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Enseignement (18 septembre 2008)

 

Pour rebondir dans la vie

Septembre, mois de la rentrée! Les petits ont découvert “la grande école”. Les ados ont rejoint les salles de cours et les étudiants leurs auditoires… Mais il ne faudrait pas oublier les adultes, car la formation ne s’arrête pas à l’entrée dans la vie professionnelle!

L’enseignement pour adultes, organisé dans le cadre de l’enseignement de promotion sociale, concerne quelque 172.000 personnes, dont 140.000 au niveau secondaire et 31.000 au niveau supérieur, répartis dans 165 établissements à Bruxelles et en Wallonie.

Les uns ont décroché de la vie professionnelle. Les autres souhaitent changer de profession. Les uns cherchent une spécialisation. Les autres veulent compenser des années d’échec scolaire. Nombreuses sont les raisons pour lesquelles des adultes reprennent un jour le “chemin de l’école” en s’inscrivant dans un des très nombreux centres d’enseignement de promotion sociale. Gérard Bouillot, Secrétaire général de la Fédération de l’enseignement de promotion sociale (FEProSoc), campe la situation en deux chiffres: “38% des étudiants inscrits en promotion sociale sont demandeurs d’emploi, ce qui signifie que 62% des personnes en formation sont en activité professionnelle.” (1)

 

 

Un enseignement pas comme les autres…

Entre ceux qui partent à la conquête d’une “deuxième chance”,  ceux qui cherchent à se perfectionner dans leur métier et les travailleurs à la recherche d’un emploi, on devine que l’enseignement de promotion sociale intéresse un public très varié avec des motivations fort différentes. Par ailleurs, certains souhaitent simplement trouver dans cet enseignement un enrichissement personnel ou mettre leurs connaissances à jour, sans avoir nécessairement un objectif d’emploi au bout de leur formation.

Ce n’est donc pas un enseignement comme les autres. Parce qu’il s’adresse à des adultes qui ont une expérience de la vie, et de la vie professionnelle en particulier, il doit tenir compte des compétences déjà acquises.

Au-delà de la formation professionnelle, c’est aussi une expérience citoyenne. Cette mixité est un atout incontestable. Elle offre un contexte stimulant et structurant qui “tire vers le haut” ceux et celles qui veulent retrouver un emploi.

Des recherches ont ainsi montré, par exemple, l’importance du contexte de formation. Les formations exclusivement réservées aux chômeurs sont stigmatisantes car ils sont sans cesse confrontés à leur image de chômeur dans ce qu’elle a de plus négatif  - “fainéant, apathique et incompétent”. Il n’est pas étonnant dès lors qu’ils connaissent de grandes difficultés à apprendre. Mais là où ils sont considérés comme des adultes parmi d’autres adultes, avec leurs expériences et leurs acquis, ces difficultés induites de l’image négative que certains se font des chômeurs se font moins présentes. (2)

De plus, grâce aux stages en entreprise, tous les étudiants manifestent plus d’intérêt pour leur formation et plus d’estime d’eux-mêmes : les stages permettent de vivre des vraies situations de travail.

L’enseignement de promotion sociale est donc  à la fois un vrai enseignement au sens large et  un “vecteur essentiel de professionnalisation” explique Nicolas Rensonnet, directeur de l’Institut St-Laurent à Liège. L’enseignement de promotion sociale est généralement bien vu des employeurs: “Ceux-ci ne regardent pas seulement les compétences des étudiants, mais aussi les motivations. Et là les “étudiants” en promotion sociale peuvent en remontrer. Etudier tout en exerçant un autre métier et faire face à ses engagements familiaux, cela n’est pas toujours facile à gérer… Par ailleurs, comme il y a beaucoup de stages en entreprises, c’est l’occasion pour l’employeur d’observer les étudiants et il n’est pas rare que le stage se conclut par un engagement… parfois même avant la fin du cycle d’études.”

