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Enseignement (19 septembre 2002)

Éveil à la lecture

 

Des expériences scolaires à copier

Organisation d’une quinzaine du livre à l’école, invitation d’un auteur illustrateur en classe, mise en place de cercles de lecture, … voilà quelques idées parmi d’autres pour partager le goût du livre avec les enfants et les éveiller à la lecture.

“Au départ, une équipe d’enseignants souhaitait valoriser la lecture afin de donner, partager ou rendre le goût du livre aux enfants”, explique d’emblée Liliane Jeannoye, Directrice de l’école libre de Chênée. “Le projet pédagogique a mûri grâce à la motivation de toute l’équipe éducative et la collaboration de plusieurs partenaires comme l’association de parents, la librairie de jeunesse du quartier, des bibliothèques, des auteurs et des éditeurs. Concrètement, pendant 15 jours, au printemps dernier, l’école a vécu au rythme du livre”(1).

“Chaque matin, en entrant dans l’école, un grand livre ouvert présentait la couverture du livre qui allait être raconté par les élèves d’une classe”, raconte avec entrain Stéphane Wilmes, instituteur. “A 11 heures, les enfants de l’année concernée venaient raconter à leur façon le livre annoncé. Les présentations ont été très variées: pièces de théâtre, marionnettes, vidéos, enregistrements sonores, jeux, concours… A la fin de la présentation, les élèves du public exprimaient leurs critiques. Quant aux élèves “acteurs”, ils évaluaient leur prestation et notaient dans le grand livre d’or tout leur ressenti”.

De multiples activités

Durant cette quinzaine du livre, de nombreuses activités ont été organisées selon l’âge des élèves. Ainsi, en 1ère et 2ème maternelles, les tout petits ont exploité le thème des couleurs et enregistré des histoires sur cassette. Et pour présenter leur livre devant les autres, ils ont préparé des costumes et réalisé des marionnettes.

Dans le cycle 5-8, les enfants de troisième primaire ont fait découvrir des livres en entraînant les plus petits à la lecture orale. Les enseignants ont exploité la découverte du vocabulaire par le jeu, proposé des activités mathématiques et de classement liées au récit et invité les enfants à créer leur propre histoire à partir d’une dizaine de mots…. Les enfants se sont également appropriés les livres à travers des ateliers sur le vrai/faux, la chronologie, le rapport entre le texte et l’image, les jeux sur les mots… Ils ont aussi réalisé des marionnettes géantes et organisé un concours de dessins pour toute l’école.

Chez les plus grands (8-12 ans), les dialogues et le style narratif ont davantage été exploités par les classes. Les pièces de théâtre et spectacles d’ombres chinoises créés à partir des livres ont montré toute la richesse de la littérature de jeunesse mais aussi toute la créativité des enfants.

“Ce projet a suscité de l’enthousiasme de tous côtés”, constate avec bonheur Liliane Jeannoye. Et de citer quelques exemples: “Grâce à deux papas de l’école, les élèves ont pu visiter deux imprimeries, l’une artisanale, l’autre industrielle, et les comparer. Nous avons aussi organisé une rencontre avec des libraires qui nous ont présentés leurs coups de cœur. Des visites de bibliothèques ont également eu lieu ainsi que des concours adaptés à chaque cycle avec l’éditeur Bayard Jeunesse. Nous avons aussi instauré un compte d’épargne “livres” pour chaque enfant qui a pu, au bout de plusieurs semaines de thésaurisation, acheter le livre de son choix lors d’une visite de classe en librairie”.

Pour terminer la quinzaine en beauté, l’école a organisé une grande fête du livre. Les élèves ont présenté leurs spectacles et animations devant leurs parents et amis complètement fascinés. Des illustrateurs ont animé des ateliers créatifs, des éditeurs ont exposé leurs ouvrages, des conteuses professionnelles ont raconté des histoires et une bourse aux livres a été tenue par les enfants. Tout cela dans la bonne humeur et la convivialité.

“Ce projet rassembleur a respecté chaque enseignant dans son investissement. Il a permis de partager les richesses de chacun à l’école et de s’ouvrir vers l’extérieur. Les 520 élèves de l’école se sont tous sentis concernés car chacun d’entre eux a été acteur dans ce projet. Nous avons trouvé celui-ci tellement riche que nous comptons le remettre en place dans deux ans”, conclut la directrice.

Des auteurs illustrateurs en classe

“Inviter un auteur en classe, cela se pratique très peu en Belgique en comparaison avec la France “, regrette Dominique Maes, auteur et illustrateur de livres pour enfants. “Il n’existe pas de politique culturelle du livre comme chez nos voisins. Pourtant, faire découvrir aux enfants le plaisir de lire en leur permettant de rencontrer les auteurs, c’est une expérience extraordinaire. Nous, auteurs et illustrateurs de livres de jeunesse, on nous imagine morts. Mais nous sommes vivants et accessibles. Nous nous sommes d’ailleurs regroupés en association dans le but de proposer aux écoles, bibliothèques et crèches d’accueillir un auteur et/ou illustrateur de leur choix et d’organiser une rencontre avec un groupe d’enfants autour de ses livres. Il suffit de contacter l’AILE qui fournira les coordonnées de la personne choisie (2). Chacun a sa façon de présenter ses livres et d’organiser la rencontre. Certains utilisent des jeux, des marionnettes, des instruments de musique. D’autres viennent en toute humilité faire vivre leurs livres en expliquant les petits secrets”.

