Une étude de la Fondation
Travail-Université attire l'attention sur les risques du mythe de la
“génération Internet”. Si les 16-24 ans aiment et pratiquent Internet,
ils n'en font pas nécessairement un usage au bénéfice de leur autonomie
et de leur insertion socioprofessionnelle. A la clef, un risque de
fracture numérique.
Les jeunes,
tous doués en informatique? Les 16 à 24 ans, tous aguerris aux nouvelles
technologies, au point d'épater leurs vieux parents qui ont connu “la
vie sans Internet”? A voir… Une étude de la Fondation Travail-Université
(FTU), menée à la demande des services publics fédéraux, écorne le mythe
de la génération des “natifs numériques”, ces jeunes qui sont nés dans
le berceau d'Internet et ont été biberonnés aux technologies numériques
de communication.
Après avoir
consulté la littérature scientifique et statistique et rencontré des
acteurs de terrain travaillant avec des jeunes défavorisés, les trois
chercheurs font d'abord le constat suivant: pour beaucoup de 16-24 ans,
toutes origines et tous niveaux d'instruction confondus, les jeux en
ligne, les messageries instantanées et les réseaux sociaux constituent
des formes d'utilisation d'Internet à forte dimension identitaire. En
revanche, ils sont peu nombreux à manier d'autres applications
d'Internet qui, pourtant, s'avèrent de plus en plus utiles pour leur
insertion socio-économique et leur autonomie : recours aux services
administratifs, recherche critique d'informations et commerce
électronique. Beaucoup de jeunes, par ailleurs, disposent par exemple
d'un GSM haut de gamme et d'une console de jeux, tout en n'ayant recours
à Internet qu'épisodiquement voire très peu.
Les auteurs
estiment qu'il existe une forme particulière de fracture numérique pour
les jeunes qui sont quasiment “off line” ou peu connectés: ils ont,
certes, une expérience des technologies de l'information et de la
communication, mais celle-ci est limitée. Ils se retrouvent dépourvus
lorsqu'ils doivent répondre à des attentes relatives au marché du
travail, à la formation ou à l’apprentissage de l’autonomie. Pour
l'équipe de la FTU, le défi de l'“inclusion numérique” passe par une
série de mesures. Les pouvoirs publics pourraient notamment organiser
une “formule jeunes” pour les tarifs de connexion à Internet. Les écoles
de travailleurs sociaux devraient intégrer une formation à l'usage des
nouveaux médias numériques interactifs. Les concepteurs de services en
ligne pourraient, eux, incorporer des liens permettant aux jeunes de
passer facilement d'un univers à l'autre: par exemple d'un réseau social
à un horaire de transports en commun. Etc.
// PhL