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Environnement (3 mars 2005)

Stop au gaspillage énergétique !

 

 

 

Le 16 février dernier, le protocole de Kyoto entrait en vigueur. Objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, de 5,2% d’ici 2008-2012 par rapport à 1990. Un grand pas en terme de prise de conscience de l’influence néfaste de l’homme sur le climat. Une goutte d’eau si l’on veut vraiment limiter la hausse des températures dans les siècles à venir.

 

Cela fait près de 30 ans que l’on parle du réchauffement de notre petite planète Terre occasionné par des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Et les plus pessimistes vont penser que ce n’est qu’aujourd’hui qu’un Protocole international (le Protocole de Kyoto) aux maigres ambitions entre en application. Vu sous un angle plus positif, on peut observer que la “diplomatie climatique” a progressé à une vitesse surprenante (1) pour arriver à mettre sur pied en 20 petites années un accord international regroupant 141 pays industrialisés responsables de plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre. (Lire l’encadré “20 ans pour un Protocole). Malheureusement, les plus gros pollueurs comme les Etats-Unis (2) ou les pays émergents qui risquent d’être les pollueurs de demain comme la Chine ou l’Inde, en plein développement économique, sont absents de ce premier Protocole. A peine entré en vigueur, on parle déjà en effet d’un Kyoto 2 aux objectifs plus ambitieux. C’est que, entre temps, les données des scientifiques se précisent. En 2001, dans son rapport destiné aux décideurs, le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) établit que la température moyenne de la Terre a augmenté de 0,6 à 0,8 °C ces 150 dernières années (3). A l’horizon 2100, les experts prévoient une augmentation moyenne de la température du globe de 1,4 à 5,8 degrés et une hausse du niveau des mers de 9 à 88 cm.

 

Kyoto n’est pas suffisant

Aujourd’hui, le Protocole de Kyoto prévoit une réduction de 5,2% des émissions des pays industrialisés de six gaz à effet de serre à l’horizon 2008-2012 par rapport aux niveaux de 1990. Mais est-ce bien suffisant? “Non! C’est largement insuffisant, répond André Berger, professeur de climatologie à L’Université catholique de Louvain. Seulement cela ne veut pas dire pour autant que Kyoto n’a pas un aspect bénéfique. La mise sur pied de ce protocole a permis d’attirer l’attention du monde, en particulier du monde politique, sur un problème majeur de société : le réchauffement global est réel et il est en grande partie dû aux activités humaines, continue le scientifique. Aujourd’hui, les calculs montrent que pour empêcher le réchauffement d’être de plus de 2°C par rapport à la révolution industrielle, il faudrait couper les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’au moins 50% et ce le plus rapidement possible”. On est bien loin du compte, évidemment…

 

La météo qui se déglingue

Les effets des politiques climatiques ne se ressentiront que dans des horizons fort lointains, d’où la difficulté de faire évoluer les mentalités. Ce n’est certainement pas avant 2100 voire au 23e ou 24e siècle qu’on sera en mesure d’observer des différences significatives sur les températures et sur notre climat. Inondations à répétition, canicules, tempêtes, ouragans… sont aujourd’hui mis de plus en plus facilement sur le compte du réchauffement climatique mais dans ce domaine les scientifiques restent prudents. “Nous pouvons uniquement dire que des phénomènes comme ceux-là risquent d’être plus nombreux dans le futur que dans le passé. Mais à aucun moment, nous pouvons affirmer que telle inondation ou telle canicule est la conséquence du réchauffement global. Il nous faudra des années et des années d’observation avant de pouvoir affirmer que statistiquement parlant ces événements-là ne sont pas naturels”, explique André Berger.

 

Les efforts à faire en Belgique

Pour respecter ses engagements au Protocole de Kyoto et faire sa petite part d’effort planétaire, la Belgique a promis de réduire de 7,5% ses émissions de gaz à effet de serre. Dans notre pays, c’est principalement le rejet de CO2 qui est visé et c’est le secteur de l’énergie qui en est le plus grand émetteur. On devra donc agir sur l’industrie, sur le secteur de la production d’électricité, sur le transport et enfin sur les bâtiments résidentiels et tertiaires. Ces quatre secteurs se partagent les émissions de CO2. A l’heure actuelle, la Belgique est plutôt mal partie et ne devrait pas arriver à respecter Kyoto d’ici 2010. Qui est en cause ? Le secteur de l’industrie a déjà fait un effort considérable. Si l’on compare les chiffres de 2002 par rapport à 1990, l’industrie a réussi à limiter ses émissions à seulement +2,4%. Le secteur de la production d’électricité a lui réussi à baisser ses émissions de 6%, principalement grâce au remplacement des centrales au charbon par des centrales au gaz. Le mauvais élève, c’est le transport qui augmente ses émissions de CO2 de manière catastrophique : +25,6% en 2002 par rapport à 1990 et on parle de +33% dans les 5 prochaines années en Europe et en particulier en Belgique. Le second mauvais élève : les habitations privées et les bâtiments du secteur tertiaire.