L’enseignement de promotion sociale travaille d’ailleurs en partenariat avec des services comme le FOREM, avec les CEFA (Centres d’Education et de Formation en Alternance), diverses administrations, des fonds sectoriels, des institutions mais aussi des associations à caractère social, des formations soutenues par les Fonds européens et des entreprises privées. Un directeur cite ainsi la collaboration avec Fortis pour former des gens qui travailleront au guichet: former à la communication, au travail en équipe, à l’usage des outils informatiques, à la connaissance des produits bancaires…

Par sa reconnaissance des acquis de l’expérience, l’enseignement de promotion sociale est à la pointe de la réflexion pédagogique.

Malgré le nombre important d’étudiants qui fréquentent les centres d’enseignement en promotion sociale et les domaines variés de formations proposées, qui vont de la formation de base (alphabétisation) à l’informatique, aux sciences économiques, en langues, aux services sociaux en passant par l’hôtellerie, la psychologie, les métiers de l’industrie et de la construction…, l’enseignement de promotion sociale reste relativement peu connu et semble en être resté pour beaucoup à ce qu’on appelait autrefois les “cours du soir”. Or, l’enseignement de promotion sociale s’en distingue par la diversité des niveaux de compétence reconnus comme équivalents à l’enseignement de plein exercice. On y délivre donc, en plus des titres spécifiques à l’enseignement de promotion sociale, le certificat d’enseignement de base (CEB), le certificat de qualification et le certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS), mais aussi des Bachelors (anciens graduats) et Masters de l’enseignement supérieur de type long. Curieusement, affirme Stéphan Heugens, directeur du Centre d’Enseignement supérieur pour adultes de Charleroi “Ces multiples diversités, véritables richesses, ne contribuent pas ou peu à sa ’reconnaissance’ par les autres acteurs de l’enseignement.”

L’originalité de cet enseignement est de s’adresser exclusivement à des étudiants adultes, qui ont passé l’âge de la scolarité obligatoire et qui ne sont pas inscrits dans des programmes de l’enseignement de plein exercice. Il s’organise dans des horaires le plus souvent compatibles avec une activité professionnelle. Les formations ont lieu le soir et le week-end, mais aussi pendant la journée, grâce à l’octroi d’un congé-éducation payé, ce qui permet de concentrer un plus grand nombre de périodes de cours par semaine.

 

Malheureusement, confronté à des difficultés de financement, les plafonds d’heures auxquelles les travailleurs avaient droit ont été fortement réduits ces dernières années (3). Aussi, le congé-éducation fera l’objet d’une discussion serrée lors de la négociation du prochain accord interprofessionnel. Plus que jamais, dans le contexte actuel, la formation continue des adultes est un enjeu essentiel, qui ne peut séparer formation générale et formations professionnelles. Or, en réduisant les plafonds d’heures on atteint précisément cette diversité qui fait une des spécificités de l’enseignement de promotion sociale.

 

Beaucoup de souplesse

L’enseignement de promotion sociale se distingue aussi par sa souplesse.

Depuis l’année scolaire 1992-1993 la Communauté française a mis en place un régime de type modulaire. Celui-ci est organisé autour de contenus et de compétences à acquérir (régime 1) et  remplace progressivement la filière classique par sections (régime 2) qui doit disparaître au 1er septembre 2009.

Le système modulaire comprend des sections et des unités de formation capitalisables.

Toute unité de formation peut être associée à d’autres en vue d’atteindre un ensemble global de compétences liées à une profession, à une qualification professionnelle ou à un titre d’études. L’ensemble de ces unités de formation associées constitue une section.

Chaque section comporte une “épreuve intégrée”qui vérifie si l’étudiant a acquis la maîtrise des capacités couvertes par chaque unité de formation.

