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La sanction aide l’enfant à grandir!

 

Éduquer, c’est marquer les limites, distinguer le permis du défendu, imposer des règles et le cas échéant, sanctionner leur transgression. Mais qu’est-ce qu’une bonne règle, une bonne sanction? Patrick Traube, psychologue, nous propose des réponses claires et pragmatiques.

 

Lire également ci-dessous :

Sanctions et autorité... Des règles de base et des pièges à éviter

Sanctionner : pourquoi, comment : un dossier de Jeunesse & Santé

 

Fabien revient du jardin les chaussures crottées et s’apprête à entrer dans le salon où ses parents reçoivent des invités. Son père lui intime l’ordre d’ôter ses chaussures. En haussant les épaules et toisant son père, Fabien poursuit son chemin comme si de rien n’était. Au grand étonnement des invités, les parents de Fabien ne réagissent pas, la mère se contentant de dire que son fils a du caractère.

Cette situation parmi d’autres a incité Patrick Traube, psycholoque, psychothérapeute et formateur d’adultes, à rédiger un ouvrage qui, s’appuyant sur des expériences vécues et des questions concrètes, apporte une réflexion sur l’éducation, les règles, les sanctions éducatives et démontre en quoi le mauvais usage de celles-ci constitue le nid de la violence.

“En éducation, l’amour ne suffit pas. Il faut des règles, des exigences, de la Loi”, martèle Patrick Traube. Éduquer n’est pas séduire. La position éducative est source d’inconfort, voire même de souffrance pour l’adulte. Lorsque je diffère l’achat d’un jouet ardemment désiré par mon enfant, lorsque j’interdis à mon fils de regarder sa cassette vidéo préférée parce que j’estime qu’il ne l’a pas méritée ou que je prive ma fille de dessert parce qu’elle n’a pas rangé sa chambre nonobstant de multiples avertissements, je puis prévoir que pendant les minutes ou les heures qui vont suivre, l’enfant va me haïr…”, explique le psychologue qui ajoute que comme parent ou éducateur, nous devons être capables de soutenir “le regard meurtrier” ou l’agressivité de nos enfants. Éduquer de la sorte, c’est faire le pari que l’enfant comprendra plus tard qu’il aurait été plus commode pour papa ou maman de laisser-faire sans rien dire mais que cela aboutit à en faire un adulte incapable de vivre la frustration et de respecter les règles de vie en société. L’enfant a effectivement besoin d’être structuré et confronté à des limites pour pouvoir acquérir plus d’autonomie et grandir dans l’assurance qu’il est protégé par certaines balises, et non pas abandonné dans un monde où tout est permis et qui en devient donc dangereux.

 

Quelles règles éducatives?

Il faut donc des règles, qu’elles soient connues des enfants, claires et non ambiguës. Par exemple: si on ne vide pas son assiette, on n’a pas de dessert. On fait d’abord ses devoirs avant de jouer. On ne regarde pas la télévision plus d’une heure par jour, etc. A l’école, des règles sont édictées dans le règlement de l’établissement. Encore faut-il le faire connaître aux parents comme aux élèves. De même, l’affichage d’une charte permet à chacun de connaître les règles de vie qui prévalent en classe.

Une règle éducative se reconnaît en ce qu’elle est perçue par l’enfant comme légitime, juste, non persécutrice et non arbitraire. Par exemple, obliger sa fille à ranger sa chambre et le faire soi-même à la place de son fils apparaît injuste. De même, interdire aujourd’hui quelque chose qui était permis hier dans les mêmes circonstances peut paraître incohérent. De nombreux problèmes dans les écoles et dans les familles proviennent du fait que les règles ne sont pas les mêmes pour tous ou qu’elles ne s’appliquent pas à tous de la même façon (il y a les chouchous, le petit dernier ou à l’inverse le souffre-douleur). Cette situation crée un sentiment d’injustice et d’arbitraire qui creuse le lit de toutes les violences.

Les règles doivent aussi être pertinentes c’est-à-dire qu’elles doivent avoir une justification objective. Se laver les mains avant de passer à table, ne pas mettre ses doigts dans les prises de courant, se mettre en rang, … Généralement, une règle est fondée lorsqu’elle s’appuie sur un impératif de protection ou d’efficacité dans l’accomplissement de la tâche.

Par ailleurs, les règles doivent être hiérarchisées. Si certains choses ne sont pas négociables (comme l’heure du coucher chez les petits), d’autres peuvent l’être à partir d’un certain âge (comme le choix d’un stage de vacances).

 

Des sanctions claires

Dans certaines écoles ou familles, dès règles existent mais quand elles sont transgressées, il ne se passe rien. On ferme les yeux. La règle perd ainsi toute efficacité car une infraction non sanctionnée crée un sentiment d’impunité et provoque la violence.

Oui, mais… quand et comment sanctionner? Patrick Traube énumère les conditions pour que la sanction soit éducative. Elle doit tout d’abord être précédée de sommations d’usage et s’appliquer à l’acte et non à la personne. La sanction doit indiquer la limite à ne pas franchir mais elle n’interdit pas d’essayer de comprendre pourquoi il y a eu transgression.

Par ailleurs, la sanction doit être juste. Parents et éducateurs doivent prendre en compte les circonstances atténuantes ou aggravantes, les situations particulières, comme la justice le fait pour les adultes.

La sanction doit être responsabilisante et si possible réparatrice. L’enfant a mis du désordre? Il doit ranger. La sanction doit aussi être réfléchie, différée dans le temps, résultat d’un jugement rationnel plutôt que d’une impulsion à chaud.