 

Aussi la responsabilité de chacun

On constate donc que la responsabilité collective mais aussi individuelle est en jeu quand on parle de réchauffement climatique. Baisser la température de son domicile d’un seul degré permet de réduire d’environ 10% la consommation et les émissions de gaz qui en découle. Une habitation correctement isolée fait économiser près de 20% sur la facture de chauffage. La voiture est l’un des modes de déplacement qui émet le plus de gaz à effet de serre. Faut-il vraiment faire tous ses déplacements en voiture ? Ne peut-on pas opter un peu plus pour les transports en commun, le vélo, la marche ? Le ménage a-t-il vraiment besoin de deux, voire trois véhicules ? Rouler moins vite permet de consommer moins de carburant et de polluer moins par la même occasion.

“Nous devons principalement lutter contre le gaspillage énergétique !, s’exclame André Berger. Les technologies alternatives existent, nous avons de quoi lutter contre ce gaspillage mais en pratique, on ne voit rien arriver”.

Notre société occidentale s’est basée sur une surconsommation des ressources naturelles. La richesse s’exprime encore aujourd’hui en un droit de consommer toujours plus quel qu’en soit le prix. (J’ai froid, j’ai de l’argent, j’augmente mon chauffage). Augmenter le prix de l’énergie n’est donc pas la seule solution valable pour limiter la consommation des ressources. C’est sur le changement des mentalités de chacun d’entre nous qu’il faut agir.

Dans le cadre d’un forum sur Kyoto organisé par Etopia (4), Thérèse Snoy donnait au nom du Réseau Eco-consommation un aperçu de l’état d’esprit des citoyens en matière de consommation responsable. Ainsi une récente étude de l’ULB (5) montre que “les comportements d’éco-consommation relèvent de motivations autres que civiques et les gens ne veulent pas renoncer au confort, explique Th. Snoy. Il y a une réticence à la démarche volontariste, car elle est perçue comme injuste. Les études menées par le CRIOC chaque année en Région wallonne (6) relèvent que les consommateurs sont en grande majorité conscients du fait que l’environnement est un problème urgent. Mais ces mêmes personnes interrogées estiment aussi qu’acheter ce qui leur plaît est un droit et refusent de payer des prix plus élevés pour des produits dits écologiques”.

Pourquoi moi et pas les autres ? Parce ce qu’il est temps d’agir. Nous sommes tous responsables du réchauffement climatique et chacun peut et doit agir à sa manière pour réduire les émissions de CO2. Si les mentalités changent, les politiques risquent de changer et de suivre la tendance. Et notre Terre d’être épargnée.

Françoise Robert

 

(1) Lire Kyoto An 1, dossier paru dans “Le Monde” du 16 février 2005.

(2) “Avec 5% de la population et un tiers de l’économie mondiale, les Etats-Unis sont le premier pollueur de la planète, générant, selon les calculs, entre 21% et 25% des émissions de dioxyde de carbone.” Le Monde, 16 février 2005.

(3) On considère que l’homme a commencé à avoir une influence sur le climat au moment de la révolution industrielle vers 1850. On suppose qu’avant cette révolution, le climat était naturel.

(4) “Kyoto 1... puis 2 : une chance, pas une contrainte !”, texte des interventions sur www.etopia.be  rubrique Publications.

(5) Etude de l’Université Libre de Bruxelles sur les “critères et impulsions de changements vers une consommation durable”. Plan d’appui scientifique à une politique de développement durable, ULB-IGEAT, CRIOC, CEE, juillet 2004.

(6) 5 ans de perception de l’éco-consommation en Wallonie : 1994-2004 par le CRIOC.

 

Vingt ans pour un Protocole

Pour la petite histoire, c’est en 1972 que le réchauffement climatique est abordé officiellement pour la première fois lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm en Suède. En 1988, l’ONU charge le tout nouveau Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ou IPCC en anglais) d’évaluer scientifiquement l’importance du changement climatique. Ce groupe signale en 1990 une forte probabilité d’un changement climatique dû à l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En 1992, lors du Sommet de la Terre de Rio, la prise de conscience internationale du problème est réel et se marque par la création de la Convention sur le changement climatique qui fixe comme objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sur base des bonnes volontés de chacun. Fin 1997, les choses se précisent : à Kyoto au Japon, la Communauté internationale adopte un protocole qui précise l’engagement de chaque pays développé à réduire les émissions de gaz d’un montant précis. Pour entrer en vigueur, le Protocole doit réunir 55 pays, totalisant 55% des émissions de gaz à effet de serre. Les Etats-Unis, partant dans un premier temps, refusent finalement de signer le protocole, lors de l’arrivée de Georges Busch au pouvoir. C’est finalement grâce à l’entrée de la Russie qui ratifie le traité fin 2004, que le Protocole peut enfin entrer en application. Le 16 février 2005 marque la date de début du fameux “Protocole de Kyoto” qui fixe les normes de réduction des gaz à effet de serre des 141 pays signataires. Globalement, la réduction des émissions des gaz à effet de serre doit atteindre —5,2 % à l’horizon 2008-2012 par rapport à 1990. La Belgique doit réduire de 7,5%, l’Allemagne est le pays de l’Union européenne qui doit fournir le plus gros effort avec un objectif de —21%. L’Europe a un objectif commun de —8% qu’elle devrait pouvoir tenir grâce son élargissement à 25.

 


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