L’efficacité de ce système implique qu’à chaque unité de formation corresponde un “dossier pédagogique”  qui précise les capacités demandées à l’entrée (test), les objectifs d’une formation et ses critères de réussite (les capacités à acquérir). “Ce dossier pédagogique n’est pas une boîte noire. L’étudiant sait ce qu’on attend de lui.” affirme Gérard Bouillot.

 

A la pointe de la réflexion pédagogique

Par sa reconnaissance des acquis de l’expérience (voir encadré ci-dessous), l’enseignement de promotion sociale est à la pointe de la réflexion pédagogique grâce au lien obligé de cet enseignement avec l’activité professionnelle. Par les stages, bien sûr, mais aussi par un cadre enseignant largement ouvert à des experts et des gens de terrain, la qualité d’expert  n’étant pas liée aux diplômes mais à l’expérience professionnelle. “Le projet est bien de travailler en continu pour qu’il y ait rencontre entre l’expérience et  le projet pédagogique.” explique Joseph Pirson, directeur de l’ILFOP (Institut libre de formation permanente) à Namur.

30% des étudiants sortent du secondaire sans certificat, 40% ne vont pas au bout de leurs études supérieures .  Est-ce que cela est acceptable?

Un des grands avantages de la formation en promotion sociale est de pouvoir s’adapter très vite à l’évolution des milieux professionnels. Au point que, il arrive, nous dit Nicolas Rensonnet, directeur de l’Institut St-Laurent à Liège, que nous lancions des formations à la demande des professionnels pour des métiers qui existent encore mais en trop petit nombre pour figurer encore dans les programmes! L’enseignement de promotion sociale affiche donc une belle souplesse: “Soit l’école identifie des besoins, soit la demande vient des entreprises, soit elle résulte d’un va-et-vient entre prof et gens de terrain.”

Il faut ajouter que cette situation particulière de l’“enseignant”  donne l’occasion à ceux qui enseignent, aux chargés de cours, aux experts de terrain l’occasion de prendre un peu de recul par rapport à leur propre vie professionnelle. Ce contact avec des étudiants adultes n’est pas sans retour sur leur vie professionnelle!

Au bout du compte, il y a peu d’échecs parce que les étudiants sont motivés, mais il y a beaucoup d’abandons, explique Stéphane Heugens: “Les étudiants sont souvent confrontés à des situations difficiles. Une épreuve finale peut remettre en question un papa devant ses 4 enfants. C’est plus sérieux qu’une année d’étude en secondaire où l’on ne craint qu’une colère parentale. Ici l’enjeu c’est souvent l’avenir, la sécurité familiale. Si on sent venir l’échec, on préfère ne pas se présenter à l’épreuve finale.” Beaucoup de ces étudiants devraient être davantage soutenus pour construire leur projet afin d’éviter un décrochage à la suite d’un accroc familial ou professionnel… “Mais, dit-il, les moyens humains sont insuffisants. Il ne s’agit pas tant d’une guidance psychologique que de soutenir le plan d’avancement des études de ces étudiants fragilisés. Cela est surtout important dans des cycles de formation longs (plus d’un an). Le gouvernement a promis un complément de personnel d’encadrement au 1er janvier prochain, soit 25 emplois pour 165 écoles…”

 

En manque de diplômés

La formation “tout au long de la vie” est devenue un thème récurrent. L’évolution technologique de nombreux secteurs est de plus en plus rapide. La pratique des métiers ne cesse d’évoluer. En imprimerie, les techniques de mise en page et d’impression sont passées du plomb au montage papier, puis au montage électronique sur le temps d’une vie professionnelle. Aujourd’hui, dans l’industrie verrière, on gère la fabrication à partir d’écrans d’ordinateur alors qu’en début de carrière on transportait des brouettes de sable…

La société change, mais aussi la relation au travail. On n’est plus nécessairement pâtissier ou médecin de père en fils. On n’entre plus nécessairement dans un poste de travail pour toute la vie. On n’entre plus dans la vie professionnelle sans qualification et sans certification.

