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Environnement (15 mars 2001)


 

A la santé de l’eau

L’eau est indispensable au bon fonctionnement de notre organisme. Mais quelle eau boire ? Nous avons le choix entre l’eau du robinet, filtrée ou non, et les eaux en bouteille. Plongée au cœur des eaux, de nos habitudes et de nos préjugés…

L’eau est vitale à notre organisme, mais toute eau est-elle bonne à boire ? Sur le sujet, les avis divergent. D’aucuns estiment que si l’eau est bonne pour la santé, c’est grâce à ses apports en calcium, en sels minéraux et en oligo-éléments (fluor, calcium et magnésium, notamment) (1). D’où l’importance de consommer des eaux à fortes minéralisations sauf dans des cas particuliers (personnes soumises à un régime sans sel, par exemple) (2).

D’autres, à l’inverse prônent la consommation d’eau la plus pure possible, le rôle de l’eau n’étant pas d’apporter des nutriments à notre organisme mais de permettre le transport de ceux-ci jusqu’aux cellules et l’évacuation des déchets jusqu’aux organes d’élimination (3). D’où la nécessité de boire une eau d’une teneur en minéraux peu élevée et donc très faiblement minéralisée (4). Nous ne pouvons en effet assimiler qu’1% au plus des minéraux contenus dans l’eau, ceux-ci n’étant pas organiques, et ces minéraux inassimilables encrassent dès lors l’organisme…

L’eau du robinet, maître-achat

Entre ces deux positions, les associations de consommateurs s’entendent pour recommander de boire essentiellement de l’eau faiblement minéralisée… et de privilégier l’eau du robinet, tout à fait bonne pour la santé, nettement moins chère et beaucoup plus écologique que l’eau en bouteille… “Les idées reçues sur l’eau du robinet sont nombreuses”, explique Muriel Piazza, spécialiste des questions relatives à l’éco-consommation au Centre de recherche et d’information des associations de consommateurs (CRIOC) (5). D’après une enquête qualitative réalisée l’année passée auprès de consommateurs belges, il apparaît que 72% des personnes interrogées boivent toujours ou souvent de l’eau en bouteille car ils n’ont pas confiance en l’eau du robinet. Muriel Piazza avance un des préjugés sur celle-ci et remet les pendules à l’heure: “Bon nombre se détournent de l’eau du robinet car elle contient du calcaire. Or, le calcaire n’a jamais nuit à la santé, bien au contraire. Mais les gens amalgament. En effet, depuis de nombreuses années, des campagnes publicitaires nous avertissent des dangers du calcaire pour les résistances du lave-linge. D’où une confusion facile: si c’est mauvais pour la santé de mon lave-linge, c’est mauvais pour la mienne aussi (6)”. Et de poursuivre : “Nous avons également entendu dire que le chlore de l’eau de distribution était un poison dangereux. Si, en effet, le chlore est une substance toxique à forte concentration, elle ne l’est pas dans l’eau de distribution où elle est fortement diluée. Il ne faut pas oublier que le chlore sert à désinfecter l’eau qui, sans ce traitement, serait beaucoup plus dangereuse que ne peut l’être le chlore dilué”.

Les consommateurs reprochent aussi à l’eau du robinet d’être parfois trouble et s’en méfient alors. Mais cette turbidité est souvent provoquée par de l’oxygène dissous sans goût et sans danger.

Selon la spécialiste du CRIOC, tous les préjugés sont tenaces alors que la qualité de l’eau de distribution est satisfaisante et s’est même améliorée entre 1991 et 1997, comme le prouvent les tests effectués par Test-Achats (7). Pour cet organisme indépendant, les conclusions sont limpides : l’eau du robinet est une boisson saine, bon marché et très contrôlée. La majorité des consommateurs peuvent la consommer sans crainte. Vu leur teneur un peu trop élevée en nitrates pour éliminer tout risque, certaines eaux sont cependant déconseillées comme boisson quotidienne aux femmes enceintes et allaitantes et aux nourrissons (8).

