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Immigration (17 octobre 2013)

Le bilan macabre du contrôle des frontières

© Belga AFP

La campagne Frontexit – en référence à l’agence Frontex, active dans le contrôle des frontières de l’Union européenne – prend une acuité particulière. Lancée en mars 2013, Frontexit milite pour le respect des droits des migrants aux frontières de l'Union. Une tragédie à 600 mètres des côtes siciliennes avive la polémique. Entre surveillance et sauvetage.

Lampedusa. Aux yeux de la plupart d’entre nous, l’île sicilienne n’était encore récemment qu’un des points les plus méridionaux de l’Italie. Elle est aussi – vue d’Afrique – une des terres européennes les plus proches du continent africain. Plus proche de la Tunisie que de l’Italie. Elle vient d’être le théâtre d’un drame majeur. Plus de 300 migrants en provenance d’Erythrée et de Somalie sont morts noyés au large de ces côtes, le 3 octobre dernier. Ils rejoignent ainsi le nombre grandissant des victimes de l’immigration dite “clandestine”. Depuis 2002, rien qu’aux abords de l’île de Lampedusa, 3.300 personnes auraient déjà péri. Entre 1993 et 2012, ils seraient plus de 16.000 à avoir trouvé la mort aux frontières, estime Migreurop, un réseau d’associations européennes et africaines, sorte d’observatoire des droits des migrants. Dans le détroit de Sicile, le détroit de Gibraltar, en Mer Egée, entre le Sahara et les îles Canaries, à Calais, Ostende ou ailleurs, les noyades, asphyxies, accidents, morts de faim ou de froid témoignent dramatiquement des tentatives de braver la forteresse européenne. Les drames se déclinent en fonction des filières qui comportent sans cesse plus de risques pour éviter les routes sous surveillance.

Frontières sécurisées…

Voici huit ans que l’Union européenne a recours à l’agence Frontex pour coordonner ses interventions frontalières. La “chienne de garde” de l’Europe comme la nomment certains détracteurs, a pour mission de “promouvoir, coordonner et développer la gestion des frontières européennes”. Elle a un mandat tentaculaire, estime Caroline Intrand du Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers)(1). De la détection des migrants irréguliers à la mise sur pied et la formation d’équipes de garde-frontières européens, de l’analyse des risques migratoires à la coordination d’opérations d’expulsion, en passant par le développement de technologie de surveillance. Son budget témoigne de son importance croissante : de 19 millions d’euros en 2006 à 85 millions en 2013. Elle gère le développement du futur système européen de surveillance appelé Eurosur, actuellement au stade de projets pilotes dans différents pays, mais amené à devenir pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année. Le Parlement européen vient de donner son feu vert, avec une enveloppe de 35 millions d’euros.

Drones contre actes désespérés

La tragédie de Lampedusa et sa médiatisation entraînent certains décideurs européens – telle la commissaire européenne aux affaires intérieures, Cecilia Malmström – à proclamer le renforcement de Frontex et la mise en place d’Eurosur en guise de solutions. Considérer Frontex comme un moyen de sauver les migrants dans leur traversée à haut risque ne manque pas de faire réagir les tenants de la campagne Frontexit, lancée voici plusieurs mois déjà. En Belgique, le Ciré, le CNCD-11.11.11, la Ligue des droits de l’Homme et Progress Lawyers Network participent de ce mouvement de sensibilisation et d’interpellation international. Ils considèrent que le “mode opératoire de l’agence Frontex présente de nombreuses zones d’ombre en termes de transparence, de répartition des responsabilités et de protection des droits fondamentaux des migrants”. Ne serait- ce pas davantage la lutte contre l’immigration dite clandestine que le sauvetage en mer qui mobilise les dispositifs et les agents de Frontex ?

Même si les opérations d’interception en mer de Frontex sont souvent couplées à des opérations de sauvetage, précisent le réseau Migreurop et ses partenaires, le manque de transparence sur les activités de l’agence ne permet pas de savoir si ses patrouilles ont déjà véritablement sauvé des vies ou si elles se sont contentées de signaler aux autorités les plus proches des embarcations en détresse”. Renforcer la surveillance à coup de drones, de caméras infrarouge, d’hydrophones… s’apparente à une fuite en avant pour les partisans de Frontexit. “Surveiller n’est pas veiller sur, insistent-ils. On ne peut pas à la fois surveiller les migrants en tant que flux à stopper et veiller sur les migrants en tant qu’humains ayant besoin de protection”.

//CATHERINE DALOZE

>> Plus d’infos : www.frontexit.org

(1) Article paru dans “Chroniques de l’Europe forteresse”, Migrations magazine n°9, 2013 - www.migrations-magazine.be

 

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