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Famille (1er décembre 2005)


 

"Le secret des couples qui durent"

 

Les couples qui durent sont devenus une exception, presque une espèce en voie de disparition. Dans son livre «Le secret des couples qui durent», Emmanuelle de Boysson nous livre des pistes pour une vie épanouie en couple. Un message résolument optimiste illustré par de nombreux témoignages.

 

 

 

En Marche: Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre?

Emmanuelle de Boysson: Je vois beaucoup de couples qui se séparent et de personnes seules qui ont l’impression d’avoir gâché leur vie. Chaque fois, cela me bouleverse et m’interpelle. J’ai voulu écrire un livre qui puisse faire du bien et aider les personnes à réussir leur couple. Je sentais une attente à cet égard.

Il n’est évidemment pas question de recettes. Mais j’ai voulu suggérer des attitudes communes positives à adopter pour se préparer à la rencontre, choisir le bon partenaire, réussir les premiers moments de la vie à deux, surmonter les crises, traverser les déserts et vivre pleinement l’âge de la tendresse.. Les constats et réflexions que je livre à partir de témoignages, de lectures et de mon expérience personnelle sont là pour inviter les couples à réfléchir, à éviter les écueils, à ne pas balayer tout trop vite (1). Selon moi, le couple est une chance formidable d’évoluer à deux si l’on en a envie. La ligne directrice de mon livre est bien le secret des couples qui durent pour s’épanouir.

 

En Marche: Chapitre par chapitre, vous abordez les étapes et défis qui se présentent au couple. Au commencement, il y a la rencontre. Et cette question que tout le monde se pose: est-ce «Le Bon»? Cette question doit-elle se poser en ces termes ?

EdB: La première chose à se demander avant de rencontrer quelqu’un, c’est : «Est-ce que je m’aime assez? Qu’est-ce qui est important pour moi dans la vie? Est-ce que je cherche avant tout une passion fulgurante ou un partenaire pour de longues années ?» 

 

Plus on est équilibré et en harmonie avec soi, plus la rencontre a de chances de réussir car on n’attend pas tout de l’autre. Forcément, quand on est amoureux, on tombe dans le panneau. On idéalise l’autre, on le trouve merveilleux. Mais très vite, il faut essayer d’objectiver les choses, poser à l’autre de vraies questions et partir à sa découverte pour l’aimer tel qu’il est. Plus nous connaissons l’autre, sa personnalité, ses goûts, ses centres d’intérêts, ses qualités et ses défauts, plus nous pouvons bâtir sur du solide. En tout cas, il est primordial de se retrouver autour de mêmes valeurs. Des valeurs morales bien sûr mais aussi des projets de vie et une philosophie du bonheur faite de tolérance, de respect, d’envie de voir l’autre libre, épanoui.

 

En Marche : Pour vivre harmonieusement le couple, vos conseils tiennent en ces mots: «ni trop, ni trop peu».

 

EdB: Dans les premières années de la vie de couple, après le passage amoureux, on est confronté aux limites et défauts de l’autre. On vit ses premières désillusions et frustrations. Il est important d’exprimer ce qu’on ressent en choisissant le bon moment et sans porter de jugement. Il faut aussi prendre de la hauteur, relativiser, reconnaître ses propres défauts et faiblesses aussi. L’Autre, ce n’est pas le confort ni l’affrontement ni la démission, c’est un défi qu’il faut relever sans jamais se décourager, sans fatalisme. Il est capital d’instaurer une relation de confiance, un dialogue de plus en plus vrai, de plus en plus profond.

Il est important aussi de ne pas s’oublier soi-même dans le couple. Plus chacun s’épanouit dans son domaine, est riche d’expériences et permet à l’autre de s’épanouir et d’être libre, plus le couple sera vivant. Le danger aujourd’hui, c’est d’avoir des vies parallèles et de ne plus prendre du temps pour vivre une intimité essentielle. Les moments de partage, de dialogue sont très précieux. C’est vrai que trop de fusion tue l’amour (on empêche l’autre de se réaliser et on ne s’épanouit pas) et que trop de distance l’éloigne (on ne partage plus rien). Il faut trouver un équilibre peu à peu, par étapes. Il est certain qu’aujourd’hui, les couples associatifs sont les plus épanouis. Ce sont les couples où l’énergie circule, où chacun développe ses talents tout en permettant à l’autre de croire en ses rêves. Dans cette dynamique, les échanges s’enrichissent. Autonomie, optimisme, souplesse, confiance et séduction caractérisent les couples énergétiques.

 

En Marche: Vous parlez aussi des ennemis du couple. Le premier est certainement le temps ou plutôt le manque de temps que l’on y consacre. Il faut pourtant sans cesse alimenter la relation.

 

EdB: C’est vrai que tout contribue à nous voler notre temps d’intimité: la télé, les enfants, le travail, la belle-famille, les tâches ménagères… Tout le drame de la vie moderne est là. Mais chacun doit se demander sur quels postes il peut libérer des créneaux pour son couple. En premier lieu, c’est certainement la télé devant laquelle nous passons généralement des heures à nous abêtir. Comme s’il n’était pas imaginable de passer une soirée à bavarder à deux. L’autre ennemi du couple est certainement l’ordinateur. Je conseille à chacun de lister ses «bouffe-temps» et de bloquer des «créneaux couple» dans son agenda!

 

En Marche: Vous proposez aussi de prendre distance par rapport à toutes les idées préconçues sur le couple qui nous empêchent de le vivre comme il nous convient. A quoi pensez-vous?

