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Famille (20 décembre 2001)


Divorce, séparations…

La médiation familiale adoucit les procédures judiciaires

Alors que pendant longtemps la justice n’a pu éviter des conflits déchirants au sein des familles lors des procédures judiciaires, le législateur a prévu la possibilité de désigner un médiateur dans le cadre des litiges familiaux se déroulant devant les cours et tribunaux. Une autre manière de gérer les conflits.

Cela fait une quinzaine d’années que la médiation familiale a fait son apparition dans notre pays, à la suite des pays anglo-saxons qui, les premiers, ont développé ce mode de résolution des conflits au sein de la cellule familiale. Avec l’augmentation toujours plus importante des séparations, le besoin s’est fait sentir de trouver des tiers extérieurs à la relation de couple, susceptibles d’aider les futurs ex-époux à surmonter les obstacles. Plutôt que de s’entredéchirer par avocats interposés et ce, parfois pendant de longues années, la médiation familiale propose une alternative au dialogue de sourds, en essayant de rétablir le contact entre les personnes amenées à se séparer. France en parle assez facilement aujourd’hui, même si elle n’a pas entamé cette médiation de gaîté de cœur : “C’est mon ex-mari qui m’a proposé cette solution. A l’époque j’étais vraiment très remontée contre lui: il me quittait pour une autre et ça, je n’arrivais pas à l’avaler. Au départ, quand il m’a parlé de la médiation familiale, je l’ai envoyé sur les roses. Deux mois après avoir ressassé toutes mes rancoeurs des heures durant, je me suis dit qu’il valait mieux m’incliner, surtout pour les enfants qui souffraient énormément de la situation. Lors des premières rencontres avec la médiatrice familiale, j’étais vraiment sur la défensive et je venais aux séances avec énormément de réticences. Petit à petit, on est arrivé à s’entendre sur certains points névralgiques pour la vie future: il n’était pas question pour moi d’entamer une thérapie de couple, mais de trouver des solutions durables pour nos futures relations et surtout pour que cela se passe le mieux possible pour les enfants. Je pense que la médiation a réellement aidé à atteindre cet objectif.”

Dépasser le conflit de couple

La médiation familiale a pour vocation, en une dizaine de séances de deux heures, de permettre une séparation en bonne intelligence en réglant les aspects de la vie future. Il s’agit de régler la manière dont l’autorité parentale va être concrètement exercée: le choix de l’école, des loisirs, des options philosophiques ou religieuses, les orientations pédagogiques générales. La question de l’hébergement des enfants devra évidemment être réglée, ainsi que les contributions financières de chacun. Sur le plan matériel, il convient également de liquider la communauté, en prévoyant, si nécessaire, la réalisation des biens mobiliers et immobiliers, et en répartissant les biens propres et communs, éventuellement en fonction de l’attachement symbolique qu’accorde l’un ou l’autre des conjoints à un objet particulier.

Monique Boever, médiatrice familiale et par ailleurs conseillère conjugale au centre de planning familial “Le blé en herbe” à Namur, explique: “Très souvent, les enfants sont le seul point de rencontre entre des personnes qui éprouvent de grandes difficultés à se parler, parfois même à se trouver dans une même pièce. Mais pour les enfants, ils veulent faire l’effort de trouver des solutions qui tiennent la route. Comme ils n’y arrivent pas seuls, ils nous demandent de les aider.”

Pour cette médiatrice qui exerce depuis dix ans, la difficulté de dialogue découle souvent du fait que dans une séparation, celui qui part se culpabilise de n’avoir pas su sauver son couple et celui qui est quitté souffre d’une grande blessure narcissique car il se demande ce qu’il vaut pour être ainsi rejeté. “Il est souvent indispensable de leur faire comprendre, à l’un comme à l’autre, qu’ils n’ont pas démérité, mais que leur histoire personnelle et leur évolution respective les ont mené sur des chemins différents. Cela dit, il ne faut pas se tromper de mission: je n’interviens pas dans ce cadre en tant que conseillère conjugale, mais en tant que médiatrice, c’est-à-dire cet intermédiaire qui va permettre de trouver un certain nombre de solutions pour permettre la vie après la séparation. J’essaie également de donner la parole aux enfants, tout en leur garantissant le secret s’ils ne souhaitent pas voir leurs propos répercutés auprès des parents. Les rencontrer m’aide aussi à mieux cerner la situation. “

Il arrive également que la demande de médiation émane des grands-parents qui souhaitent conserver des relations avec leurs petits-enfants après une séparation. Le médiateur familial peut également jouer ce rôle d’intermédiaire dans ce cas de figure.

