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Environnement (20 mars 2014)

Des amis qui frappent dans le dos

© ILLUSTRA BELGA IMAGE

 Des chiffres à méditer 

> En Wallonie, on trouve des résidus de pesticides dans deux tiers des sites de contrôles de la qualité des eaux souterraines. Plus de la moitié sont utilisés par l’agriculture et 34,2% par les communes et les particuliers. Les dix premiers pesticides impliqués dans la pollution des nappes d’eau souterraines sont des herbicides, principalement d’usage non agricole.

> En Belgique, 25 à 75% des pesticides ne se déposent pas sur la cible visée par le traitement mais à côté, ou sont emportés par le vent. En ville, jusque 40% de la quantité d’herbicide utilisée se retrouve dans les cours d’eau.

> Entre 1993 et 2004, 34 installations de captage d’eau en Wallonie ont dû interrompre leurs activités à cause des pesticides ou appliquer des traitements de potabilisation.

> En dix ans, le “coût vérité” de l’assainissement de l’eau wallonne a quasiment doublé.

> Le marché des biopesticides (pas ou moins toxiques) a fait 2,5% du marché mondial en 2008. Il progresse en moyenne de 5 à 8% chaque année en Europe et Amérique du Nord.

Alliés traditionnels des jardiniers, les herbicides, insecticides, fongicides… sont dangereux pour la santé. Tant celle des agriculteurs que celle des particuliers, à la maison ou au jardin. En dépit d’études scientifiques de plus en plus accablantes, ce message passe difficilement chez les utilisateurs. Des initiatives comme la “Semaine sans pesticides” tentent de corriger le tir.

Ces quinze derniers mois, l’image des pesticides n’a cessé de subir de sérieux revers. Dès janvier 2013, l’Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) réclame la suspension de trois produits utilisés dans les cultures de maïs, colza, tournesol… Ces “néonicotinoïdes” sont fortement suspectés de jouer un rôle néfaste dans l’épidémie qui frappe les abeilles, en Europe notamment. Onze mois plus tard, rebelote : ce ne sont plus seulement les petits insectes qui sont pointés par l’Efsa comme les victimes probables de ces pesticides, mais bien les humains eux-mêmes.

Que leur reproche-t-on? Ils affecteraient le développement du système nerveux, particulièrement le cerveau, entraînant des troubles de l’apprentissage et de la mémoire. Plus fondamentalement, même si l’Agence en appelle à des compléments d’études, elle préconise de revoir dès à présent les seuils d’exposition en vigueur jusque là.

Le changement de cap est énorme. Il y a deux ans à peine, l’éventualité de voir cette famille de produits impliquée “simplement” dans la mortalité des petites butineuses fâchait les géants de la chimie. Aujourd’hui, c’est la façon dont se réalise l’agréation de leurs produits phytopharmaceutiques qui est mise sur la sellette au plus haut niveau européen, notamment à cause de leurs effets à long terme sur la population.

Une accumulation probante

En France, c’est l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) qui a créé l’émoi l’année dernière. Après avoir passé en revue trente années de publications scientifiques sur le sujet, une brochette de spécialistes des relations environnement/ santé a mis les points sur les “i”. Oui, les pesticides semblent bel et bien jouer un rôle dans plusieurs pathologies frappant certaines catégories professionnelles: la maladie de Parkinson et plusieurs cancers (prostate et certains cancers dits “hématopoïétiques”: le lymphome non Hodgkinien, les myélomes multiples). Il faut dire que beaucoup d’agriculteurs, par insouciance ou ignorance, négligent de protéger la principale voie d’accès à l’organisme du produit toxique : la peau.

Mais ce n’est pas tout. Les épidémiologistes et les toxicologues de l’Inserm soulignent le risque de malformations congénitales chez les enfants dont la mère, pendant la grossesse, a vécu au voisinage d’une zone agricole ou a utilisé des pesticides à la maison. Lesquelles? Des malformations cardiaques ou du tube neural (système nerveux) et l’hypospadias (malformation plutôt bénigne du pénis). Les experts mentionnent aussi l’augmentation significative du risque de leucémie chez les enfants, des problèmes de poids à la naissance et dans le développement des neurones. Et d’anticiper : “Les mélanges de pesticides et d’autres substances contaminant l’environnement pourraient donner lieu à des impacts sanitaires difficilement prévisibles actuellement (…) La question des mélanges et des faibles doses est un des enjeux importants de la recherche et de l’évaluation des dangers”.

© ILLUSTRA BELGA IMAGE
Des plans tous azimuts

Stop, n’en jetez plus ! Ces études ne font qu’apporter de l’eau au moulin des autorités publiques qui, petit à petit, tentent d’inciter à un usage plus raisonné des produits “phytos”. Divers plans de réduction (fédéral et régionaux) ont été adoptés ces dernières années. D’ici à quelques mois, ils feront sentir leurs effets concrets. Ainsi, dès le 1er juin de cette année, les communes et provinces wallonnes seront tenues d’entamer un programme de réduction qui aboutira, cinq ans plus tard, à la suppression totale des pesticides dans les espaces publics.