 

EdB: J’appelle cela les tartes à la crème. Ce sont des idées toutes faites qui freinent le couple, lui font perdre son énergie en le culpabilisant ou le frustrant. En voici quelques exemples:

- «Il faut communiquer». Au nom de la sacro-sainte communication, on devrait tout se dire, parler vrai. En réalité, on doit pouvoir conserver ses jardins secrets et ses zones d’ombre.

-«Il faut tout partager». Les tâches notamment. Pourquoi est-on obligé de tout calculer, comptabiliser? Il y a des couples qui fonctionnent bien, en faisant chacun ce qu’il aime dans la maison. On dit aussi qu’il faut tout faire ensemble et partager les relations. Pas forcément. On peut avoir ses propres amis, ne pas se forcer à aller à toutes les réunions de famille de son conjoint. On doit se déculpabiliser par rapport à des schémas de fonctionnement qui traversent les époques.

- «Il faut que la sexualité soit au top». Peut-être mais le langage véhiculé dans les médias est très culpabilisant. C’est tellement personnel, intime, la relation qui se joue entre deux êtres qu’il faut leur laisser la responsabilité de leur histoire.

 

EM: Le couple traverse inévitablement des crises, des épreuves. Parfois, la situation semble inextricable quand par exemple la violence ou l’alcoolisme s’installent. Jusqu’où peut-on accepter d’aller dans le couple?

 

EdB: Il faut voir si ce sont des crises passagères et quelles en sont les raisons. Si son conjoint est alcoolique ou dépressif, il faut l’aider à s’en sortir et surtout ne pas s’enfermer sans oser demander de l’aide extérieure. C’est un des grands problèmes des couples qui vont mal: ils craignent de se faire aider. Il est malsain de vivre dans des impasses en s’enfonçant dans le silence. Il faut réagir ensemble pour sortir de situations pénibles. Si on tient à l’autre, il faut être patient, lui faire confiance et l’aider à s’aider lui-même. Mais ce n’est pas facile dans une société où l’on ne supporte pas la faiblesse et où l’on manque de patience.

 

EM: Si les femmes sont souvent prêtes à consulter un conseiller conjugal ou un thérapeute, les hommes y restent très réticents. Comme s’ils craignaient de s’exprimer, niaient les problèmes ou en rejetaient la responsabilité sur leur femme.

 

EdB: C’est vrai mais cela change chez les jeunes hommes. Cela dit, la thérapie n’est pas la panacée universelle et il n’est pas nécessaire de courir chez le psy dès que cela va mal. Maintenant, si l’un des deux entreprend une thérapie, forcément, il y aura des changements. On peut espérer que l’autre sera interpellé, commencera à parler et évoluera aussi à son rythme…

 

EM: La séparation est-elle une solution de facilité pour beaucoup de couples?

 

EdB: Quand on tient à quelqu’un, qu’on l’admire, et que, suite à une série de désillusions, on se sépare trop vite en collant définitivement une image négative à l’autre, cela peut être regrettable et l’on a alors un sentiment de gâchis. Mais la séparation n’est pas spécialement un échec. Elle peut déboucher sur un nouveau départ. Tout dépend des cas, évidemment.

Il est vrai que les séparations sont de plus en plus nombreuses et précoces. C’est certainement parce que l’on met la barre trop haut. On attend tout de l’autre, qu’il comble tous nos manques, qu’il soit le partenaire sexuel idéal, le coach qui vous conseille, le parent qui vous rassure, le père ou la mère parfaite. C’est trop pour une même personne. On n’est pas parfait et chacun a ses limites.

 

EM: Il y a une recrudescence des séparations à la fin de la vie active. Cela vous étonne?

 

EdB: La séparation des seniors ne vient pas du jour au lendemain; elle est préparée par l’accumulation de nombreux malentendus et souvent, l’un des deux attend que les enfants soient grands pour partir.

Le but de la vie de couple qui dure est de créer une vraie relation de confiance, de solidarité, de plaisir partagé. Au fil des années, on se comprend mieux, on se sent accepté par l’autre, on est complice, mieux physiquement avec l’autre. Si l’évolution ne se fait pas dans le bon sens, il y a un moment où l’un des deux ne supporte plus le silence, l’insatisfaction... La rupture des seniors est un phénomène qui prend de l’ampleur car on a des vies de plus en plus longues. Et à 60 ans, on est toujours actif et soucieux de plaire.

 

En Marche: Il y a aussi tous ces couples qui ne vivent pas ensemble ou qui aménagent leur maison avec des espaces séparés et communs. Qu’en pensez-vous?

 

EdB: Je ne veux pas juger ce choix. A chacun de voir ce qui lui convient. Mais je crois que c’est à travers les petites choses de la vie que le couple se vit: les repas, le choix des vacances, les sorties que l’on décide ensemble, le film qu’on regarde à la TV, blottis l’un contre l’autre… Le quotidien peut être une source de joies extraordinaires dans un monde ordinaire. Ces petits moments, ces petites attentions, cela vous touche. Vivre en couple, c’est célébrer le quotidien, apprendre à sortir de soi, être tourné vers l’autre et donner le meilleur de soi.

Entretien: Joëlle Delvaux

 

(1) Mariée depuis 26 ans et mère de trois enfants, Emmanuelle de Boysson a été formatrice en relations humaines pendant quinze ans. Critique littéraire à Marie-Claire, elle est aussi l’auteure de plusieurs ouvrages.

«Le secret des couples qui durent» -Emmanuelle de Boysson - Presses de la Renaissance - 2005 – 20,95 EUR – Prix EM: 18,86 EUR.

 

Ce livre peut être commandé par écrit auprès du service librairie d’en marche – 579 chaussée de Haecht – BP 40 – 1031 Bruxelles. Fax: 02/246.46.30. email: enmarche@mc.be  – Frais de port en supplément – Facture jointe au colis.

 

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