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Environnement (3 octobre 2002)


Les pesticides menacent notre santé

On ne compte plus les mises en garde des scientifiques et défenseurs de la nature à l’encontre des pesticides car ils nuisent à la santé et à l’environnement. Et pourtant… la Belgique est toujours l’un des plus gros utilisateurs de ces produits en Europe et ses voisins ne sont pas en reste (1).

Lire également ci-dessous :

Les pesticides sont utilisés pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux, de champignons ou de bactéries. Ils regroupent donc plusieurs types de produits: insecticides, fongicides, herbicides, raticides, … Ils sont classés selon leurs composants : on distingue principalement les organochlorés (parmi lesquels on trouve notamment le DDT - dichlorodiphényltrichloroéthane), les organophosphorés, les carbamates. On désigne aussi les pesticides sous le terme de “ produits phytosanitaires ” (ou phyto-pharmaceutiques) lorsqu’ils sont utilisés en agriculture et de “ biocides ” quand ils sont employés dans les contextes industriel et domestique.

Les pesticides posent problème parce qu’ils sont fondamentalement toxiques, mais aussi parce qu’ils sont utilisés depuis longtemps en grosses quantités. Les ouvriers qui les fabriquent et les agriculteurs qui en font usage sont les premiers concernés par les risques d’une exposition à une forte dose. Toute personne qui utilise dans sa maison ou son jardin des insecticides, herbicides ou fongicides peut également l’être. Mais en réalité, chacun d’entre nous est concerné par l’impact sur la santé d’une exposition prolongée ou répétée à des pesticides, même s’il s’agit de très faibles doses ! En effet, les pesticides industriels, domestiques et agricoles sont largement répandus, persistent longtemps dans les sols et sont aujourd’hui présents dans les aliments et l’eau que nous consommons.

 

Eau et pesticides

La quantité de pesticides dans les eaux de pluie, de surface et souterraine conditionne bien sûr la qualité de notre eau potable. On a évidemment tenté de la préserver au mieux en fixant des valeurs en-dessous desquelles la concentration de pesticides est considérée comme acceptable pour la santé (2).

Dans notre pays, les producteurs d’eau sont tenus de fournir une eau potable de qualité, en respectant ces normes. Ils effectuent donc régulièrement des mesures de qualité des ressources en eau, c’est-à-dire des eaux de surface et souterraines, et procèdent à des opérations de dépollution plus ou moins difficiles et coûteuses en fonction du niveau de contamination des ressources. Or, selon l’Association européenne des producteurs d’eau (3), la Belgique figure parmi les quatre à six pays européens dont les eaux souterraines, tout comme les eaux de surface, sont les plus polluées par les pesticides. 5 % des eaux souterraines, qui alimentent 64 % de la population, sont régulièrement contaminées par des pesticides en concentration supérieure à la norme et 11 % le sont occasionnellement. Et ces analyses ne portent ici que sur 45 substances contenues dans l’eau. Les producteurs ne donnent en effet aucun chiffre pour les 55 autres produits mesurés chaque année (4). Pas d’analyse…pas de traitement ! Reste à savoir quel impact cet “ oubli ” peut avoir sur la santé des consommateurs !

Principaux responsables de la pollution des eaux, les herbicides : plus de 50 % des contaminations observées le sont par l’atrazine, utilisé dans la culture du maïs. Notons aussi la présence de certains herbicides, comme le glyphosate (composant du fameux Roundup), qui ont la particularité d’être difficiles à éliminer lors du processus de potabilisation de l’eau. Or, on les trouve souvent dans des concentrations plus élevées que la norme dans les eaux souterraines et en concentrations plus importantes encore dans les eaux de surface !

 

Des résidus dans votre assiette…

Les pesticides utilisés en agriculture ou dans l’élevage peuvent évidemment laisser des résidus dans les denrées alimentaires. Pour assurer une certaine sécurité, “des limites maximales de résidus” (LMR) de pesticides dans différents aliments ont été fixés par l’Union Européenne et/ou les États membres. Notons que les pays situés hors de l’Union ne sont pas liés à ces limites, ils peuvent donc consommer et exporter, même en Europe, des produits qui contiennent des résidus en plus grande concentration !

Les plus importantes quantités de résidus se trouvent en général dans les produits d’origine animale tels que la viande, le poisson, le lait, les œufs, etc. Comme la plupart des pesticides persistent pendant des années dans les graisses, le foie, les muscles des hommes et des animaux, on peut encore déceler aujourd’hui dans les tissus des concentrations élevées de produits interdits depuis longtemps tels que le DDT.

Quant aux produits végétaux, l’Union européenne a récemment publié les résultats des contrôles des résidus dans les fruits, légumes et céréales des États membres (5). En Belgique, en l’an 2000, 39 % des échantillons de produits, venant à 88 % de Belgique ou des pays membres de l’Union, contenaient des résidus en des concentrations inférieures ou égales aux limites, 7 % montraient des concentrations supérieures à ces LMR. En outre, dans 18 % des cas, plus d’un résidu a été retrouvé par échantillon. En fait, la Belgique figure parmi les sept pays de l’Union européenne dont les denrées d’origine végétale sont les plus contaminées en résidus.

