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Enseignement (15 mai 2008)

 

Des profs à domicile

pour les jeunes malades

Gravement malades ou accidentés, certains jeunes patients bien qu’ils aient quitté l’hôpital, ne peuvent pas encore retrouver le chemin de l’école. Faut-il alors que l’apprentissage s’arrête pour eux? Que la convalescence à domicile marque une parenthèse dans leur vie d’écolier?  Gros plan sur une initiative associative.

 

 

 

 

 

A la maison,

mais dans un climat de travail scolaire.

Christos a le fémur brisé, à la suite d’une chute. Mais le diagnostic sera en fait plus lourd. Il est atteint d’un cancer. Trois mois d’hospitalisation, puis des allers-retours maison-hôpital, l’amèneront à faire, comme il dit, “l’école buissonnière”, pendant quatre ans.

Mathieu est victime d’un accident de la route. Résultat: une double fracture ouverte. “A partir de ce moment-là, commence un vrai calvaire, plusieurs interventions..., raconte-t-il. Le problème étant que pendant cette période, l’école, elle, ne vous attend pas”.

Il y a aussi le petit Antoine qui souffre de leucémie et durant neuf mois ne peut fréquenter les bancs de l’école. Et Hélène que la maladie a extrêmement affaiblie, qui se sent comme “une petite vieille”. “Avant d’être des malades, nous sommes avant tout des personnes à part entière, rappelle la jeune fille, des jeunes à qui il faut continuer de faire travailler le cerveau, l’esprit: toute la partie de nous qui continue à vivre malgré tout”.

L'année scolaire dernière, c’est au domicile de quelque 177 enfants et jeunes en âge scolaire que les enseignants de l’association “L’Ecole à l’hôpital et à domicile” (EHD) se sont rendus (1). Des jeunes qu’ils ont accompagnés un temps, suivant la gravité de la maladie, parfois juste une poignée d’heures, parfois plus, au fil des mois.

 

Continuer à apprendre

Si au départ l’EHD, se nommait école à l'hôpital tout court et répondait aux sollicitations d'hôpitaux ne disposant pas d’écoles subsidiées en leur sein, l'association s'est rapidement organisée afin d’assurer également un suivi pédagogique à domicile. Aujourd'hui, elle compte d’ailleurs davantage de demandes pour un suivi à domicile. Nombre de raisons à cela: le temps de l'hospitalisation se raccourcit et ramène plus vite les jeunes patients à la maison; un nombre croissant d'hôpitaux bénéficie d’écoles hospitalières; les rémissions se multiplient... Et surtout, le séjour à hôpital est en priorité dédié au traitement, la convalescence laissera plus de place aux préoccupations scolaires.

Lors de leurs visites à domicile, la première préoccupation des enseignants de l’association est pédagogique, bien entendu en s'adaptant à l'état de santé du jeune patient, en considérant sa capacité de travail. “Le but est de poursuivre la scolarité de l'élève, d'éviter le redoublement ou de l'aider dans une matière où il se sent faible”, annonce la charte de l'association. Cependant au travers de l'apprentissage ainsi

Au travers de l'apprentissage ainsi maintenu, c'est tout un avenir qui se ré-ouvre pour le jeune convalescent.

 maintenu, c'est aussi tout un avenir qui se ré-ouvre pour le jeune convalescent. Comme l’expliquent les parents de Martin, “la continuité scolaire est très importante: elle permet à l’enfant de faire travailler ses méninges, d’apprendre, de devoir répondre à des exigences, de réussir des exercices, de se surpasser. Avec comme conséquence une meilleure confiance en soi puisqu’il se sent valorisé par son propre effort, alors que la maladie apporte parfois du découragement et une mauvaise estime de soi.”

 

Sans oublier l’école

Et puis, partant toujours de la matière vue à l’école, au plus proche des enseignants de l’enfant, il s’agit, pour les professeurs de l’EHD, de maintenir un lien avec la classe d’origine de l’élève, d’éviter l’isolement. Car c’est parfois le panier de l’oubli qui attend les enfants lorsqu’ils ne fréquentent plus l’école depuis un certain temps. Inscrits, ils comptent pourtant toujours parmi les élèves (2). Les volontaires de l’EHD entendent relayer momentanément les professeurs de l’école d’origine, travailler selon le programme et les critères fixés par ceux-ci; ils s’attachent à respecter et à suivre les directives des professeurs des différentes branches.

 

Des professeurs particuliers

Mais qui sont donc ces enseignants un rien singuliers ? Certains sont retraités, d’autres toujours actifs. Tous sont bénévoles et ont choisi de donner de leur temps et de partager leurs compétences. En fonction de leurs spécialités, de leur expérience et du niveau scolaire de l’enfant, ils se rendront au domicile, selon le cadre établi au préalable, à la faveur d’un climat de travail (télévision éteinte, table dégagée…), le temps des leçons...

Ils sont au nombre de 400 francophones environ au sein de l’association, répartis en antennes locales. Le recrutement est de tous les instants, il se doit d’être suffisamment étoffé, tant en termes de variété des matières, que de répartition géographique.

Un solide équilibre psychologique est attendu de la part de ces professeurs confrontés parfois à de lourdes maladies, parfois au décès d’un jeune élève. Et si les formations organisées par l’association ne sont pas passages obligés, elles se veulent espaces d’informations, de paroles et d’échanges pour les accompagner face à ces situations délicates.

