant ainsi le premier camp scout avec une vingtaine
d’adolescents issus de tous les milieux sociaux, sur l'île de Brownsea
en Angleterre. Ce fut le départ d'un mouvement qui se développa
rapidement, jusqu'à compter à ce jour 38 millions de membres, garçons et
filles de 166 pays différents.
En Belgique, les premières
troupes scoutes ont été créées en 1911 et sont apparues au sein même des
patronages, perçus par une grande partie de la jeunesse comme
vieillottes et paternalistes. Bien que dans ses fondements, le scoutisme
de Baden-Powell ne revendique pas de confession, ces troupes catholiques
de garçons faisaient explicitement référence à la religion.
Quatre ans plus tard, en
1915, des femmes créaient le guidisme catholique pour accueillir les
filles et les adolescentes qui aspiraient à être guides, à l’image de
leurs frères scouts. Une initiative qui n’allait pas de soi face aux
critiques formulées: celles de sortir les filles de la maison, de les
“viriliser” et surtout de les détourner de leur “vocation féminine”,
comme l’expliquent les auteurs d’un récent ouvrage qui retrace
brillamment l’histoire de la mixité dans les mouvements de jeunesse
(1).
Pendant plus de 50 ans,
filles et garçons, dans leurs mouvements respectifs et soigneusement
séparés, ont été placés ainsi sur un pied d’égalité tant dans les
loisirs sportifs que dans la vie associative. Au sein de leur
association féminine, les guides ont pu acquérir une autonomie et
expérimenter les voies de l’épanouissement et de l’émancipation dans une
société en plein bouleversement.
Il a fallu attendre les
années 70 pour que les scouts puis les guides catholiques adoptent le
principe de la coéducation comme moyen éducatif à part entière pour
atteindre les objectifs du mouvement, en adéquation avec l’évolution
sociétale. Ce cheminement vers la mixité fut long et parfois tumultueux,
comme le montrent les historiens dans l’ouvrage déjà cité. Aujourd’hui,
la coexistence de troupes mixtes et non-mixtes permet à chaque enfant de
s’intégrer dans une troupe qui lui convient le mieux en fonction de son
âge et de ses souhaits.
JD
(1)
"Guidisme, scoutisme et coéducation. Pour une histoire de la mixité dans
les mouvements de jeunesse", Sous la direction de Thierry Scaillet,
Sophie Wittemans et Françoise Rosart - Arca et Academia Bruylant - 28,50
EUR.
Panorama des mouvements de
jeunesse
|
Il existe en Belgique cinq
fédérations de scoutisme dont trois francophones et deux
néerlandophones.
► Les Scouts, Fédération
Catholique des Scouts Baden-Powell de Belgique (ex-FSC): 51.000 membres.
Les Unités sont soit mixtes, soit composées de garçons.
► Les Guides Catholiques de
Belgique (GCB): 25.000 membres. Les Unités sont soit mixtes, soit
composées de filles.
► Les Scouts et Guides
Pluralistes (SGP): 5.000 membres. Les Unités sont mixtes.
► Scouts en Gidsen
Vlaanderen: 72.000 membres.
► Federatie voor Open
Scouting (FOS): 7.000 membres.
Il existe également d’autres
mouvements de jeunesse :
► Les Patros : 35.000
membres. Groupements locaux mixtes ou unisexes.
► Chiro, le pendant
néerlandophone des Patros:100.000 membres.
Les Scouts occupent une
position dominante dans le paysage francophone des mouvements de
jeunesse et drainent surtout un public urbain et relativement favorisé.
Il en est de même pour les Guides catholiques qui s’imposent comme
deuxième mouvement.
Quant aux Patros, s’ils n’ont
plus grand chose à voir avec les patronages dirigés par des membres du
clergé, ils conservent des implantations paroissiales et une spécificité
rurale. Ils touchent davantage les jeunes de milieux plus modestes.
Les scouts et guides
pluralistes sont surtout présents en région bruxelloise.
