Famille
(4 février 2010)
Les couples
qui durent n’ont pas (toujours) de secrets
Ah, l’amour
éternel… ! Cette idée romantique hante encore bien des jeunes couples qui,
statistiquement, ont pourtant une chance sur deux, en Belgique, de voler en
éclats. L’asbl « Couples et familles » a tenté de savoir pourquoi certains
réussissent leur couple, là où d’autres échouent.
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© Serge Dehaes |
Vous cherchez la
recette miracle pour faire durer votre couple ? Alors, laissez tomber ! Elle
n’existe pas. Même les trucs et ficelles semblent inefficaces pour ressouder
les couples qui vacillent. Telle est la conclusion principale du récent
Dossier trimestriel de l’asbl « Couples et familles ». Celle-ci a invité une
vingtaine de couples ayant vingt à cinquante ans de vie commune au compteur,
mais aussi quelques personnes séparées, à s’exprimer sur la durée de leur
union. A leurs côtés, également, divers spécialistes de la « matière »
conjugale : sexologues, psychothérapeutes, accompagnateurs de couple (dans
le cadre d’une pastorale), une avocate médiatrice familiale, etc.
Pas de miracle,
ni de recette, mais bien des constantes, semble-t-il, parfois inattendues.
Un préalable, d’abord : ne pas se laisser impressionner par les chiffres
étalés dans les médias, qui serinent à longueur de pages qu’un couple sur
deux en Belgique se casse la figure tôt ou tard. Comme le rappelle José
Gérard, le coordinateur de la publication, les attentes envers le couple
étaient très différentes autrefois. Ne parlait-on pas de « ménages » et
rarement de « couples » ? Si ces attentes sont plus grandes aujourd’hui, il
est logique que les déceptions et les ruptures soient à l’avenant.
« Lorsque les enfants quittaient la maison familiale, la perspective des
années à vivre encore à deux était limitée. Aujourd’hui, il reste, en
moyenne, encore au moins autant d’années à vivre à deux que d’années déjà
écoulées. Lorsque des tensions existent, cela change la donne ». La
durée de la vie à deux, du reste, n’est pas nécessairement synonyme de
réussite ni de bonheur. Ne rechignait-on pas à se séparer, autrefois (mais
on hésite, ici, à parler au passé…), en raison de facteurs matériels ou liés
à la pression sociale ?
Entretenir la vie amoureuse
Qu’est ce qu’un
couple heureux ? C’est, semble-t-il, un couple qui fait preuve de modestie.
En effet, ceux qui ont été interrogés par « Couples et familles » dressent
rarement un tableau idyllique de leur vie amoureuse. Un couple heureux n’est
pas un couple sans crise, ni même sans envie de tout envoyer au diable de
temps à autre. Si la relation peut être source de bonheur, mieux vaut ne pas
en attendre tout son épanouissement. Autant donc « accepter qu’il y ait de
l’impossible, de la méprise et des malentendus qui toujours perdureront »,
écrit Sophie Mathot, sexologue et thérapeute.
Le couple
n’allant pas de soi, il vaut mieux l’entretenir. Y compris (voire surtout ?)
lors de l’arrivée des enfants, qui ne devrait jamais prendre totalement le
pas sur la relation amoureuse et intime entre conjoints. L’entretenir ? Par
des petits week-ends à deux, hors des contraintes familiales, même si ces
retours privilégiés vers l’autre font parfois un peu peur. Mais aussi par un
souci permanent de communication, d’échange, voire de négociation. Non
seulement pour trouver de multiples petits accords dans la vie quotidienne,
mais aussi pour pouvoir « se dire soi-même » et être à l’écoute de l’autre.
S’il faut se
garder bien au chaud une vie personnelle (amis propres, sorties en solo,
etc.), celle-ci ne doit pas se faire au détriment d’indispensables projets
communs, nourris de valeurs, de centres d’intérêts, voire d’un langage
identiques. Mais, les pièges de la communication étant nombreux, il n’est
pas déshonorant, bien au contraire, d’avoir recours à des stages sur la
relation, des conférences, des médiateurs, voire des thérapeutes de couple.
Et la sexualité ?
Surprise du
petit sondage (qui n’a pas de prétention scientifique et qui - autre limite
sérieuse - ne cite pas l’origine socioprofessionnelle des sondés, ni leur
sensibilité confessionnelle) : peu de témoins insistent sur l’importance de
la sexualité dans la durée de vie du couple. Une contradiction frontale avec
le leitmotiv de la presse du cœur, voire… de la presse tout court. Pudeur
des répondants (pourtant anonymes s’ils le souhaitaient) ? Age déjà avancé
qui tempère la libido ? Difficile de répondre, mais autant méditer cette
conclusion d’Armand Lequeux, gynécologue et sexologue :
« L’épanouissement sexuel n’est ni nécessaire, ni suffisant, pour bâtir un
couple durable ». Un autre intervenant ajoute la nécessité de « continuer à
chercher à être attirant. Sensualité, bisous, massage : se donner du
bien-être indépendamment du sexe, cela peut –aussi- réveiller le sexe… »
surtout si ce genre d’attentions se déroule sur un fond de souci sincère
pour l’autre et son bien-être. Sans oublier le rire et l’indispensable
humour !
Après un
développement sur le rôle de la spiritualité dans la longévité des couples,
Les Editions feuilles familiales ont également la bonne idée, pour compléter
leur analyse, de joindre une liste bien fournie de livres et de films sur le
même sujet, résumés et commentés.
// Philippe Lamotte
« Les couples qui durent ont-ils des secrets ? »
Editions Feuilles Familiales, 4ème trimestre 2009 - 10 EUR.
Infos et commande :
081/45.02.99. mcf@skynet.be -
www.couplesfamilles.be
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