Jeanne Ashbé, auteure et illustratrice de magnifiques ouvrages pour les tout petits, décrit la manière dont elle conçoit les rencontres qu’elle anime dans les crèches et classes maternelles : “Pour moi, la rencontre n’a de sens que s’il y a un travail en amont et en aval. Inviter un auteur, ce n’est pas organiser un spectacle ou faire venir un animateur du livre. Cela fait partie d’une démarche active, c’est l’aboutissement d’un projet d’observation et d’appropriation des livres de cet auteur par les enfants”, explique Jeanne Ashbé. “Il faut tout d’abord que l’enseignant se sente en phase avec l’auteur. Et qu’il ait envie d’exploiter les livres avec les enfants. Cela peut être des choses toute simples comme travailler les rimes, découper des photocopies de pages et les reconstituer en puzzle, expérimenter le mélange des couleurs, observer les planches du livre et comparer ce qu’on y voit avec son univers à soi, construire un livre en relief avec des petits bouts d’ouate, des boutons, des emballages. On peut aussi demander aux enfants ce qu’ils aiment ou non dans le livre. Un enfant même très petit a cette compétence d’aller chercher dans les livres de quoi s’aider à grandir, à rire, à être plus humain. Il est capable d’émotion littéraire”.

Lors des rencontres, Jeanne Ashbé fait découvrir aux enfants ses planches originales, ses croquis, ses carnets de note. “Les enfants ne se rendent pas compte que derrière le livre, il y a tout un travail, tout une chaîne de fabrication, aussi. Bien souvent, je dessine avec les enfants, je leur montre le mélange des couleurs. C’est parfois le départ d’une histoire que je leur raconte. Je leur explique aussi d’où viennent mes idées. Chaque animation est différente. Mais toutes sont chouettes”.

Des cercles de lecture

Éveiller les enfants dès le plus jeune âge au plaisir de lire est important pour développer par la suite leur goût durable de la lecture. Et les deux expériences que l’on vient de décrire peuvent y participer utilement. Mais bénéficier d’un environnement riche en livres à l’école ne suffit pas à faire des enfants des lecteurs motivés, avertis et compétents en lecture. “Il arrive trop souvent que l’enfant se retrouve tout seul face à des tâches de lecture alors qu’il en maîtrise à peine les rudiments”, constate Annette Lafontaine, chercheuse au service de pédagogie expérimentale de l’Ulg. “Pour peu que l’environnement soit peu stimulant, que le dialogue avec l’adulte se limite à un jeu de questions/réponses visant à vérifier sa compréhension ou que le texte proposé soit peu intéressant, fade ou trop difficile… alors le découragement n’est pas très loin. La valeur attribuée aux livres risque alors d’être trop faible face à l’effort que suppose l’acte de lire. L’image même de soi comme lecteur risque de se dégrader progressivement, tout comme les performances cognitives”.

Pour motiver les élèves à s’engager dans des comportements de lecteurs actifs, curieux, impliqués et critiques, l’équipe du service de pédagogie expérimentale de l’Ulg propose une méthode pédagogique aux antipodes de la lecture silencieuse et des tests individuels de compréhension: les cercles de lecture. Une méthode expérimentée dans plusieurs classes dès la 3ème primaire et qui fait l’objet d’un ouvrage où éléments théoriques et explications méthodologiques alternent pour aider les enseignants à s’approprier ce dispositif (3). “Cette méthode suppose tout d’abord que tous les élèves de la classe lisent le même livre, généralement en plusieurs étapes prédéfinies. A chacune de ses étapes, ils rédigent leurs impressions de lecture et ils en discutent ensuite en petits puis en grands groupes”, explique la chercheuse. Toutes ces activités, y compris la lecture, se déroulent en classe. Bien sûr, il ne s’agit pas de discuter uniquement pour échanger des impressions. Ensemble, les élèves vont s’ouvrir au texte, le comprendre, l’interpréter, réagir, le critiquer. Cet apprentissage collectif se fait sous la direction de l’enseignant qui organise, anime, étaye les propositions des enfants et les aide à fructifier les discussions dans le but de développer chez eux des compétences multiples (compréhension du sens littéral, implicite et inférentiel du texte, sens critique, esprit créatif, respect et écoute des autres…). En misant sur les compétences intuitives de lecture des élèves et en plaçant les discussions avec les pairs et l’enseignant au centre de la méthodologie, les cercles de lecture permettent aux enfants de découvrir la richesse de la lecture et les amènent à prendre du plaisir à lire. C’est en tout cas ce qui ressort des témoignages d’enfants qui ont expérimenté cette méthode dans leur classe…

Joëlle Delvaux

(1) Le projet “Au plaisir de lire” a reçu le prix de l’innovation pédagogique 2002 de l’asbl Promopart créée à l’initiative de la Fédération des instituteurs chrétiens (FIC - CSC).

(2) AILE (Auteurs et Illustrateurs de Livres pour Enfants) - Personnes contacts : Laurence Afano, Tél/fax : 04/223.12.67 - Dominique Maes, Tél: 02/734.55.72. Marie-Aline Bawin, Tél: 04/259.54.72. Le prix des rencontres d’auteurs illustrateurs avoisine les 150 euros la demi journée. Le ministère de la lecture publique en communauté française commence à intervenir financièrement dans les animations en littérature de jeunesse. Renseignements auprès des personnes contacts de l’AILE.

(3) “Les cercles de lecture - Interagir pour développer ensemble des compétences de lecteurs” - Serge Terwagne, Sabine Vanhulle et Annette Lafontaine. Editions De Boeck Duculot. 20,95 EUR Ce dispositif didactique structuré convient au primaire et au début du secondaire.

 

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