Il ne faut pourtant pas nier que certains consommateurs sont confrontés à de réels problèmes : combien ne disent pas être rebutés par un mauvais goût, une couleur ou des dépôts brunâtres. Certains s’en accommodent et font évaporer le chlore (à l’origine du mauvais goût) en laissant l’eau reposer, ou ajoutent du jus de citron ou encore utilisent une cruche filtrante. Quant aux dépôts brunâtres, ils trahissent la présence de terre dans les canalisations lors de travaux sur le réseau et ne doivent pas persister. Il faut prendre contact avec la compagnie distributrice dans le cas contraire.

L’eau en bouteille : un marché juteux

D’après l’enquête du CRIOC déjà citée, en termes d’image, l’eau en bouteille véhicule l’idée de pureté, de naturel et de santé. “C’est sans doute le résultat du matraquage publicitaire des grands groupes producteurs d’eau en bouteille”, constate Muriel Piazza. Il est vrai que dans ce débat eau du robinet/eau en bouteille, il n’y pas que la santé en jeu mais aussi et surtout de gros intérêts économiques et financiers. Le marché de l’eau est rentable pour les producteurs et distributeurs d’eau en bouteilles qui sont les premiers bénéficiaires de la mauvaise image (fausse, rappelons-le) de l’eau du robinet. Dans un très bel ouvrage consacré à l’eau, son histoire, ses traditions, son environnement et son art de vivre, Jacques Mercier, cite quelques chiffres éloquents (9). Ainsi, en France, l’eau en bouteilles représente 16 % du chiffre d’affaires des grandes surfaces. Parmi les producteurs d’eau : deux géants sont au coude-à-coude sur le marché mondial et voient leurs chiffres d’affaire augmenter sans discontinuer : Nestlé (Vittel, Valvert, Perrier, Hépar…) et Danone (Volvic, Evian, St-Yorre, Valvert, Cristaline…). En Belgique, Chaudfontaine et Spadel produisent respectivement 160 et 240 millions de litres par an. Les Belges sont d’ailleurs les plus gros consommateurs d’eau en bouteille du marché européen: 115 litres par personne et par an, en moyenne… tout cela à un prix qui est de 200 à 400 fois plus élevé que l’eau du robinet!

“Cette recherche de pureté et de santé chez le consommateur est paradoxale, relève Muriel Piazza, car il ne consomme pas uniquement de l’eau de source et de l’eau minérale. En effet, les eaux de table remportent un vif succès car ce sont les eaux les moins chères vendues en magasin. Mais celles-ci sont tout bonnement de l’eau de réseau de distribution mise en bouteille! Et ce n’est pas tout. On voit actuellement apparaître sur le marché des eaux dites “purifiées”. Le traitement de base est le passage sur un filtre à charbon actif. Cette eau peut être ensuite traitée de différentes manières. Elle n’a donc plus rien de naturel et elle a le même goût dans le monde entier”.

D’autre part, peu de gens savent que l’eau minérale ne doit pas respecter les normes de potabilité de l’eau de distribution et qu’elles peuvent même les dépasser pour certains paramètres. En effet, elles sont censées avoir des vertus médicinales du fait qu’elles contiennent une très forte concentration de tel ou tel élément. C’est pour cette raison qu’il est déconseillé de toujours boire la même eau minérale sous peine d’être victime de déséquilibres et de carences. Enfin, n’oublions pas que les captages ne sont pas à l’abri de contaminations par les nitrates et les pesticides…

 Se faciliter la vie

On l’a dit: l’eau en bouteille est chère, des centaines de fois plus chère que l’eau de distribution, même si les eaux de sources sont moins chères que les eaux minérales. Ce que l’on paye: l’emballage, le traitement, le transport, et… la publicité.

