Famille
(18 mars 2010)
Des services de répit
pour souffler et s’épanouir
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©
Famisol |
Sortir avec des amis, accompagner les
enfants à leurs activités, flâner dans les magasins, faire une bonne
sieste, partir en WE… : pour les parents d’un enfant handicapé, ces
simples activités peuvent paraître des mirages. Le besoin de répit
régulier est pourtant vital pour se ressourcer, garder une vie
sociale et familiale équilibrée et éviter l’épuisement.
Indispensable pour les parents et la fratrie, il l’est tout autant
pour l’enfant qui peut ainsi sortir du milieu familial, vivre ses
propres activités et développer sa sociabilité.
Pourtant, beaucoup de parents, et de mères en
particulier, ne s’autorisent pas de moments pour souffler et s’isolent.
Certains refusent de faire appel à autrui, par manque de confiance,
d'énergie ou par culpabilité. D’autres méconnaissent tout simplement
l’existence des services de répit…
Sol'R :
des
séjours résidentiels
Comme
beaucoup d’autres enfants, Pierre, 12 ans, autiste,
passe régulièrement des WE dans la petite maison
attenante à l’IMP de Brugelette, implanté au milieu d’un magnifique parc
arboré. Il y a séjourné aussi une semaine cet été. C’était la première fois
qu’il quittait sa famille pour une si longue période. Pendant ce temps, ses
parents ont pu partir en voyage à deux, ce qui ne leur était plus arrivé
depuis sa naissance.
“Notre
objectif est double, précise Laurence Surquin, coordinatrice du projet Sol’R :
procurer régulièrement à des enfants porteurs de handicap un temps de
ressourcement, de loisirs et de vacances de manière adaptée à leurs
difficultés, et donner à leur famille l’occasion de prendre du temps pour
elle tout en étant rassurée et sécurisée quant à l’encadrement professionnel
de leur enfant”.
Le service
fonctionne deux WE par mois et plusieurs semaines pendant les vacances
scolaires. Six enfants ou jeunes de 4 à 21 ans peuvent être accueillis en
même temps, encadrés par trois éducatrices aidées, selon les circonstances,
par une logopède, une infirmière, une musicothérapeute… L'intendance et le
transport pour les activités sont assurés par les services de l'IMP. Et
l'équipe est soutenue dans sa réflexion par une pédo-psychiatre et un
psychologue. “Nous essayons de former des groupes homogènes, en tenant
compte de l’âge et du type de handicap mais aussi des désidératas des
parents mais ce n’est pas toujours possible car les demandes sont
nombreuses, venant de toute la région wallonne. Notre service est, en effet,
l’un des rares à proposer un répit régulier avec hébergement pour des jeunes
porteurs de tous types de handicap”, assure Isabelle Simon, directrice.
“Malheureusement, certains parents n’envisagent le répit que lorsqu’ils sont
complètement à bout, sans autre solution”, constate Laurence Surquin.
Lors de leur
séjour à Brugelette, les enfants participent à de nombreuses activités :
ateliers cuisine, bricolages, excursions, détente en musique, jeux
d’extérieur... “Ici, les enfants se posent, se reposent, suivent leur
rythme tout en vivant en groupe, confie Marie, éducatrice, tout en
consignant dans les fardes de chaque enfant les petits mots qui permettront
aux parents de savoir comment s’est déroulée la journée. “Cette
parenthèse dans la vie familiale est aussi bénéfique pour le jeune qu’elle
ne l’est pour sa famille, conclut-elle. Chacun repart de Sol’R en sachant
qu’il pourra y revenir. Une perspective réjouissante pour chacun”.
>> ‑Sol’R – Chemin de
Wisbecq , 6
• 7940 Brugelette
• 068/457.442
•
laurence.surquin@impstegertrude.net
Famisol :
une
deuxième famille
Depuis la
rentrée scolaire, Maxime, 7 ans, passe une journée par mois dans une autre
famille que la sienne.
Un moment que tout le monde attend avec impatience.
“Nous avons eu tout de suite un bon contact avec le couple qui l’accueille,
explique avec enthousiasme la maman du jeune garçon. Maxime y bénéficie de
toutes les attentions et est ravi d’y aller. Pour nous, c’est une bulle
d’oxygène, un havre de paix aussi. Maxime est un enfant plein de vie mais il
est épuisant et on doit le surveiller en permanence. Durant cette journée,
nous pouvons enfin baisser la garde. Nous en profitons pour nous consacrer à
notre autre petit garçon ou pour faire des activités à deux, mon mari et
moi”. La famille d’accueil de Maxime, ses parents l’ont rencontrée par
l’intermédiaire de l’asbl Famisol qui propose, outre l'accueil familial, des
journées de répit en petit groupe, conçues autour de diverses activités
conviviales, et encadrées par des volontaires. Pour mener à bien ses
projets, l'asbl fait appel, en effet, à la solidarité entre citoyens et à
l'engagement “handi-solidaire” (1).
“Maxime
participe aussi une fois par mois aux journées famisol, précise sa maman.
Même s’il ne peut utiliser le langage, il exprime sa joie d'y aller. Ce qui
est formidable, c'est qu'on se trouve dans un univers où le handicap est la
norme. Maxime n'y est pas regardé de travers et nous-mêmes ne sommes pas
jugés. Les bénévoles qui encadrent les enfants sont enthousiastes,
dynamiques. Nous sommes rassurés et sereins quand nous déposons Maxime”.
La jeune maman
poursuit: “Quand on a un enfant handicapé, on a déjà tant de deuils à
faire et de difficultés à assumer qu'on n'ose généralement pas demander de
l'aide. J'ai eu la chance de frapper à la bonne porte. L'équipe de Famisol
nous soutient, quelles que soient nos difficultés. Elle cherche des
solutions, nous conseille dans nos démarches, va au devant de nos besoins.