A noter que les Faucons
rouges, liés au mouvement socialiste, représentent à peine 20 groupes
locaux et ne sont pas reconnus comme mouvement de jeunesse.
|
Jeunesse & Santé :
un même
projet, de mêmes valeurs
A Jeunesse & Santé, nous ne
sommes ni Scouts, ni Guides. Chez nous, les foulards sont plutôt rares,
et nous n’appartenons pas à la catégorie des mouvements de jeunesse.
Mais nous disposons d’un patrimoine génétique fort proche de ces
mouvements avec qui nous partageons l’essentiel de nos valeurs et
finalités, et également certains constats…
En Communauté française, les
organisations de jeunesse sont régies par un décret de 1980 qui définit
les modalités de reconnaissance et de subventionnement de ces
associations. Un peu plus de 80 organisations sont reconnues sur cette
base. Le socle commun de cette reconnaissance est une finalité éducative
qui se traduit par la contribution de ces organisations à former des
«citoyens responsables actifs, et critiques» (nous avons coutume
d’ajouter «solidaires» à cette liste!).
Le décret prévoit différentes
catégories d’organisations de jeunesse: les mouvements (essentiellement
les Scouts, Guides et Patros), les mouvements spécialisés (par exemple
les jeunesses syndicales), les coordinations (telles que le CJC,
l’ICC)(1), et les services c’est-à-dire tous les nombreux autres (dont
J&S). La distinction entre mouvement et service s’opère exclusivement
sur le critère du nombre d’implantations locales et ne s’appuie donc pas
sur des différences de pratiques. Se retrouvent dès lors en vrac dans la
catégorie «services» des organisations qui, comme J&S, conçoivent leur
action dans une dynamique de mouvement, mais aussi des organisations qui
interviennent par projet auprès de groupes de jeunes, des centres
d’information, des centres d’hébergement… Une grande diversité, dans
laquelle se noie ce qui constitue pourtant l’identité de notre secteur :
la participation et l’expérimentation comme outils de formation à une
citoyenneté active et responsable.
Cette question d’identité se
trouve au centre des débats occasionnés par les négociations entamées en
vue de produire un tout nouveau décret sur les Organisation de jeunesse.
Pourtant, le décret de 80 est un bon décret. Malheureusement, son volet
financier n’a jamais été appliqué, et l’on nous dit qu’il n’est tout
simplement pas applicable (!), ce qui a justifié pour partie ce grand
chantier… dont on peut craindre bien des dérives.
En effet, la ministre de la
culture, également en charge de la jeunesse, n’a jamais témoigné grand
intérêt à notre réalité, en observant d’ailleurs en cela une belle
constance avec l’action de ses prédécesseurs. Malgré le nombre de jeunes
et d’enfants qui s’épanouissent dans toutes les organisations de
jeunesse mettant en pratique un projet participatif inscrit dans la
durée, malgré la qualité et l’apport éducatif indéniable de tels
projets, les politiques de jeunesse semblent s’être ancrées ces
dernières années dans la conviction qu’il s’agit d’un modèle dépassé.
Aujourd’hui la tendance lorgne vers les «initiatives émergeantes» (même
lorsqu’on ne sait pas bien ce que c’est), privilégie l’action locale
ponctuelle (avec un petit arrière fond de contrôle social) à
l’investissement dans la durée, stimule l’émergence d’opérateurs
spécialisés dans un domaine (l’animation, ou la formation d’animateur,
ou l’information des jeunes, ou…) au détriment d’un projet global
construit par et pour les jeunes. Enfin, la tendance est de se focaliser
particulièrement sur deux thématiques: l’information (même lorsqu’elle
est construite sans aucune dimension collective) et l’expression (dont
la dimension artistique qui n’est jamais bien loin semble être
l’apothéose).