Roseline est professeure de mathématiques. Elle a arrêté de donner cours à la naissance de son quatrième enfant. Se rendre utile, elle y pensait depuis longtemps et tant qu’à faire dans son créneau professionnel. Elle a suivi sa belle-sœur, professeur de français, dans son engagement à l’EHD. Aujourd’hui, en fonction des demandes proches de chez elle, elle donne deux à trois heures de cours par semaine, une cadence qui lui convient, soucieuse de rester disponible et motivée, de garder le cœur à endosser ce travail bénévole. En général, ces cours individuels permettent à l’élève de progresser plus vite qu’en classe. Une fois son intervention terminée, elle voit comme une reconnaissance d’avoir des nouvelles, de savoir comment s’est passé le retour en classe.

Marie a enseigné les sciences. Pensionnée, elle s’investit depuis sept ans comme professeure bénévole auprès des jeunes malades. Interpellée par le fait que la maladie peut exclure de l’école, rendre un enfant inexistant pour l’institution scolaire, elle tente toujours de contacter en direct le professeur d’origine de son élève ‘ad interim’. Mais, il n’est pas toujours évident pour celui-ci de trouver un moment afin de rassembler les devoirs, de transmettre les cours… Elle le comprend bien.

Outre ces cours à domicile, elle se rend également à l’hôpital St Anne-St Remi à Bruxelles. Elle y rencontre, avec sa casquette d’enseignante, des jeunes de tous âges. “Chaque enfant est une rencontre. Et c’est prodigieux”, raconte-t-elle, tout en évoquant les difficultés à ses débuts avec les plus petits, elle habituée aux ados et fascinée par la créativité des instits. Quoi qu’il en soit, en groupe à l’hôpital, seul dans une chambre ou à la maison, l’enseignante voit son rôle comme celui de “garder vivant le goût d’apprendre” et celui de créer une relation autre que thérapeutique, autre que celle liée à l’angoisse de la maladie. “J’y trouve également  beaucoup, ajoute-t-elle, je reçois énormément.”

 

La santé psychologique aussi

Parmi les raisons de santé qui amènent à solliciter la venue d’enseignants à domicile, il y a les troubles psychologiques: dépression, angoisse, phobie scolaire. Approximativement 10% des élèves accompagnés par l’EHD à domicile souffrent de ce type de pathologies. “Dans les cas de phobie scolaire, ‘l’école à l’hôpital et à domicile’ n’est pas LA solution au problème, mais elle fait partie de la solution”, explique Brigitte Beauthier, psychologue et membre du conseil d’administration de EHD. La prise en charge ne se fera d’ailleurs qu’en accord et en collaboration avec un thérapeute. Le jeune sera couvert par un certificat médical. La prudence est de mise. Pas question pour les enseignants à domicile d’entériner un décrochage scolaire. Comme le précise Brigitte Beauthier: “Pour empêcher le repli dans le cocon familial et éviter que ne se développe l’agora-phobie, l’angoisse de prendre les transports en commun… nous organisons dans la mesure du possible les cours dans les bureaux de l’asbl ou dans tout autre lieu neutre. Notre objectif est que le jeune puisse dans les plus brefs délais reprendre le chemin de l’école”.

“Une dernière chose, écrivent les parents de Martin, si l’EHD existe pour les enfants, elle représente un énorme soutien aux parents. Nous n’étions pas trop disponibles pour assurer la scolarité de notre fils. Il a suffi de faire confiance en sachant que nous ne devions nous occuper de rien; le travail serait bien fait.” Et ce fut le cas.

Catherine Daloze

 

Plus d’infos:
EHD, rue de la Cambre, 77 à 1150 Bruxelles - 02/770.71.17 - info@ehd.be - www.ehd.be 

Pas de permanence durant les congés scolaires.

 

(1) En région francophone: Arlon, Bastogne, Bruxelles, Brabant wallon Est, Brabant wallon Ouest, Charleroi, Enghien-Ath-Soignies, Mons, Namur, Tournai. Une antenne est en projet du côté de Huy.

En région néerlandophone: Brussel, Vlaams Brabant, Limburg et en collaboration avec deux asbl devenues autonomes à Antwerpen et Gent.

(2) Au nord du pays, un décret prévoit la prise en charge obligatoire par l’école du jeune malade après trois semaines d’absence. Et ce, à raison de quatre heures par semaine.

 

 

Particularité liégeoise

Le suivi à domicile d’un élève convalescent est prévu par décret au sein de la Communauté française. Il devrait être pris en charge, par l’école d’enseignement spécialisé la plus proche du domicile de l’enfant. Mais dans les faits, de par la complexité de son organisation, le système est difficilement applicable. Raison du recours à l’associatif.

Liège, cependant, accueille une initiative singulière en la matière : l'Ecole communale Léopold Mottet. Implanté dans sept hôpitaux de la région, l’école spécialisée assure le suivi de l’enfant jusqu’au retour dans sa classe d’origine, non seulement à l’hôpital mais aussi à domicile. Certificat médical (de six semaines minimum et renouvelable) à l’appui. La souplesse d’organisation inhérente à ce type d’enseignement est permise par la taille importante de l’école qui peut ainsi mettre en adéquation les demandes fluctuantes de prises en charge avec la disponibilité d’un cadre enseignant fixé chaque année le 1er octobre en fonction du nombre de dossiers agréés par les Commissions consultatives de l’enseignement spécialisé.

L’Ecole Mottet, engagée dans cette voie par l’Inspection depuis 1971, a fait figure de précurseur!

Infos: Ecole fondamentale et secondaire communale Léopold Mottet, place Ste Walburge, 1 à  4000 Liège -  04/227.79.13  efc.mottet@teledisnet.be - www.ecl.be

 


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