C'est une seconde famille pour nous…”
(1) Famisol est en
recherche de familles ou personnes-relais pour l'accueil familial.
>> ‑ Famisol
- Familles Solidaires asbl
• pour les familles
résidant à Bruxelles ou en Brabant Wallon •
02/771.91.14
•
www.famisol.be
La Parent’aise :
du
répit à domicile
“Pendant des années, on a bricolé des solutions
quand nous ne pouvions pas nous occuper de notre fille
polyhandicapée, lance Martine, la maman
d’Amélie, 15 ans. Maintenant qu’elle est adolescente, les choses se
compliquent et on ne peut pratiquement plus compter sur nos proches pour
prendre le relais. Depuis que nous faisons appel au service de répit à
domicile, nous respirons enfin et je me culpabilise moins de continuer à
travailler, poursuit-elle. C'est pour nous une bouée de sauvetage, un petit
miracle”.
Le service répit
à domicile a deux avantages indéniables: il permet à l'enfant de rester dans
son milieu de vie et il facilite l'organisation de la famille. “Les
premiers contacts sont importants pour créer un climat de confiance,
explique Audrey Fervil, assistance sociale à la Parent’aise, service de l'ASD,
actif sur tout le territoire du Brabant wallon. Nous parlons beaucoup
avec les parents des besoins et capacités de l’enfant, de ses habitudes, de
l’organisation familiale, toutes choses qui seront consignées dans le carnet
de bord de l’enfant. Une personne de référence est alors désignée au sein de
l’équipe”. Stéphanie Leroy, éducatrice, poursuit “On preste surtout
des soirées et des WE mais aussi en dépannage durant les vacances scolaires
car les parents se trouvent très souvent sans solution de garderie à ces
moments-là. Il nous est aussi déjà arrivé d’accompagner un enfant durant un
stage pour qu’il puisse y participer”. Audrey Fervil renchérit : “On essaie
de faire preuve de souplesse mais parfois nous devons mettre des limites car
certains parents délégueraient bien toutes leurs responsabilités”.
Au domicile de
l’enfant, l’éducatrice partage le quotidien avec lui : les repas, les
siestes, les jeux, les promenades, les rires, les émotions, le bain, le
change, la mise au lit… S’il y a des frères et sœurs, l’aide-répit s’en
occupe aussi, ce qui permet aux parents de quitter la maison le cœur plus
léger. “La seule chose qu’on ne puisse réaliser, ce sont les soins
infirmiers, convient Stéphanie Leroy. Mais on trouve toujours des
solutions via le service de soins à domicile. De même, si des parents
veulent s’absenter tout un WE, on peut aussi s’organiser avec le service de
gardes-malades pour les nuits. C’est l’avantage de travailler en réseau”.
>> ‑La Parent’aise, service répit de l’ASD du BW •
02/384.42.63
• D’autres antennes
régionales d’ASD offrent également ce service
• Rens. : FASD 02/735.24.24
•
www.fasd.be
Des réponses variées,
des besoins immenses
Court séjour
en maisons d’hébergement, activité de loisirs, séjour de WE et de vacances,
halte-répit, garde à domicile, accueil familial de courte durée… :
il existe de plus en plus d'initiatives de répit
(1). Hélas, elles sont
encore trop peu nombreuses, insuffisantes dans certaines régions et/ou pour
certaines pathologies ou handicaps…
Pourtant, les
choses évoluent positivement du côté des pouvoirs publics. Ainsi, depuis fin
2008, une vingtaine d'initiatives de répit en Région wallonne bénéficient
d’une aide financière de l'AWIPH pour trois ans. Après évaluation,
l’intention du gouvernement wallon est d'accorder un subventionnement
structurel aux offres de répit.
En Région
bruxelloise, le répit fait partie des missions complémentaires des services
d’accompagnement, tout particulièrement à destination des personnes en
situation de grande dépendance. Deux formules sont prévues : le répit à
domicile et les activités de loisirs. Participation financière et recours
aux services sont réglementés de manière à garantir l'accès à tous.
“Cette réglementation est un premier pas important, explique Ingrid
Leruth, responsable des Tof Services, créés initialement par l’asbl AP3, qui
proposent de la garde active à domicile et des journées de loisirs,
principalement aux ados et adultes polyhandicapés
(2). Le gros problème est plutôt
budgétaire, la COCOF manquant cruellement de moyens”.
Pas de solutions miracles
Développer des
réponses souples et diversifiées au besoin de répit et les multiplier au
plus près des besoins des familles, c’est bien. Il faut cependant veiller à
ce que les services soient accessibles à tous, en termes financiers et de
transport. Par ailleurs, ces services ne peuvent "remplacer" les structures
d’accueil et d’hébergement. Ils ne peuvent non plus pallier tous les manques
criants que ce soit en termes d’enseignement spécialisé, d’accueil
extrascolaire ou même d'accueil des tout-petits. Il est important enfin que
les enfants porteurs de handicap puissent s’intégrer autant que possible
dans les structures et activités existantes. Il n'y a pas que les
initiatives étiquetées “de répit” qui puissent convenir aux parents et à
leur enfant handicapé pour permettre à chacun de mener une vie
épanouissante.
// Joëlle Delvaux
(1) En Région wallonne, l’Awiph
a rassemblé une banque de données de solutions de répit. Rens. :
0800/160.61. - www.awiph.be. En Région bruxelloise, il faut s'adresser à
Phare, l'ancien service bruxellois francophone des personnes handicapées:
02/800.82.03. - info@phare.irisnet.be.
(2) Les Tof Services:
02/216.60.28. - tof-service@ap3.be
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