 

Lutter contre les pesticides

C’est seulement à partir des années 70 que l’on a pris conscience du caractère dangereux de ces substances et … que l’on a commencé à légiférer. Une directive européenne de 1979 (6) a interdit l’usage de certains produits. Elle a été suivie de plusieurs textes. Une autre directive importante a vu le jour en 1991. Elle prévoit les conditions de mise sur le marché des pesticides (évaluation indispensable des substances). Malheureusement, un retard considérable dans l’évaluation globale des produits s’est installée au fil des ans. Pour y faire face et tenter de résorber les nombreux problèmes que posent certains biocides laissés sur le marché, le Parlement européen a très récemment adopté une résolution qui recèle un certain nombre de propositions qui peuvent être rapidement mises en place, notamment l’interdiction, selon le principe de précaution, des substances que l’on soupçonne être cancérogènes ou des perturbateurs hormonaux… (7).

Ces mesures sont importantes mais insuffisantes. D’ailleurs, le Parlement européen a d’ores et déjà prévu de voter, avant juillet 2003, un véritable programme de réduction de l’utilisation de pesticides qui imposera aussi une surveillance plus stricte de l’impact des biocides sur la santé et l’environnement... Affaire à suivre, donc.

Florence Coutellier

 

(1) 924 kg par km2 de terres arables, selon les derniers chiffres officiels de 1997, contre 1.118 en 1995. La France : 586, les Pays-Bas : 1096 ; la Suède : 55 !!

Sources : Eurostat, Examen des performances environnementales, OCDE, 1998.

(2) La norme européenne (directive 98/83/CE) pour les pesticides dans les eaux potables est de 0,1 µg/l pour chaque pesticide et une valeur limite globale de 0,5 µg/l pour l’ensemble des pesticides détectés.

(3) Sources: EUREAU position paper, Keeping raw drinking water resources safe from pesticides, avril 2001; C. WATTIEZ, Arguments pour l’exclusion de l’annexe I de la directive 91/414/CEE de pesticides actuellement en révision, PAN Belgium, 1997.

(4) Selon l’observatoire des Eaux souterraines, avril 2002.

(5) Monitoring of pesticides residues in products of plant origin -2000 Report, European Commission, 2002.

(6) Directive 79/117/CEE, interdisant des composés de mercures et d’organochlorés.

(7) La résolution a été prise le 30 mai dernier et s’applique donc à la directive 91/414/CEE

 


 

Quel impact sur la santé?

L’impact des pesticides sur l’environnement est indéniable : gibier, poissons et oiseaux sont souvent victimes d’empoisonnement par des produits phytosanitaires. Les risques pour la santé humaine en cas d’exposition à une dose élevée de substances ou d’intoxication aiguë sont tout aussi importants. Connus de longue date, ils ont conduit à la publication de recommandations visant à éviter les accidents chez les utilisateurs et à apporter les soins adéquats. Mais l’usage ou le contact avec de faibles doses de pesticides pendant une longue période peut aussi poser problème. L’exposition peut entraîner une toxicité chronique et, par là même, des pathologies et problèmes de santé dont on n’a pas encore cerné toute l’ampleur.

Ainsi, les pesticides pourraient être responsables de l’apparition de tumeurs. En effet, on constate que certains types de cancers (des lèvres, du cerveau...) apparaissent plus fréquemment chez les agriculteurs et les ouvriers impliqués dans la fabrication de pesticides. Des études ont aussi démontré que certains biocides domestiques (1) et produits à vocation agricole auxquels les consommateurs peuvent être exposés à faibles doses pourraient avoir également un caractère cancérogène.

Par ailleurs, on attribue aux pesticides de possibles effets tératogènes (malformations des embryons) et mutagènes (transformation du matériel génétique). On considère aussi que les produits phytos pourraient être responsables de l’affaiblissement du système immunitaire et qu’ils pourraient avoir un impact neurologique, en agissant chez l’humain et surtout chez l’enfant, comme ils le font pour les insectes, sur la cholinesterase c’est-à-dire sur l’enzyme indispensable à la communication des impulsions nerveuses de nerf à nerf.

Il apparaît enfin que certains pesticides pourraient être des perturbateurs hormonaux : sur base d’expériences réalisées en laboratoire et d’études épidémiologiques, on soupçonne les pesticides à usage domestique d’augmenter les problèmes de stérilité masculine, de faire croître le nombre de cancers du sein et de la prostate (2).

Cancers, problème de stérilité, effets neurotoxiques…. Même si ces conséquences physiologiques ont souvent été mises en évidence sur base d’expériences animales, même si le rapport de cause à effet liant ces anomalies aux pesticides reste parfois à confirmer, tous ces éléments sont suffisamment troublants pour qu’ils inspirent la plus grande prudence....

 

Fl. C.

 

(1) Selon l’avis de l’Agence internationale de Recherche contre le Cancer, de l’OMS et de l’Agence américaine de Protection de l’Environnement.

(2) Pesticides à usage domestique- Risques pour la santé - C. Wattiez et M-L Van Hamme -Pan Belgium, 1999.

 

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