Le 1er septembre 2014, les particuliers, en Wallonie, ne seront plus autorisés à pulvériser ou arroser ces produits sur des endroits non cultivables, imperméables (allées et trottoirs en pavés, blocs de béton, graviers, dolomies, etc.) et proches d’un réseau de collecte de l’eau de pluie. Des centaines de milliers de gens sont concernés.

A Bruxelles, depuis le 1er mars dernier, l’utilisation de tout pesticide est interdite à moins de 50 mètres des cours de récréation, crèches, établissements de soins et médicaux, maisons de repos, etc. Et à moins de 10 mètres de toute aire de jeux pour enfants et lieu de consommation alimentaire. Là comme ailleurs, la démarche est claire: amener les pouvoirs publics et les particuliers à travailler de concert pour réduire des risques de mieux en mieux connus.

//PHILIPPE LAMOTTE

La “Semaine sans pesticides” : dix jours de démonstration

Se passer des pesticides au jardin : impossible? Chiche! Du 20 au 30 mars, les inconditionnels du pulvérisateur et de l’arrosoir seront choyés par la campagne “Semaine sans pesticides”, tant en Région bruxelloise qu’en Wallonie. Le défi : convaincre ce type de public, mais aussi les gestionnaires de propriétés publiques et privées, qu’il est possible de réduire drastiquement – voire supprimer – sa consommation de tels produits au profit de méthodes plus naturelles, moins préjudiciables à la santé.

Il y a du boulot! Pour s’en convaincre, il suffit de voir les véritables “remparts” de produits “phytos” alignés dans les rayonnages des magasins de bricolage et la publicité qui les accompagne au printemps. Face à ce déferlement, les organisateurs (Natagora et Adalia, soutenus par les pouvoirs publics) veulent donner un message positif. Et, surtout, des alternatives.

Près de 120 initiatives sont organisées à cette fin : visites de jardins privés et d’espaces verts “0 pesticide”, ateliers de confection de produits d’entretien dégradables et inoffensifs, conférences sur la législation en vigueur, projections de films, prêts de matériel (broyage) par les communes, organisation de concours, etc. Le programme, région par région est sur www.semainesanspesticides.be

>> Infos : Wallonie : Adalia - www.adalia.be - 04/250.95.82 ou DGARNE - 081/64.94.19. Bruxelles: Natagora - 02/893.03.29 ou 28 ou IBGE - 02/775.75.75

 Trucs et astuces anti molécules fâcheuses 

Ne dites plus “mauvaises herbes”, mais “plantes adventices”. Ne dites plus “maudites limaces !”, mais “pourquoi tant de limaces chez moi?”. En changeant ses lunettes sur les végétaux et bestioles indésirables qui s’invitent chez nous, c’est fou ce qu’on peut être amené à modifier ses habitudes. Première alternative : acheter des produits dits “écologiques” en et place des produits chimiques. La prudence reste toutefois de mise car les allégations commerciales fantaisistes circulent et les produits dits “naturels” ne sont pas forcément sans effets néfastes. Le pyrèthre, par exemple, est un insecticide naturel, inoffensif pour les animaux à sang chaud, mais toxique pour les insectes : les “mauvais” comme les “bons”. La “bouillie bordelaise”, longtemps vantée par les maraîchers bios, est aujourd’hui moins prisée car elle contient des métaux lourds.

Les produits “verts” peuvent donc être utilement remplacés ou complétés par diverses techniques basées sur la prévention et l’observation. Par exemple, couvrir certains sols de paille ou de résidus de broyage rendra ceux-ci inaccessibles aux plantes intempestives et rendra superflu le recours à un herbicide. Frotter au pinceau un rosier fraîchement envahi de pucerons évitera également le recours à la chimie. Le désherbage thermique ou mécanique dans les graviers évitera les pesticides “totaux”, dont les résidus s’écoulent dans les égouts et font gonfler la note de l’épuration. Bandes pièges et pièges à phéromones (hormones sexuelles) peuvent utilement protéger les arbres fruitiers contre les chenilles et insectes trop gourmands. Par ailleurs, nourrir la terre plutôt que les végétaux du potager est l’une des lois cardinales du “bio”. Qui vise ainsi à rendre le végétal plus coriace face aux attaques. Prévenir, plutôt que guérir, un grand classique…

Aucune de ces méthodes, ni les dizaines de conseils mentionnés dans les sources spécialisées, n’est radicale ni gage de succès immédiat. Combinées, elles peuvent néanmoins s’avérer efficaces si elles sont mises en œuvre au bon moment, selon la bonne posologie et dans de bonnes conditions météo. Les clefs d’accès à ce monde alternatif sont la patience et l’observation. Tout un programme, qui change le regard sur la nature et jusqu’au rapport au temps qui passe…

>> A lire: Cinquante façons d’assassiner les limaces. Recettes pratiques et rigolotes pour trucider ou entourlouper l’ennemi “number ouane” de votre jardin • Sarah Ford • Ed. Larousse • 2008 • 95 p.

>> Pour les conseils pratiques (par problème, saison ou type de milieu), consulter www.adalia.be • 04/250.95.82, www.natpro.be • 081/30.36.90 ou www.encyclo-ecolo.com

 

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