Une formation psychologique et juridique

Les limites du rôle de médiatrice, Isabelle Debauw les connaît également, mais dans un autre domaine. En tant qu’avocate pratiquant la médiation familiale, elle doit clairement délimiter son rôle: “Je dois absolument savoir quelle casquette je porte : celle de médiatrice ou d’avocate car c’est très différent. En effet, en tant que médiatrice, je ne dispense pas de conseils juridiques sur la meilleure solution pour l’un ou pour l’autre membre du couple. Par contre, je leur donne des informations juridiques de base. Lorsqu’au fil des discussions, on arrive à dégager des accords sur les différents aspects de la séparation, je leur conseille de demander l’avis à un avocat afin de vérifier si leurs intérêts sont bien respectés. Cela dit, j’essaie de dégager des accords qui tiennent la route sur le plan juridique et soient équilibrés.”

De plus en plus souvent, les médiateurs familiaux ont dans leur bagage professionnel une formation de juriste. Pour Isabelle Debauw, s’il s’agit d’un débouché professionnel, “le fait que des juristes exercent cette profession est une bonne chose car les accords qui émergent d’une médiation serviront de base aux conventions dans le cadre d’un divorce par consentement mutuel ou seront présentés au juge. Il faut d’une part que ces accords soient juridiquement corrects, sinon on risque de voir le travail effectué tout simplement anéanti, et d’autre part qu’ils soient conclus en tenant compte des implications pour le futur. Je pense par exemple aux implications fiscales en matière de contribution alimentaire.” Cela dit, si Isabelle Debauw insiste sur la pertinence de cette formation juridique, elle met également l’accent sur la formation psychologique indispensable dans le chef du médiateur car il s’agit avant tout d’un travail relationnel.

Une démarche volontaire

Avec l’entrée en vigueur le 1er octobre dernier de la loi relative à la médiation familiale dans le cadre d’une procédure judiciaire, on peut raisonnablement penser que celle-ci sera davantage pratiquée et permettra d’éviter la surenchère que le règlement judiciaire des conflits relatifs à la sphère familiale entraîne souvent. Concrètement, cette loi permet désormais au juge de désigner un médiateur familial, à la demande des parties ou de sa propre initiative (mais avec l’accord des personnes concernées) dans les matières qui concernent les obligations alimentaires, les mesures urgentes et provisoires en cas de séparation, les procédures en divorce et les effets découlant de celui-ci, les demandes découlant de la cohabitation de fait et celles relatives à l’exercice de l’autorité parentale. Les accords découlant de cette médiation sont présentés au juge, lequel vérifie qu’ils sont bien corrects sur le plan juridique et qu’ils ne lèsent pas l’intérêt des enfants éventuellement concernés par la procédure. Il est clair que le recours au médiateur doit se faire avec le plein accord des parties: en effet, comme l’explique Isabelle Debauw, “cela ne sert à rien de leur forcer la main car un médiateur n’arrivera à rien dans de telles conditions: je pense par exemple à ce dossier qui m’a été transmis par un juge depuis l’entrée en vigueur de la loi. Quand j’ai demandé à la dame que je voyais pour la première fois ce qu’elle attendait de cette médiation, elle m’a répondu qu’elle était juste là parce que le juge l’y obligeait. Il faut être sûr que les personnes adhèrent au principe de la médiation, sans quoi cette démarche est vouée à l’échec.”

La médiation familiale n’est certes pas la panacée universelle, elle n’est pas adaptable à tous les cas de figures. Mais quand un couple qui se sépare arrive au bout de cette démarche en ayant réussi à s’entendre sur un certain nombre de points cruciaux pour leurs relations futures, beaucoup de choses ont été dites et le chemin parcouru leur permet généralement de se dire au revoir dans une certaine sérénité. Une autre manière de se séparer qui vaut le coup d’être tentée.

Nathalie Cobbaut

Renseignements pratiques

Les tarifs pratiqués dans les centres de planning familial sont réglementés: ils s’élèvent à 1.240 BEF pour une séance (soit 620 BEF par personne). Pour ce qui est des médiateurs exerçant également la profession d’avocat, les différents Barreaux préconisent une tarification qui s’élève, quant à elle, à 3.000 FB la séance.

 

• Pour plus d’infos sur la loi du 19 février 2001: http://www.barreaudeliege.be/news/

• Pour plus d’infos sur la médiation familiale: http://www.mediationfamiliale.be

• Pour obtenir une liste de médiateurs, contactez l’Association pour la médiation familiale (AMF) - Rue Melpomène 24c - 1080 Bruxelles - Tél.: 02/414.81.81.

Pour connaître les coordonnées des centres de planning et de consultations conjugales et familiales, consultez la liste des centres dans les pages jaunes de l’annuaire téléphonique de votre région.

L’Ordre des Barreaux francophones et germanophones dispose également d’une brochure d’informations contenant une liste d’avocats pratiquant la médiation familiale. On peut l’obtenir à l’adresse suivante: rue Washington 40, 1050 Bruxelles - 02/648.20.98 - adresse email: cbfg@skynet.be  (à l’attention de Florence van de Putte).

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