Gérard Bouillot, Secrétaire général de la Fédération de l’enseignement de promotion sociale (FEProSoc), avance deux chiffres à retenir: “30% des étudiants sortent du secondaire sans certificat. Est-ce que cela est acceptable? Est-il possible aujourd’hui de vivre sans diplôme? Ou sans graduat? 40% des étudiants ne vont pas au bout de leurs études supérieures alors que nous manquons de réserve de diplômes spécialisés. Entretemps, nous devons refuser des inscriptions dans l’enseignement de promotion sociale. Nous ne pouvons pas dépasser un quota d’heures. Nous travaillons dans une enveloppe fermée de 2.500.000 périodes depuis une dizaine d’années alors que la demande a progressé de 35% sur cette même période. Il nous faudrait plus de moyens pour l’enseignement de promotion sociale”. Le Ministre de l’Enseignement de Promotion sociale, de laJeunesse et de la Formation a lancé récemment une campagne d’information et annoncé porter à la discussion budgétaire de novembre prochain la proposition de financer 100.000 périodes supplémentaires, dont coût: six millions d’euros. Affaire à suivre…

Christian Van Rompaey

 

Prendre en compte la Valorisation des acquis de l’expérience

La Valorisation des acquis de l’expérience (VAE) est un processus par lequel l’expérience professionnelle et personnelle acquise en dehors des études peut être reconnue et prise en compte dans un parcours étudiant. Il peut être l’occasion pour un certain nombre d’adultes d’entreprendre des études universitaires de deuxième cycle sans disposer des titres requis.

La VAE constitue depuis peu une nouvelle porte d’entrée à l’Université… mais tarde à s’organiser dans l’enseignement de promotion sociale alors que l’article 8 du décret organisant cet enseignement stipule que “les établissements d’enseignement de promotion sociale sont autorisés à prendre en considération pour l’accès aux études, le cours et la sanction de celles-ci, les capacités acquises dans tout enseignement ou dans d’autres modes de formation y compris l’expérience professionnelle”.

Dans un enseignement destiné aux adultes il est important de reconnaître, et de faire reconnaître, que chacun possède des compétences et que c’est sur celles-ci qu’il faut construire le savoir. A cela s’ajoutent les titres déjà acquis par les étudiants ainsi que les acquis de l’expérience professionnelle.

Or, constate Stéphane Heugens, Directeur du Centre d’Enseignement Supérieur pour Adultes à Charleroi “Il faut bien reconnaître que l’enseignement de promotion sociale ne s’est pas encore, à notre connaissance et à l’exception de sa participation au consortium de validation des compétences [qui met en place un processus de validation], résolument saisi de cette dimension.”  Il s’agit d’un projet social important qui exigera des moyens, du temps et de l’expertise “si l’on veut rester au service des personnes qui aspirent non seulement à se former, mais aussi et très légitimement à être diplômée, notamment au travers de la reconnaissance des compétences qu’elles ont acquises tout au long de leur vie”

 

(1) L’enseignement de promotion sociale est régi par le décret du 16 avril 1991 (Moniteur Belge du 25/06/1991). Il est des compétences des Communautés. Chaque école de promotion sociale dépend de l’un des réseaux d’enseignement: provincial ou communal, Communauté française, libre subventionné indépendant ou réseau libre subventionné catholique.

Plus d’informations : www.enseignement.be et le site du Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique (Segec): http://www.segec.be/Spc/index.htm

(2) Voir les travaux du CERISIS.  David Bourguignon et Georges Liénard ont montré que l’insertion des chômeurs passe par une identité sociale positive tandis que l’intériorisation de stéréotypes négatifs influence négativement  les comportements des chômeurs et peut constituer un handicap individuel.

(3) “Congé-éducation: droits culturels en péril” de Thierry Jacques dans la revue mensuelle du MOC Démocratie (1/11/2006) su www.revue-democratie.be .

 

 


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