Se mobiliser autour de la mobilité

Beaucoup (trop) de gens pensent uniquement à la voiture quand il s’agit de se déplacer. En Belgique, 66% des déplacements de moins de 2 km se font en voiture. En moins de 10 ans, un million de voitures supplémentaires sont apparues sur le réseau autoroutier belge. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’un même ménage possède plusieurs véhicules. Outre l’engorgement de nos villes et de leurs accès, le réflexe du “tout à l’auto” pose également de graves problèmes environnementaux et de santé publique. Pour éviter d’être condamné à l’immobilisme sur nos routes et dans nos villes, pour tenter de limiter au maximum le réchauffement climatique provoqué par les rejets de CO2, notamment des véhicules, pour préserver notre santé… il est urgent que chacun repense quelques-unes de ses petites habitudes en matière de déplacement. Les scientifiques s’accordent à dire que le choix d’un moyen de transport alternatif, ne fut-ce qu’une seule fois par semaine, permettrait de réduire de façon considérable le taux d’émission de gaz à effet de serre.

Les solutions alternatives à la voiture personnelle existent. Leurs performances varient bien sûr d’un cas à l’autre mais cela vaut parfois le coup de les essayer, pourquoi pas durant la semaine de la mobilité?

Le covoiturage. Il est souvent considéré par ses détracteurs comme une atteinte à sa liberté individuelle. Certes, il demande de trouver des plages horaires communes avec ses collègues qui peuvent parfois s’avérer contraignantes. Il demande aussi un minimum de bonne volonté, d’organisation et de discipline (être à l’heure pour ne pas faire attendre les autres). Mais le covoiturage permet de faire de belles économies de frais de déplacement, réduit le nombre de voitures sur les routes et permet de discuter agréablement ensemble pendant le trajet.

Le car sharing ou voiture partagée. Finalement, si on parvient à ne plus devoir utiliser quotidiennement sa voiture, est-il encore indispensable d’avoir une (seconde) voiture personnelle? Grâce à une formule d’abonnement, le système de car sharing met à la disposition de ses clients un parc automobile disponible à tout moment et facturé en fonction de son utilisation (heure + kilomètre). Un système idéal, surtout dans les grandes villes, pour ceux qui n’utilisent leur voiture que pour les courses et quelques escapades plus lointaines ou sorties nocturnes.

Le vélo. Un mode de déplacement idéal pour les trajets n’excédant pas 5-6 km. Dangereux ? Pas spécialement. Si on prend la précaution d’être bien visible (gilet fluo, phares, catadioptres), qu’on porte un casque, qu’on respecte scrupuleusement le code de la route, qu’on adopte une conduite préventive et qu’on se façonne un trajet sympa dans des petites rues moins fréquentées ou sur des pistes cyclables (quand il y en a), ce mode de transport peut devenir très agréable. En ville, le vélo est même plus rapide que la voiture ou les transports en commun.

Les transports en commun. “Peut mieux faire”, diront certains… Certes ! De plus en plus, on réserve aux transports en commun, tels les bus et les trams, des bandes de circulation spéciales ou des sites propres afin d’augmenter leur efficacité dans le trafic. Dans le domaine des transports en commun, on est un peu confronté au problème de l’œuf et de la poule. Faut-il attendre d’avoir plus d’usagers pour augmenter la fréquence des transports ou à l’inverse augmenter les cadences et le confort pour espérer avoir plus d’usagers ? Peut-être qu’en décourageant les automobilistes de prendre systématiquement leur voiture (en réduisant les bandes de circulation, en instaurant un stationnement payant et limité dans le temps…), on arrivera à leur faire prendre les transports en commun.

Les parkings relais. De plus en plus de villes, notamment en France, limitent l’accès à leur centre-ville et mettent en place des parkings de dissuasion en périphérie à proximité de transports en commun. Strasbourg en est le plus bel exemple. Cette solution permet de désengorger les centres-ville et rend les transports en commun plus efficaces.

Les piétons. Il ne faudrait pas les oublier dans les nouveaux plans de mobilité. Car dans les logiques d’aménagement du territoire du “tout à l’auto” qui ont prévalu jusque dans les années ‘90, la place des piétons avait tendance à être négligée. En deçà de 2 km, la marche est un moyen de transport à privilégier. Tout comme le vélo, la marche est bonne pour la santé.