Lorsque des opérateurs auront
distribué des milliers de brochures et que des structures émergeantes
auront animés des centaines d’ateliers de slam ou d’impro, aura-t-on
reconstruit l’équivalent de ce qui existe déjà aujourd’hui dans nos
associations? Certains semblent le penser. Aussi, à l’occasion de ce
centenaire, nous associons-nous à l’ensemble du mouvement scout en lui
souhaitant encore de nombreuses décennies de résistance, pour que vos
enfants et vos petits-enfants, puissent continuer à bénéficier de ces
formidables espaces d’apprentissage.
Eric
Olbregts,
Secrétaire général
de
Jeunesse & Santé
(1) Conseil de la Jeunesse
Catholique et Institut Central des Cadres (coordination d’OJ en matière
pédagogique).
Expo :
le scoutisme
en bande
dessinée |
Entre le scoutisme et la bande dessinée, c’est une vieille
histoire d’amour. Pour illustrer ces liens forts, la Maison de la
Bande dessinée met à l’honneur trois auteurs qui ont illustré le
scoutisme: Pierre Joubert, Jijé et bien sûr Mitacq avec sa
désormais célèbre Patrouille des Castors.
L’occasion était trop
belle… Alors que l’on fête cette année les 100 ans du scoutisme,
il était plus qu’opportun de montrer l’intérêt que les auteurs de
BD ont toujours porté au scoutisme et vice-versa. Hergé, Franquin
ont publié leurs premiers dessins dans des publications des scouts
catholiques tout comme Will, Peyo, Mitacq, Hermann et bien
d’autres. Le célèbre calendrier scout a toujours fait la part
belle aux auteurs de bandes dessinées. Jusqu’au 2 septembre, la
Maison de la Bande dessinée a donc fait le pari de montrer
quelques-unes des plus belles planches et illustrations réalisées
autour du scoutisme. |
Trois auteurs sont
principalement mis à l’honneur: Pierre Joubert, Jijé et Mitacq.
Pierre Joubert (1910-2002) est celui qui a élevé le calendrier
scout au rang d’œuvre d’art. Scout dans l’âme, il devient
rapidement l’illustrateur attitré de la célèbre collection de
romans pour jeunes, créée en 1937 et consacrée au scoutisme: la
collection Signe de Piste. Joubert réalisera ainsi plusieurs
milliers de dessins sur le scoutisme et l’exposition nous en donne
à voir quelques beaux exemples.
C’est en 1948 que Jijé
(Joseph Gillain, 1914-1980) décide de réaliser la biographie
dessinée de Baden-Powell. Jijé a déjà pas mal d’expérience dans
cet exercice particulier puisqu’il a raconté la vie de Don Bosco
et de Christophe Colomb en BD. On pourra ainsi observer quelques
immenses planches originales de ce récit consacré à Baden-Powell
qui s’étend sur 88 planches et est paru dans Spirou d’octobre 48 à
juin 1950.
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Enfin, la Maison de la
Bande dessinée ne pouvait passer outre le travail de Mitacq
(Michel Tacq, 1927-1994), auteur de La Patrouille
des Castors. Mitacq, dont le totem scout est Toucan bénévole,
réalisera près de 30 épisodes de La Patrouille des Castors, cette
série qui narre les exploits d’une patrouille de 5 jeunes scouts
âgés de 13 à 15 ans.
Au-delà de ces trois
auteurs, on pourra voir également des illustrations et planches
"scoutes" réalisées par Mittéï (les 3 A), Gotlib (Hamster Jovial),
Peyo (le Petit François), Franquin (Gaston en scout), Will et
Lambil (calendriers scouts). Petite par la taille, cette
exposition nous montre cependant de belles et grandes choses. Une
vidéo de 20 minutes consacrée à la vaste aventure du scoutisme
vient compléter l’ensemble.
Françoise Robert
Centenaire du
scoutisme, une exposition à voir jusqu’au 2 septembre à la Maison
de la bande dessinée, Bd de l’Impératrice, 1 à 1000 Bruxelles.
Prix: 2 EUR. |
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