Boire de l’eau plate, c’est satisfaire un besoin de base. Alors pourquoi se compliquer la vie en consommant de l’eau en bouteille qui nécessite un transport, un stockage, qui coûte cher à notre portefeuille… et à l’environnement (consommation de matières premières et d’énergie, pollution, déchets…) ?

Joëlle Delvaux

(15 mars  2001)

(1) “Eaux minérales - le guide de l’amateur” - Jean-François Dormoy - Ed. Soline

(2) Sont considérées comme riches en sels minéraux, les eaux dont la teneur en résidu sec est supérieur à 15000 milligrammes par litre. Ce sont par exemples Hépar, Contrex, Saint-Yorre…

(3) “Aquathin: dis-moi quelle eau tu bois” - Dans La Lettre d’Orthos (lettre d’information à l’intention de celles et ceux qui veulent agir pour leur santé) - Janvier 2001 - Infos: Tél.: 02/461.22.11.

(4) Ce sont par exemple les eaux en bouteille de marque Spa Reine, Montcalm, Orée du bois, Montjoie…

(5) Le CRIOC est partenaire du Réseau éco-consommation qui possède une foule de fiches-conseils sur les eaux en bouteille, l’eau de distribution, la dureté de l’eau et les adoucisseurs, les filtres à eau à usage domestique, etc. On peut les consulter du Réseau: www.ecoconso.org. On peut également demander des conseils et obtenir des informations à la permanence téléphonique du réseau, tous les matins, au 071/300 301.

(6) Une eau est dite dure quand elle est fortement chargée en ions, calcium et magnésium. Attention, les adoucisseurs d’eau sont bons pour les machines et les canalisations mais l’eau adoucie est riche en sodium et n’est donc pas recommandée pour l’alimentation des personnes souffrant d’hypertension.

(7) “L’eau du robinet reste maître-achat” -Test Achats - Février 1997 - Tél.: 02/542.32.11

(8) Les nitrates ne sont pas toxiques mais leur transformation en nitrites dans l’appareil digestif peut donner naissance à des substances cancérigènes. C’est encore plus dangereux chez les nourrissons qui boiront donc de l’eau pauvre en nitrates (eau filtrée ou eau en bouteille comme Spa Reine, Montcalm, Orée du bois…)

(9) “Le grand livre de l’eau - histoire, traditions, environnement, art de vivre” - Jacques Mercier - La Renaissance du livre - 2000 - 1.450 F. Ce livre très complet aborde l’eau hier et aujourd’hui, les vertus du thermalisme, les eaux à boire, les producteurs d’eau en bouteille et guide le consommateur d’eau en commentant notamment 80 références d’eau. Une mine d’eau…

 

Bon à savoir

Notre corps est constitué de 60 % d’eau. Chez le nourrisson, ce pourcentage est de 78 %. Près de 15 litres d’eau circulent en permanence dans notre corps pour assurer, par exemple la dissolution des aliments ou l’évacuation rénale. Pour que notre corps fonctionne bien, il faut compenser environ 2,5 litres perdus quotidiennement. L’apport fourni par l’eau des aliments étant insuffisant, il faut boire au moins 1,5 litre d’eau par jour, sans oublier d’augmenter les doses en période estivale, en cas de fièvre chez le nourrisson et chez le sportif. Pendant un match de football, par exemple, la perte peut atteindre 4 litres (sous forme de sueur, respiration, évaporation par la peau...).

La soif est généralement un bon indicateur de la déshydratation de l’organisme. Mais il est préférable de boire avant d’avoir soif car cet indicateur ne fonctionne pas de la même manière pour tout le monde. Lors d’une activité physique importante, la sensation de soif est tardive et ne permet pas de combler le déficit hydrique réel. Chez les personnes âgées, la sensation de soif diminue tandis que les enfants en bas âge ne peuvent ou ne savent exprimer leur soif alors que le besoin en eau est réel.

Le mieux est donc de boire régulièrement tout au long de la journée et à petites gorgées, afin de ne pas fatiguer les reins.

JD

(15 mars  2001)

 

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