La Mutualité chrétienne, partenaire de la Semaine de la mobilité wallonne, a toujours soutenu l’exercice quotidien d’une activité physique pour le maintient d’une bonne santé. 30 minutes d’activités physiques par jour ont des effets bénéfiques sur la santé du cœur, la tension artérielle, le cholestérol sanguin, le diabète, la prévention du cancer du colon, le contrôle du poids, l’ostéoporose, les symptômes d’anxiété et de dépression. Pas toujours évident de réserver du temps pour le sport penserez-vous. Sauf si on choisit de se rendre par exemple à vélo au boulot ou qu’on préfère faire le trajet jusqu’à la gare à pied ou encore que l’on décide d’aller conduire ses enfants à l’école en marchant. Marcher quelques centaines de mètres, pédaler quelques kilomètres a un incroyable effet déstressant. Changer ses habitudes de déplacement n’a donc pas que des effets bénéfiques pour la collectivité. C’est aussi pour soi, pour sa propre santé et son bien être qu’il peut s’avérer positif de repenser sa mobilité.

Une semaine mobilité

La Semaine de la mobilité est l’occasion rêvée de tester ces solutions alternatives. La semaine du 16 au 22 septembre se déclinera autour d’une thématique commune pour toute l’Europe : “Clever commuting” en anglais ou “Au travail, autrement !” en français.

La Région wallonne a choisi cette année le slogan “Circulez futé” pour sensibiliser le plus grand nombre aux déplacements quotidiens. Huit thèmes seront mis en évidence dans cette région : les déplacements scolaires, les déplacements des personnes à mobilité réduite, l’utilisation quotidienne du vélo dans les écoles supérieures, dans les communes, le covoiturage, la mobilité au sein des entreprises, les déplacements des agents communaux, l’impact environnemental de la mobilité. La Semaine de la mobilité sera animée en Wallonie par près de 120 projets, soutenus financièrement par la Région. Renseignez-vous, il y a sûrement une activité proche de chez vous !

La Région Bruxelles-Capitale ne sera pas en reste. Comme chaque année, associations et communes ont prévu de nombreuses actions de sensibilisation. A Bruxelles l’événement phare de cette Semaine de la mobilité se déroulera le dimanche 18 septembre avec la journée “Dimanche sans voiture”. Pour cette 4e édition, il sera interdit de circuler dans les 160 km2 de la Capitale de 9 à 19h. Outre les journées du Patrimoine qui se déroulent durant ce même week-end, de nombreuses activités et manifestations seront organisées un peu partout dans la ville. Parcours vélo (dont le Beau Vélo de Ravel), circuit découverte, animations culturelles, jeux pour enfants, concerts… seront autant d’occasion de parcourir la ville à pied, à vélo ou en transport en commun.

Le Belge moyen passe ± 6 heures par semaine dans sa voiture et y consacre un mois et demi de revenu par an. Symbioses, le magazine de l’Éducation relative à l’environnement réalisé par le réseau Idée, consacre son dernier dossier au thème : “Mobilité : Carrefour de pratiques”. Ce dossier ouvre la route des alternatives intelligentes, sautant du bus au vélo, du trottoir au rail…

Dans le cadre de la Semaine de la mobilité, l’ACIH-AAM, mouvement social des personnes malades, valides et handicapées mènera une action de sensibilisation autour de l’accessibilité des transports le mardi 20 septembre.

Le problème n’est pas neuf : les personnes à mobilité réduite (PMR) éprouvent de grandes difficultés dans leurs déplacements. Depuis plus d’un an, l’ACIH-AAM axe sa réflexion sur le thème de la mobilité et des déplacements des personnes malades et handicapées. Il en ressort notamment que l’accessibilité des transports en commun ordinaires et adaptés aux PMR est loin d’être idéale. C’est pourquoi, l’asbl a décidé d’organiser une grande action le mardi 20 septembre dans les gares, les arrêts de bus, de trams et les stations de métro de la Communauté française. Durant les heures de pointe, les membres de l’ACIH-AAM distribueront un autocollant humoristique, dessiné par Serdu, aux nombreux navetteurs afin de les sensibiliser aux difficultés que rencontrent quotidiennement les PMR dans leurs déplacements. “Roule pour un, roule pour tous !” sera le slogan de cette action mobilité.