La sanction ne doit pas être confortable. Priver de dessert un enfant qui n’est pas porté sur les sucreries n’a pas beaucoup de sens. En revanche le priver de son Game Boy auquel il tient le fera réfléchir.

Enfin, la sanction doit être placée sur le même terrain que la faute. Concrètement, à une négligence pédagogique doit correspondre une sanction pédagogique et à une transgression comportementale, une sanction disciplinaire.

 

Retrouver le sens

Aujourd’hui, comme l’explique très bien Patrick Traube, on assiste à l’émergence de formes nouvelles d’expressions violentes, observées de plus en plus tôt chez les enfants. Parmi celles-ci, cette micro-violence quotidienne banalisée qu’on nomme incivilités. Dire bonjour, merci, s’excuser, faire preuve de respect (notamment par rapport aux adultes)… Des attitudes et des mots conventionnels qui relèvent des rites mais qui ont été rangés au placard dans notre société post-moderne, car jugés ringards et dépassés. Patrick Traube plaide pour que notre société retrouve ces rites oubliés et ré-instaure des distances symboliques (parents-enfants, maîtres-élèves…) pour retrouver le chemin du sens.

Joëlle Delvaux

 

“Eduquer c’est aussi punir” - Patrick Traube - Labor - 9 EUR.


 

Sanctions et autorité…

 

D’aucuns diront que l’autorité est quelque chose d’inné et qu’il n’y a pas de recettes toutes faites…. Pourtant, quelques principes servent l’autorité et d’autres la desservent… En voici quelques-uns en vrac !

 

Des règles de base…

L’autorité ne se limite pas à poser une somme d’interdits ; elle est plutôt liée aux limites clairement posées, à la signification donnée aux sanctions et à la reconnaissance de ses propres erreurs.

L’adulte doit définir des règles essentielles sur lesquelles il ne transigera pas : il s’agit du non-négociable.

En ce qui concerne les règles négociables, le fait de les construire avec les enfants permet notamment de leur donner du sens et de les faire accepter.

Quand les règles sont fixées, elles ne doivent plus changer car la constance est essentielle pour que l’enfant puisse s’y repérer.

Lorsqu’un adulte a décidé quelque chose, personne ne doit le remettre en cause en public, quitte à en discuter en l’absence de l’enfant.

Quand on promet quelque chose à un enfant, il faut tenir parole car l’autorité doit être bâtie sur la confiance. Même chose pour les privations : ne menacez pas un enfant de quelque chose que vous savez (et lui aussi) impossible à appliquer (ex : lors d’une randonnée : “si tu continues, on te laisse là”).

L’autorité réelle doit s’exercer sans violence, qu’elle soit physique (coups) ou morale (brimades, humiliations, chantage).

Si une punition est établie sans tenir compte des règles fixées ensemble, elle sera souvent vécue comme injuste, car elle risque d’être guidée uniquement par les émotions de celui à qui une attitude a déplu…

 

… et des pièges à éviter

Éviter les phrases lapidaires du style “tu es trop méchant”, “je ne t’aime plus”, éviter les “toujours” et les “jamais”. Mieux vaut parler en son nom et préférer les phrases du style “je ne suis pas d’accord avec ce que tu as fait à ton camarade”.

Éviter de désapprouver le comportement d’un enfant devant un autre ou devant des parents. Certaines paroles dites en public peuvent blesser beaucoup plus que si elles sont dites en tête-à-tête.

Excluons les paroles qui blessent et les punitions qui humilient comme “puisque tu mords, je vais te promener en laisse toute la journée”, “ Tes parents ne seraient pas fiers de toi”.

Les punitions collectives qui frappent aveuglément tous les enfants pour atteindre l’auteur de la faute, laissent derrière elles un profond sentiment d’injustice.

Un recours quasi systématique à la punition n’aura plus d’effet sur l’enfant.

La punition ou la réparation doit être présentée non comme une humiliation, mais comme une conséquence logique d’un acte répréhensible et clairement annoncé comme tel.

Le fait de crier ne donne en aucun cas de l’autorité.

 

En conclusion

L’autorité, c’est parvenir à fixer des limites claires, les faire respecter et être capable de trancher, d’expliquer et de négocier. Mais l’autorité, c’est aussi encourager lors des moments difficiles et féliciter l’enfant pour chaque petit progrès !

Rébecca Nuttens,

Jeunesse & Santé

 

Sanctionner : pourquoi, comment?

 

Quand un enfant a un comportement inacceptable, agressif ou dangereux, l’adulte se doit de réagir. Oui, mais comment? Faut-il sanctionner, dialoguer…

Face à ces questionnements, Jeunesse & Santé a réalisé un dossier très riche sur les sanctions. Outre des articles consacrés au sens à donner aux règles et aux sanctions ou encore à l’autorité (l’article de Rébecca Nuttens en est extrait), ce dossier part d’expériences et d’exemples concrets, ouvrant des pistes de réflexion et d’action intéressantes pour tous les éducateurs au sens large du terme.

 

Le dossier sur les sanctions est paru dans le n° 47 de “L’Informateur”, le trimestriel de Jeunesse & Santé (1e trimestre 2004). On peut se le procurer auprès de J&S - Tél : 02/246.49.81. Fax : 02/243.20.52. e-mail : j&s@mc.be - On peut aussi le télécharger sur www.jeunesseetsante.be

 

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