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L'enfance pas à pas (19 septembre 2002)

Comment votre enfant apprend-il le langage?

Il vous irrite, vous l’irritez ; vous le comprenez, il vous comprend ; vous vous séparez... Ou comment votre enfant apprend le langage.

Il vous imite

Écoutez-le gazouiller: que dit-il? Ou plutôt que chante-t-il ? Car il s’agit bien d’un air. La musique du langage apparaît bien avant les paroles. Votre enfant s’y entraîne avec plaisir. Tout le registre des sons possibles y passe au fil des mois. Tous les mouvements de la langue, de la bouche, des lèvres, de la gorge sont explorés et les vocalises se diversifient. Quelle jubilation! Il se découvre la compétence (provisoire) de tout pouvoir prononcer! Étrange et transitoire espéranto du bébé, ce langage universel appelé “lallation” évolue rapidement vers les différences caractéristiques de chaque langue. À l’écoute depuis ses premiers jours d’une langue “maternelle” (la bien nommée), votre enfant en sélectionne les prononciations les plus habituelles par imitation. Savez-vous qu’à 8 mois déjà, les trois quarts des auditeurs distinguent facilement le babillage d’un enfant francophone de celui d’un enfant arabe?

 

Vous l’imitez

Parallèlement à ses efforts, vous aussi essayez de l’imiter. C’est tellement gai de voir s’éveiller sa mimique de joie lorsque vous répétez après lui ses vocalises: “Tu m’as entendu(e), tu as vu ce que je sais faire !” Vous ne vous limitez pas à lui adresser des areuh. Votre bébé vous trouverait un peu débile et aurait du mal à enrichir ses découvertes sonores. Heureusement, vous lui adressez la parole. Mais, spontanément, vous inventez un langage adapté à ses capacités. C’est-à-dire un langage simple et souvent chanté, par courtes phrases, parfois avec des rimes. À partir de 5-6 mois, il vous invite presque imperceptiblement à diversifier vos paroles, à rallonger vos messages. Son visage vous montre qu’au-delà des chansons, même s’il ne parvient pas encore à prononcer des mots, il en comprend de plus en plus.

 

Vous le comprenez

Le développement du langage permet d’aboutir à une possible communication entre les humains, dit-on. Or, votre bébé ne sait pas encore parler. Pourtant, personne ne vous fera croire qu’il n’est pas en pleine communication avec vous, et cela depuis longtemps. Vous vous souvenez déjà lors des petites vaguelettes in utero: “Je suis là, maman!” et vous lui avez adressé une première parole avec une petite caresse à votre ventre; après la naissance sont venus ses cris et mimiques dont vous avez distingué deux, trois, puis dix nuances et plus: “J’ai soif, je veux dormir, maintenant je me sens bien...”; vous avez aussi interprété ses regards profonds: “J’apprends à te connaître, papa, maman...”, vous avez observé ses mouvements en harmonie ou en rupture avec les vôtres et partagé avec lui de multiples “pas de danses”. Vous y mettez vos mots, vos significations. Parfois, vous vous plantez, mais, souvent, vous le rejoignez grâce à votre intuition. De toute façon, il vaut mieux risquer de se tromper que de ne pas parler du tout.

 

Il vous comprend

Une sorte de code se construit entre vous. Pas en mot à mot, mais comme en immersion dans une langue étrangère, votre bébé a progressivement l’impression de vous comprendre. “J’éprouve et je manifeste ceci, tu m’en dis cela: ça colle, c’est à peu près le même ton, la même parole que l’autre fois dans les mêmes circonstances.” Vos gestes comptent beaucoup au début pour confirmer vos paroles (chez les Méditerranéens, cette habitude persiste!). En effet, le premier langage de l’enfant est fait d’images bien avant l’utilisation des symboles de sa langue maternelle, plus difficiles à manipuler (ceux-ci sont des conventions culturelles et nécessitent maturation et apprentissage). Ainsi, il comprend à 5 mois en voyant sa cuillère dans votre main: “On va manger”, ou en voyant son manteau s’approcher: “Je vais tendre la main pour mettre ce machin avec lequel on fait les promenades”. Parallèlement, vos paroles accompagnent ces gestes familiers; bientôt, elles prendront sens en elles-mêmes, sans les gestes.

 

Vous vous séparez

Mise en communication, le langage est aussi, chose étonnante, source de séparation.

Séparation ressentie à partir de 3 mois dans la mesure où le bébé comprend déjà le principe du dialogue: “Je gazouille. Puis je laisse un blanc dans lequel arrive une réponse ou une imitation de papa, de maman en retour. Puis c’est de nouveau mon tour.” Dès ce stade, votre enfant ressent qu’il est confronté à un autre être capable de le comprendre mais différent de lui: “La réponse que j’entends ressemble à ce qui est sorti de ma bouche mais pas exactement.”

Séparation également puisque le langage permet d’évoquer un objet ou une personne en son absence, ce que votre enfant réalisera dans quelques mois. “Je t’appelle parce que tu n’es pas là.”

Séparation encore dans la mesure où, même très élémentaire, chaque parole enrichit la pensée de l’enfant, une pensée personnelle dont il prend conscience, une pensée différente de celle de maman ou de papa. Mais, à 5 ou 6 mois, il n’en est pas encore là.

Séparation enfin car le langage des mots est plus rigoureux que celui des émotions. Les significations en sont plus précises et définissent des relations moins fusionnelles qu’au temps du langage des gestes, mimiques et émotions. Lorsqu’ arrivent les mots, on sort du coup de foudre, on passe par l’épreuve de la réalité avec nostalgie peut-être mais avec combien de perspectives excitantes !

Luc Roegiers

 

Bibliographie: Golse Bernard, Le développement du langage in : Julien Cohen-Solal et Bernard Golse, Au début de la vie psychique, Paris, Éd. Odile Jacob,1999.

Cet article est extrait du Journal de votre enfant n°5, une publication de la Ligue des familles.

 

 

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